
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Bobigny, en banlieue parisienne, pour dénoncer le Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, l’un des plus importants rendez-vous de l’industrie de l’armement mondiale.
Par voie de communiqué, le collectif Stop Arming Israel France avait appelé à une mobilisation du 20 au 22 juin « contre l’économie de guerre, le business de la mort et la participation d’Israël » au salon. À l’initiative de la manifestation de samedi, il dénonçait une « vitrine de la guerre et du contrôle » orchestrée par la France, désormais deuxième exportatrice mondiale d’armes.
Les manifestants, rassemblés dès 13 heures devant la Bourse du travail de Bobigny, ont défilé en direction du parc des expositions du Bourget, sous une importante surveillance policière. Ils ont brandi pancartes, drapeaux pacifistes et slogans dénonçant le militarisme, l’impérialisme et la complicité de nombreuses entreprises présentes au salon avec des « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ».
Une intervention policière a eu lieu plus tôt à la Bourse du travail de Bobigny, en amont de la manifestation.
Le communiqué du collectif accuse notamment Safran, Thales, Airbus ou encore Dassault de contribuer à des actions militaires au Proche-Orient, en Ukraine, au Yémen ou en Afrique. Il dénonce aussi la présence d’entreprises israéliennes comme Elbit Systems et la coopération avec Frontex pour la surveillance des frontières, qualifiée de « militarisation des politiques migratoires ».
Pour rappel, depuis lundi matin, quatre pavillons israéliens – Rafael, Elbit Systems, Israel Aerospace Industries (IAI) et UVision – sont cachés derrière de hautes bâches noires, suite à une décision du Gouvernement français de bloquer l’accès à leurs stands. Les autorités françaises estiment que les entreprises ont présenté des armes offensives "en violation du cadre convenu" avec les organisateurs.
Face au refus des industriels de retirer les équipements concernés, les stands ont été barricadés dans la nuit de dimanche à lundi. Mardi, des techniciens ont été observés renforçant les dispositifs de blocage, aucun compromis n’ayant été trouvé entre les sociétés et les organisateurs.
Les organisateurs ont également souligné l’impact écologique et social de l’industrie de l’armement, accusée de nourrir l’« écocide », de détourner les budgets publics et de renforcer le contrôle social. « Il est urgent de faire front contre la guerre et le militarisme qui englobent l’ensemble de nos luttes », ont-ils insisté dans leur texte.
La mobilisation, qui se poursuit ce dimanche avec un « village anti-guerre » à Bobigny, s’inscrit dans une tradition anti-militariste plus large, que ses initiateurs veulent réactualiser face à une situation internationale marquée par la montée des tensions géopolitiques et la répression des peuples.
Ce mouvement intervient dans un contexte global où la guerre est présentée comme levier économique, tandis que ses conséquences – déplacements de population, militarisation des sociétés, précarisation sociale – sont de plus en plus dénoncées par une partie de la société civile.
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".