
Sudan
AA / Antalya, Türkiye / Ahmed Satti et Seda Sevencan
Des représentants du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont discuté, samedi, des défis régionaux, notamment du terrorisme, de l'instabilité politique et des liens tendus avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Le panel « Sahel : l'avenir de l'intégration régionale » s'est tenu dans le cadre du forum diplomatique d'Antalya, avec la participation d'Abdoulaye Diop, ministre malien des affaires étrangères et de la coopération internationale, de Bakary Yaou Sangare, ministre nigérien des affaires étrangères et de la coopération et des Nigériens de l'étranger, et de Karamoko Jean Marie Traore, ministre burkinabé des affaires étrangères et de la coopération régionale, et des Burkinabés de l'étranger.
** Prendre de la distance par rapport aux puissances occidentales
Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, a déclaré que l'Alliance des États du Sahel (AES) fait face à une crise existentielle, à savoir la lutte contre le terrorisme et la menace des coups d'État militaires.
Il a souligné que l'AES ne se concentre pas uniquement sur les questions militaires, mais vise également à créer des opportunités pour les jeunes afin de prévenir la migration irrégulière et la vulnérabilité face au terrorisme.
Diop a néanmoins critiqué les embargos décrétés par certains pays occidentaux, déclarant : « On a besoin d'équipements militaires. Et on se rend compte qu'au cours de ces dernières années, certaines puissances occidentales ont pratiquement mis des embargos de fait sur nos pays qui ne peuvent pas accéder à ces équipements pour assurer notre défense. »
« C'est pourquoi nous avons dû nous tourner vers la Türkiye, vers la Chine, vers la Russie, qui nous permettent d'acquérir ces équipements, pas gratuitement. Nous les achetons, même s'il y a souvent certaines facilité, » a-t-il expliqué.
Diop a également critiqué l'inaction de l'ONU au Mali. Rétorquant à une question sur les bilans établis par les Nations Unies sur les victimes du terrorisme dans la région, il a déclaré : « Qu’est-ce que les Nations Unies ont fait pendant dix ans dans nos pays pour pouvoir lutter contre le terrorisme ? Zéro ! Les gens se sont battus. Beaucoup sont morts. Mais c'était une opération qui était inadaptée. Le rôle des Nations unies ce n'est pas de sortir des rapports, de compter des morts, mais c'est de sauver des vies ».
Et d’ajouter : « Pourtant, on avait des forces des Nations unies qui étaient dans nos pays, qui étaient dans les villages, qui regardaient les terroristes passer et aller tuer des gens en disant que leur mandat n'était pas de lutter contre les terroristes. C'est du point de vue de la posture même de ces organisations qui pensent qu'elles sont là comme des corbillards à compter les morts et à ne rien faire. »
** Relations tendues avec la CEDEAO
Bakary Yaou Sangaré, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens de l’extérieur du Niger, a accusé la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) de s'éloigner de ses principes fondateurs, affirmant qu'elle se concentre sur des questions sans lien avec le bien-être des États membres. « C'est pourquoi nous avons décidé de partir », a-t-il déclaré.
Il a également affirmé que les retraits des militaires étrangers, notamment des forces françaises, avaient perturbé les canaux de financement des groupes terroristes.
« Depuis que nos trois pays ont fait partir les forces étrangères, la situation s'est nettement améliorée. Elle s'est nettement améliorée parce que nos forces de défense et de sécurité ont retrouvé la plénitude de l'initiative de leurs actions. Avant, quand il y avait une attaque pour que l'armée nigérienne ou malienne ou burkinabé ripostent, il fallait attendre l'ordre du commandement français ou de je ne sais quelle autre force étrangère », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : « Le fait de les faire partir n'est pas seulement ça. Cela a permis aussi de couper la source de financement aux terroristes. Qui finance ces terroristes ? Ce sont ces mêmes pays qui prétendaient nous aider. Ce sont ces pays-là qui finançaient les terroristes. (…) Le fait de les faire partir a coupé aux terroristes non seulement les sources d'approvisionnement, mais aussi les sources de financement ».
Sangare a également souligné le rôle crucial de la Türkiye en tant que ferme soutien dans la lutte contre le terrorisme, ajoutant : « Nous disons à la Türkiye, ce qu'elle a fait pour nous du point de vue bilatéral, il est là ! Chacun de nos pays a son bilan de coopération. Dans tous les cas, on a vu comment la coopération turque s'est développée ces dernières années, et comment la Türkiye est en train de prendre de l'épaisseur dans sa coopération avec l'Afrique, avec les États du Sahel. Nous avons de la prospérité », a-t-il affirmé.
Et de poursuivre : « Nous ne sommes pas dans la posture où c'est toujours la Türkiye qui doit faire quelque chose pour nous. Nous disons aussi à la Türkiye que nous avons quelque chose à offrir. Nous avons de la prospérité et qu'elle vienne pour qu'on partage cette prospérité. »
** Le Burkina Faso souligne les signes de reprise
Karamoko Jean Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabés de l’extérieur du Burkina Faso, a déclaré que son pays, qui était occupé à 50 % par des groupes terroristes en 2022, a récupéré 71 % de son territoire.
Pour preuve de l'amélioration de la sécurité, il a cité les projets de développement. « Au Burkina Faso, nous avons inauguré plus de cinq usines cette année. Je crois que si la situation était aussi dangereuse que ça, on n'aurait pas vu des investisseurs. Quelque part, je crois que c'est en train de s'améliorer», a-t-il déclaré.
Il a également affirmé que la collaboration entre les trois pays - Burkina Faso, Mali et Niger - avec la Türkiye dépassait le cadre des questions militaires et s'étendait à tous les domaines liés au développement.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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