France: Emmanuel Macron dévoile son programme
- Dans un sondage publié, jeudi, Emmanuel Macron était crédité de 24% des intentions de vote au premier tour, à un point seulement derrière Marine Le Pen.

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AA/ Paris/ Souhir Bousbih
Souvent raillé par ses adversaires pour le flou entourant son programme, le candidat du mouvement « En Marche » à l’élection présidentielle française du 23 avril prochain, Emmanuel Macron, a mis fin au suspense, ce jeudi matin.
Dans un entretien accordé au journal « Le Parisien », il a détaillé les mesures phares de son programme. Plus tard dans la matinée, il en a présenté les six axes majeurs, lors d’une conférence de presse.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le candidat a évoqué en préambule de son discours le contexte « grave et important » dans lequel se trouve la France, taclant ses adversaires François Fillon et Marine Le Pen, sans les citer.
Ces « deux candidats ont décidé délibérément de s’attaquer à l’Etat de droit », a-t-il affirmé, évoquant les accusations formulées par les deux candidats à l’encontre des magistrats, ces derniers jours. « Remettre en cause la légitimité de l’autorité judiciaire, c’est affaiblir l’autorité de l’Etat», a-t-il ajouté.
Son programme « cohérent et efficace » et susceptible d’introduire « une transformation radicale », Emmanuel Macron affirme l’avoir construit « sur le terrain, sur le reflet de ce qui est remonté à la base », à travers des milliers de questionnaires remplis et après la consultation « d’une centaine d’experts ».
* « Libérer la société de ses carcans »
Le premier chantier sur lequel il souhaite s’atteler est celui de l’éducation et de la culture, « car c’est par l’école qu’on construit un vrai projet d’émancipation ».
Comment ? Macron, sereinement : « En donnant davantage d’autonomie aux établissements ».
Dans les colonnes du Parisien, il précise vouloir laisser aux maires la liberté de revenir sur la réforme des rythmes scolaires. Il veut ainsi rompre avec une mesure phare du mandat de François Hollande, et concentrer ses efforts sur l’école primaire.
Deuxième chantier : le travail, avec la décriée mesure de l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% de la population, qualifiée « d’injuste sur le plan social et territorial » par le candidat.
L’Allègement des charges et des cotisations pour les heures supplémentaires, la simplification du droit et la réforme de l’assurance chômage se trouvent aussi au cœur de son programme.
Macron veut, par ailleurs, moderniser l’économie, afin de « libérer la société de ses carcans ». Outre les investissements dans le numérique, dans la transition écologique et dans « des emplois francs » pour les jeunes dans les quartiers populaires, il s’emploiera à refonder le système des retraites.
Il compte, en effet, le remplacer par un système « universel », en vue de mettre fin aux inégalités entre les fonctionnaires du privé et ceux du public.
« Un euro versé pour cotisation ouvrira droit aux mêmes droits quel que soit votre catégorie », a-t-il affirmé.
*« Restaurer partout l’autorité de l’Etat »
Volet sécuritaire, le candidat a évoqué la lutte contre « les clans terroristes », la reconstruction du renseignement et l’embauche de 10 mille policiers et gendarmes. Il a aussi parlé de la création d’ « une police de sécurité quotidienne, avec d’autres techniques d’intervention dans les quartiers ».
Macron s’est, par ailleurs, déclaré contre la « politique du récépissé », voulue par des associations pour lutter contre les contrôles d’identité au faciès.
Le cinquième chantier, celui du « renouveau démocratique », était très attendu. En effet, son allié François Bayrou avait conditionné son soutien au candidat d'« En Marche » à la condition d’une loi sur la moralisation de la vie politique. Il aurait été entendu. Macron a, à ce propos, annoncé vouloir inscrire dans la loi l’interdiction du recrutement d’un membre de sa famille et/ou de son entourage, allusion à peine masquée à François Fillon.
« Je veux interdire les conflits d’intérêt qui trop souvent existent», en prohibant toute fonction de conseil pour les parlementaires », a-t-il expliqué.
Il a également annoncé sa volonté de soumettre ses ministres à des auditions par des commissions parlementaires, pour les confronter à « la responsabilité de leur portefeuille ».
Évoquant le chapitre « Europe et International », il a annoncé vouloir relancer le couple franco-allemand, « cœur du réacteur européen », sans donner des « leçons de morale » de « grande brutalité ».
Sans trop s’attarder sur sa politique africaine, Il a indiqué vouloir revoir la stratégie adoptée au sujet du continent, « celui de tous les risques et de toutes les opportunités », a-t-il commenté, en donnant une « nouvelle impulsion à la politique culturelle et économique ».
Dans un sondage publié, jeudi, Emmanuel Macron était crédité de 24% des intentions de vote au premier tour, à un point seulement derrière Marine Le Pen.
François Fillon est arrivé en troisième position (21%), suivi de Benoît Hamon (16%) et de Jean-Luc Mélenchon (11%).