Erdogan: "Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et ses complices doivent être punis"
- "La France doit savoir qu'elle ne fait pas du bien à l'Arménie", a encore déclaré le président turc, qualifiant la décision française de fournir des véhicules blindés à l'Arménie de "provocation".

Ankara
AA / Ankara / Muhammed Enes Calli
Le Président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que la Türkiye souhaitait que le génocide à Gaza prenne fin rapidement et que ses auteurs soient punis.
Répondant aux questions des journalistes à bord de l'avion qui le ramenait de Grèce, Erdogan a déclaré : "Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et ses complices doivent être punis. Netanyahu et ses complices doivent recevoir une punition qui servira de dissuasion pour tout le monde".
"Netanyahu commet également ce génocide (à Gaza) pour prolonger sa vie politique et éviter d'être jugé", a ajouté le président turc.
"Tout comme (l'ancien président serbe Slobodan) Milosevic a été jugé par la Cour pénale internationale, Netanyahu, ainsi que tous les hommes politiques israéliens et non israéliens agissant de concert avec lui, devraient être poursuivis pour le massacre de Gaza", a-t-il ajouté.
Erdogan a insisté sur l'importance de poursuivre les auteurs de ces actes afin de s'assurer que plus personne ne pense à tuer des civils et à bombarder des hôpitaux.
Il a déclaré : "Les massacres et les génocides ne sont pas des actes de guerre. Les massacres et les génocides qui n'ont pas à répondre de leurs actes se répètent", a-t-il expliqué.
Le président a également applaudi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez : "(Il) s'est vraiment distingué parmi les pays occidentaux. Malgré tous les défis, Sanchez a fait preuve de détermination en faisant un pas en avant dans le plaidoyer pour la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'Union européenne", a-t-il noté.
L'Espagne a fait preuve d'un grand courage en déclarant : "Je proposerai la reconnaissance de la Palestine par l'Union européenne".
- Les relations avec Washington
"Les Etats-Unis devraient faire le nécessaire en matière de ventes de F-16 pour achever le processus de candidature de la Suède à l'OTAN", a déclaré le Président Recep Tayyip Erdogan.
"Si nous sommes deux alliés de l'OTAN, vous devez faire votre part, et simultanément, notre parlement prendra la décision nécessaire", a-t-il expliqué Erdogan, concernant la candidature de la Suède à l'OTAN.
"Vous dites que vous prendrez une décision sur la question des F-16 après qu'elle aura été votée par le Congrès. Il ne m'est pas possible de prendre une telle mesure avant qu'elle ne soit adoptée par mon parlement".
Le président turc a signé le protocole d'adhésion de la Suède à l'OTAN et l'a soumis au parlement le 23 octobre. Le 16 novembre, la commission des affaires étrangères du parlement a reporté l'examen du protocole.
Pour rejoindre l'alliance, que la Suède a sollicitée après l'attaque de l'Ukraine par la Russie, Stockholm doit obtenir l'approbation de tous les membres actuels de l'OTAN, y compris la Türkiye, membre de l'OTAN depuis plus de 70 ans et propriétaire de sa deuxième plus grande armée, après les États-Unis.
La Türkiye fait pression sur les autorités suédoises pour qu'elles prennent des mesures concrètes afin d'apaiser les inquiétudes d'Ankara en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne le soutien à l'organisation terroriste PKK, un groupe dont les attaques contre la Türkiye depuis des décennies ont coûté la vie à quelque 40 000 personnes.
La Türkiye cherche à acheter aux États-Unis le dernier modèle d'avion F-16 Block 70, ainsi que 79 kits de modernisation pour mettre à niveau ses F-16 restants au niveau Block 70.
- Visite du ministre turc des affaires étrangères aux États-Unis
Erdogan a déclaré que le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, ainsi que ses homologues désignés par le sommet extraordinaire conjoint arabo-islamique, se rendront aux États-Unis vendredi pour des discussions sur Gaza.
Le président turc espère que Fidan et les membres du groupe musulman parviendront à mettre fin à la position pro-israélienne des États-Unis sur Gaza.
Il a précisé qu'aucune rencontre n'était prévue avec le président américain Joe Biden, ajoutant : "Sa position sur Gaza est connue de tous. S'il nous appelle, nous discuterons directement avec lui de toutes les questions qui doivent être abordées".
Israël a repris son offensive militaire contre la bande de Gaza le 1er décembre, après la fin d'une pause humanitaire d'une semaine avec le groupe palestinien Hamas.
Au moins 17 177 Palestiniens ont été tués et plus de 46 000 autres blessés dans les attaques aériennes et terrestres incessantes menées contre l'enclave depuis le 7 octobre, à la suite d'une attaque transfrontalière du Hamas.
Le bilan israélien de l'attaque du Hamas s'élève à 1 200 morts, selon les chiffres officiels.
- Situation dans le Caucase et relations avec l'Arménie
Le président turc a par ailleurs critiqué la France pour avoir fourni des véhicules blindés à l'Arménie, pays du Caucase du Sud, qualifiant ce geste de "provocateur".
Et de poursuivre: "Il s'agit d'une provocation. La France devrait savoir qu'elle ne fait pas de bien à l'Arménie, mais qu'elle fait du mal".
"Le gouvernement arménien doit tirer les leçons de ses récentes expériences et ne pas tomber dans le piège de ces provocations. Il serait dans l'intérêt de l'Arménie de saisir l'opportunité de la paix et de ne pas tomber dans le piège tendu par les pays qui induisent l'Arménie en erreur", a-t-il expliqué, faisant référence au conflit de l'automne 2020 entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au sujet du Karabagh. Au cours de ce conflit de 44 jours, l'Azerbaïdjan a récupéré le Karabakh après près de 30 ans d'occupation arménienne.
"Des relations pacifiques avec l'Azerbaïdjan seraient la meilleure option pour l'Arménie. Ceux qui mettent des armes dans leurs mains laisseront l'Arménie seule dans les moments difficiles", a ajouté Erdogan.
- Les relations entre Ankara et Athènes
La Türkiye et la Grèce ont suffisamment de connaissances, d'expérience et de détermination pour résoudre à l'amiable leurs problèmes bilatéraux sans aucune ingérence d'une tierce partie.
Le Président de la République de Türkiye a déclaré que sa visite en Grèce s'était déroulée dans une "atmosphère très positive", ajoutant qu'elle pourrait ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les voisins de la mer Égée.
Et d'affirmer: "Nous essayons de développer notre coopération avec Athènes. Nous pouvons approvisionner la Grèce en énergie à partir de la centrale nucléaire qui sera créée à Sinop".
Tout en rappelant que la Türkiye ne laissera pas ses droits dans la région être confisqués.
"Nous n'intervenons dans les droits légaux de personne, nous sommes fermement déterminés à ne pas laisser nos droits être violés en Méditerranée orientale", a-t-il dit.
Le Chef de l'Etat turc a déclaré avoir dit au Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis : "Nous aurions aimé que la Grèce soit du côté de la Palestine (lors du vote à l'ONU) ; nous aurions aimé que vous ne vous absteniez pas".
* Traduit par Tuncay Çakmak