France : des dockers du port de Fos-sur-mer refusent de charger une cargaison de matériel militaire destiné à Israël
- 19 palettes contenant 14 tonnes de matériel militaire devait être affrétées vers le port d’Haïfa au profit d’Israël Military Industry (IMI), filiale du groupe Elbit Systems, principal fournisseur de l’armée israélienne

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA / Nice / Feïza Ben Mohamed
Le Syndicat Général CGT des Ouvriers Dockers et des Personnels Portuaires du Golfe de Fos (sud de la France) a annoncé ce mercredi qu’il refusait de charger une cargaison militaire destinée à Israël, produite par l’entreprise française Eurolink, dont le départ était prévu ce jeudi depuis le port de Marseille-Fos.
Cette action fait suite aux révélations du média d’investigation "Disclose", qui a mis au jour l’existence d’une livraison de 19 palettes de 14 tonnes de maillons pour munitions, possiblement destinés à équiper des fusils mitrailleurs de l’armée israélienne.
Alerté « par plusieurs réseaux », le syndicat a identifié le conteneur concerné et pris la décision de le mettre à l’écart.
« Les dockers ne le chargeront pas sur le bateau à destination d’Haïfa », assure-t-il dans un communiqué diffusé ce mercredi.
Les syndicalistes dénoncent la complicité de la France dans l’alimentation de l’arsenal militaire israélien.
« Ces maillons d’Eurolink sont des pièces détachées pour fusils mitrailleurs servant à l’armée israélienne pour continuer le massacre de la population palestinienne », écrit le syndicat.
Et d’ajouter avec fermeté : « Nous le répétons encore et encore : les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien. »
Le syndicat dit avoir également alerté ses employeurs et les autorités compétentes. Il appelle à ce que le port de Marseille-Fos « ne serve pas à alimenter l’armée israélienne » et réaffirme son engagement en faveur de la paix.
« Nous sommes pour la paix entre les peuples. Nous sommes opposés à toutes les guerres. Nous déplorons tous ces conflits armés qui engendrent la mort, la misère, l’exode de populations » est-il martelé.
Dans un appel plus large, la CGT des dockers de Fos assure se mobiliser « pour la paix, pour l’arrêt des guerres dans le monde, pour une société débarrassée de l’exploitation capitaliste. »
Pour rappel, le média d’investigation "Disclose", révélait ce mercredi, l’existence de la dite cargaison, dont le départ, depuis Fos-sur-mer, était prévu jeudi soir à destination du port d’Haïfa.
Un cargo de la compagnie israélienne Zim, le Contship Era, devait y embarquer 19 palettes contenant 14 tonnes de pièces métalliques destinées à assembler des cartouches pour fusils mitrailleurs.
Ces composants, appelés “maillons”, sont fabriqués à Marseille par la société française Eurolinks et commandés par Israel Military Industries (IMI), filiale du groupe Elbit Systems, principal fournisseur de l’armée israélienne.
Il s’agit de la troisième livraison de ce type depuis le début de l’année 2025, malgré les appels répétés des experts de l’ONU à suspendre les exportations d’armes vers Israël en raison des risques d’usage contre des civils dans la bande de Gaza.
Les précédentes expéditions ont eu lieu les 3 avril et 22 mai derniers, avec des cargaisons similaires. Selon "Disclose", les maillons livrés sont compatibles avec des mitrailleuses de type Negev 5, utilisées par l’armée israélienne, notamment lors du “massacre de la farine” le 29 février 2024, où plus d’une centaine de civils palestiniens ont été tués à proximité d’un convoi d’aide humanitaire.
Interrogé sur de précédentes livraisons, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait déclaré que les licences d’exportation accordées à Eurolinks ne permettent qu’une réexportation des composants vers des clients étrangers et que l’armée israélienne n’est pas autorisée à les utiliser.
Cependant, selon "Disclose", aucun mécanisme de contrôle n’a été mis en place pour vérifier la destination finale de ces pièces.
Ces nouvelles révélations relancent le débat sur la transparence des exportations d’armes françaises et sur la responsabilité de la France dans les conflits armés où ces armes pourraient être utilisées.
En octobre 2024, le président Emmanuel Macron s’était attiré la colère de Benyamin Netanyahu en affirmant qu’il faut cesser « de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».
« Je pense que ceux qui (les) fournissent ne peuvent pas chaque jour appeler à nos côtés au cessez-le-feu et continuer de les approvisionner » avait plaidé Emmanuel Macron depuis le sommet de la francophonie.
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