France – Affaire Péchier : première admission d’une “erreur”
- Jugé pour trente empoisonnements présumés, Frédéric Péchier a reconnu pour la première fois une “erreur” dans la réanimation d’une patiente en 2015, tout en niant les faits. Le procès se poursuit jusqu’en décembre
Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
L’ancien anesthésiste de Besançon, Frédéric Péchier, jugé depuis le 8 septembre 2025 pour trente empoisonnements présumés dont douze mortels, a reconnu pour la première fois une “erreur” dans la réanimation d’une patiente, selon une information rapportée lundi par les médias locaux citant le contenu des débats devant la cour d’assises du Doubs.
Interrogé sur le cas de Sylviane Baugey, décédée en 2015, l’accusé a admis avoir injecté des doses “trop importantes” d’adrénaline lors d’un arrêt cardiaque, réduisant selon les experts la probabilité de réanimation. Le professeur Pili-Floury, du CHU de Besançon, avait qualifié ces doses de “délirantes”, estimant qu’elles avaient contrarié l’effet des intra-lipides administrés pour traiter l’intoxication suspectée aux anesthésiques locaux.
Frédéric Péchier, qui avait toujours écarté l’idée d’une faute dans cette intervention, a indiqué avoir agi “dans l’urgence”, en décrivant une “réanimation massive” mise en place dans un contexte où il dit avoir “hésité sur le diagnostic”. L’arrêt cardiaque avait duré plus de 50 minutes avant le transfert de la patiente au CHU, où elle était décédée deux jours plus tard.
Le médecin de 48 ans est renvoyé devant les assises pour une série d’incidents opératoires survenus entre 2008 et 2017 à la clinique Saint-Vincent et à la polyclinique de Franche-Comté. Les enquêteurs ont examiné 77 événements indésirables graves avant de retenir 30 cas jugés suffisamment constitués pour des faits d’empoisonnement. Selon l’accusation, Péchier est le seul praticien présent dans toutes les situations où des anomalies ont été constatées.
L’information judiciaire, ouverte il y a plus de sept ans, a mobilisé trois collèges d’experts (anesthésistes, légistes, cardiologues et toxicologues) et produit 27.000 pages de procédure. Plusieurs corps ont été exhumés pour analyses toxicologiques, et des poches de perfusion récupérées en 2017 présentaient une concentration en potassium cent fois supérieure à la normale, un élément déterminant dans l’ouverture d’une enquête élargie.
L’accusé, mis en examen une première fois en 2017 pour sept empoisonnements, puis à nouveau en 2019 pour dix-sept cas supplémentaires, a toujours contesté les faits. Il affirme être victime d’une “collusion” et d’une enquête orientée “uniquement” vers sa personne. Sa défense estime que d’autres pistes n’ont pas été explorées, notamment concernant la présence d’autres médecins appelés dans certains blocs opératoires.
Pendant son interrogatoire, Péchier a parfois eu des échanges vifs avec la présidente et les avocats généraux, contestant des tableaux d’analyse, demandant à la cour de “reprendre le dossier” et rappelant qu’il avait été appelé “systématiquement” en renfort lors des incidents. L’accusation relève au contraire des incohérences, notamment sur les appels internes, qu’aucun témoin ne confirme.
Le procès, prévu jusqu’au 19 décembre, mobilise 156 parties civiles, 56 avocats, 131 témoins et 15 experts.
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