Politique

France : fermé pour "séparatisme", un Collège-Lycée de Paris porte plainte et saisit le Défenseur des droits

- Une enquête de Médiapart révélait qu’il n'y avait aucun élément pour appuyer les accusations de séparatisme

Ekip  | 24.10.2022 - Mıse À Jour : 24.10.2022
France : fermé pour "séparatisme", un Collège-Lycée de Paris porte plainte et saisit le Défenseur des droits

France

AA / Paris / Fatih Karakaya

Le Collège-Lycée Méo High School (MHS) de Paris a déposé plainte contre X et a saisi le Défenseur des droits, ce lundi, selon une information recueillie par l’Agence Anadolu.

En effet, cette école avait fait l’objet de deux procédures pénales fondées sur deux contrôles de police réalisés en janvier et en novembre 2020.

« À la suite de ces contrôles, l’école privée avait été fermée officiellement pour des prétendus manquements à des règles de sécurité », explique au correspondant de l'Agence Anadolu, la directrice de cette école, Hanane Loukili.

Au même moment, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, se félicitait de lutter contre le « séparatisme ».

De même, les dirigeants de l’école ont été poursuivis « pour avoir ouvert une école sans autorisation préalable ». Les intéressés avaient contesté les accusations, mais avaient été condamnés une première fois par le Tribunal de Paris.

Ayant fait appel, le 23 septembre dernier, les avocats de la défense avaient défendu le point de vue de l’école et demandaient la relaxe.

-- Un dossier vide

Quelques jours après le procès, le 28 septembre, le média d’investigation Médiapart révélait que « rien dans le dossier ne venait étayer les accusations de séparatisme ».

D’ailleurs, comme l’explique la directrice, le procès du 23 septembre s’appuyait « uniquement sur les normes d’Établissement Recevant du Public (ERP) même si des questions sur la religion des élèves ont été posées ».

« Mais ce qui est choquant, c'est qu’on nous accuse de ne pas respecter les normes ERP alors qu’après notre départ, une autre école (juive) a repris les mêmes locaux sans réaliser des travaux de mise aux normes », s’étonne Hanane Loukili.

De ce fait, elle pense que « la sanction démesurée contre l’école démontre une dimension politique ».

Alors que la décision sera rendue le 28 octobre prochain par la cour d’appel de Paris, un nouvel élément vient appuyer les thèses de l’école.

En effet, selon les dires de la directrice, « les avocats ont découvert dans le dossier contre l’école des annexes qui n’ont pas été répertoriés dans le procès-verbal lors du contrôle ».

En clair, selon Hanane Loukili, les policiers n’ont pas respecté « la demande du parquet qui avait demandé le contrôle des salariés et le respect des normes de sécurité ».

« Par exemple, des agents, non prévus par la demande du parquet, ont ajouté dans les annexes un document où les jeunes filles sont comptées en fonction de leur port du voile ou non », observe la directrice qui ne comprend pas « le rapport avec l’ERP ».

En découvrant de telles annexes déposées contre l’école sans que celle-ci n’en ai connaissance pendant le contrôle et puisse se défendre, permet à l’école de déposer plainte pour « usage de faux en écriture publique ».

« De même, le fait de ficher des élèves parce qu’elles sont musulmanes voilées est une violation manifeste de la loi et nous pensons que la fermeture de l’école est directement liée au fait que nous avions des jeunes filles voilées qui fréquentaient une école républicaine et laïque sans discrimination », conclut Hanane Loukili.

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