Türkİye, Politique

Erdogan: "Israël en veut toujours plus"

- Lors d'un discours remarqué à l'ONU, le Président turc a notamment dénoncé la politique expansionniste d'Israël et ses pratiques restées impunies.

Ferdi Türkten, Tuncay Çakmak  | 24.09.2019 - Mıse À Jour : 25.09.2019
Erdogan: "Israël en veut toujours plus" ( Erçin Top - Anadolu Ajansı )

Ankara

AA - New York/ONU

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a fustigé l’inaction de la communauté internationale face aux violations par Israël des résolutions de l’ONU, s’interrogeant notamment sur l’objectif final de "l’Accord du siècle : est-il de faire disparaitre totalement les acquis actuels de l'Etat et du peuple palestiniens ?".

Le Chef de l’Etat turc a prononcé, mardi, un virulent discours devant la 74ème Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) à New York.

Recep Tayyip Erdogan a centré son allocution autour de la notion de Justice.

Il a mis l’accent sur les trop nombreuses injustices, politiques, géographiques, économiques et éducationnelles à travers le monde.

"Il n'est pas acceptable qu'une partie du monde vive dans l'opulence et le luxe, et une autre dans la pauvreté, la misère et l'ignorance", a-t-il d’abord lancé.

De la même manière, la sécurité des peuples est un autre point sur lequel le Président Erdogan a voulu soutenir son message.

"Si l'un d'entre nous n'est pas en sécurité, alors nous ne pouvons tourner le dos à cette réalité qu'aucun d'entre nous ne sera en sécurité", a-t-il assuré. Il a appuyé ce point de vue en donnant l’exemple de l’accès à la puissance nucléaire, dénonçant les inégalités sur ce sujet puisque certains pays possèdent cette force alors que d’autres ne peuvent u accéder.

"La puissance nucléaire doit être autorisée pour tous ou interdite pour tous. Elle ne doit pas à chaque occasion être un moyen de menacer un autre pays", a-t-il estimé.

Selon le Président turc, ces injustices sont notamment dues au système mondial actuel.

Il a rappelé son opposition au modèle actuel de fonctionnement de l’ONU, en particulier celui du Conseil de Sécurité.

"Je le répète une nouvelle fois, le Monde est plus grand que cinq. Il est temps de changer notre mentalité, nos institutions et nos règles", a-t-il soutenu. Et d’ajouter : "Nous devons immédiatement mener des réformes profondes pour donner au Conseil de Sécurité une forme basée sur la justice".

- La situation en Syrie :

Erdogan s’est ensuite exprimé sur la situation en Syrie et la crise humanitaire qui en découle.

Pour le Chef de l’Etat turc, le conflit syrien est un autre exemple d’injustice dans le monde.

"La Syrie est devenue le symbole de l'injustice mondiale", a-t-il lancé. "La crise qui a débuté en 2011 continue d’être alimentée par le régime, les groupes terroristes et ceux qui les encouragent", a-t-il soutenu, rappelant que près d’un million de personnes sont mortes dans ce conflit et que 12 millions ont été déplacées.

Le leader turc a également mis en avant l’engagement de la Turquie contre les groupes terroristes en Syrie, notamment contre Daech et le YPG/PKK.

Il a rappelé que la Turquie est sûrement le pays qui a le plus été touché par le terrorisme de Daech.

"La Turquie a été le pays qui a infligé à l'organisation terroriste Daech ses plus grosses pertes", a-t-il indiqué, citant les Opérations Bouclier de l’Euphrate et Rameau d’Olivier menées par l’Armée turque dans le nord de la Syrie.

"L'organisation terroriste YPG/PKK doit disparaitre du Nord-est de la Syrie", a ensuite déclaré Erdogan.

Il a mentionné les travaux entrepris par la Turquie pour l’instauration d’une zone de sécurité dans le nord de la Syrie. Des travaux conjoints sont actuellement menés dans cet objectif avec les Etats-Unis.

Pour Erdogan, la coopération et la solidarité internationales sont indispensables pour une résolution du conflit syrien.

"Nous ne pourrons de solution durable à la question syrienne sans adopter une approche égale contre tous les groupes terroristes", a-t-il affirmé, critiquant indirectement le soutien de Washington aux terroristes du YPG/PKK.

"Main dans la main avec les Etats-Unis, les forces de la coalition, la Russie et l'Iran, nous pouvons sortir les réfugiés des tentes, containers et les installer dans la zone sécurisée", a-t-il soutenu.

"Le Comité constitutionnel, que nous considérons comme critique pour l'unité politique et l'intégrité territoriale de la Syrie, doit fonctionner de manière active et productive", a-t-il encore ajouté.

- La question du retour des réfugiés et le risque d’une nouvelle crise humanitaire d’envergure :

Pour le Président turc, l’instauration d’une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, peut offrir une opportunité inestimable pour permettre le retour volontaire des réfugiés dans leur pays.

"Si nous étendons cette zone (sécurisée) jusqu'à Raqqa et Deir ez-Zor, nous pourrons augmenter à 3 millions le nombre de Syriens qui y retourneront depuis notre pays, l'Europe et depuis le reste du monde", a-t-il estimé.

Cependant, la poursuite des attaques du régime syrien et de ses alliés contre la zone de désescalade d’Idleb constitue le risque d’une nouvelle vague de millions de réfugiés venant de cette zone.

"La Turquie n'a pas les moyens d'affronter une nouvelle vague de réfugiés", a répété le Président Erdogan, invitant notamment les pays européens à prendre plus de responsabilités sur ce sujet s’ils ne veulent pas faire face à une telle crise humanitaire qui les concernera directement aussi.

"Au cours des 8 premiers mois de l'année, nous avons sauvé 32 mille migrants irréguliers de la noyade en mer", a-t-il expliqué, avant de rappeler la noyade dramatique du bébé Aylan, retrouvé sur une plage turque.

"Le Monde a trop vite oublié le drame du petit Aylan. N'oubliez pas que ce drame peut un jour aussi vous arriver", a-t-il regretté.

"J'invite le monde entier à prendre des initiatives pour mettre un terme à la crise humanitaire en Syrie et à soutenir nos efforts. Nous pensons qu'une conférence de donateurs peut être organisé, sous l'égide de l'ONU, pour soutenir les retours vers les zones sécurisées."

- La Cause Palestinienne et les exactions israéliennes :

Le Chef de l’Etat turc est ensuite revenu sur la situation au Proche-Orient où les politiques de l’Etat israélien menacent de plus en plus la région.

"La Turquie continuera à être du côté du peuple palestinien opprimé", a-t-il d’abord rappelé, avant de condamner les comportements israéliens.

"Si l'assassinat ignoble d'une innocente Palestinienne par les forces de sécurité israéliennes ne suffit pas pour réveiller les consciences, alors rien d'autre ne peut être dit", a-t-il lancé, rappelant la mort d’une femme Palestinienne tuée il y a quelques jours par des soldats israéliens et dont les images ont provoqué l’indignation de nombreuses personnes dans le monde entier.

Erdogan a fustigé la politique du gouvernement israélien, montrant avec des cartes l’élargissement du territoire israélien aux dépens des Palestiniens : "Israël en veut toujours plus", a-t-il dénoncé.

"Je le demande ici, quelles sont les limites du territoire israélien, qu’étaient-elles en 1947, puis en 1949 et en 1967 ? Que sont-elles aujourd’hui", a-t-il poursuivi.

"Les résolutions de l'ONU et du Conseil de Sécurité sur Israël ne sont pas appliquées. A quoi sert alors l'ONU ? Si les décisions prises ne sont pas efficaces, où la Justice sera-t-elle assurée ?", a-t-il dénoncé, avant de poursuivre : "une solution du conflit israélo-palestinien n'est possible qu'avec la création d'un Etat palestinien selon les frontières de 1967".

Erdogan a aussi fait référence au projet américain pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

"Est-ce que l'objectif de 'l'accord du siècle' est de faire disparaitre totalement les acquis actuels de l'Etat et du peuple palestiniens ?", s’est-il interrogé, remettant en cause le contenu du plan qui reste à être dévoilé.

- L’Iran, Chypre et la Méditerranée Orientale, l’Egypte :

Recep Tayyip Erdogan a aussi abordé les tensions de plus en plus grande entre plusieurs pays du Golfe, les Etats-Unis et l’Iran.

Le Président turc a appelé à plus de retenue et de rationalité sur le sujet.

"Nous espérons que les débats concernant les activités de l'Iran et les menaces visant ce pays soient réglés de manière rationnelle", a-t-il déclaré.

Au sujet de la question chypriote et les recherches d’hydrocarbures en Méditerranée Orientale, source de tensions entre la Turquie, la Grèce et la partie grecque de Chypre, Erdogan a rappelé la détermination d’Ankara.

"La Turquie va continuer à oeuvrer jusqu'à ce qu'une solution garantissant la sécurité et les droits des Turcs de Chypre soient approuvée", a-t-il assuré.

Erdogan n’a pas non plus oublié de faire mention de la mort de Mohammed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement déchu par un coup d’état, et mort pendant son procès.

"La mort dans la souffrance dans un tribunal du Président élu d'Egypte est une blessure qui reste ouverte dans nos cœurs", a-t-il partagé.

- La lutte contre l’Islamophobie :

Le Président turc a également attiré l’attention de la communauté internationale sur la montée du racisme et des discriminations, en particulier contre les Musulmans.

Il a rappelé les nombreuses attaques qui ont ciblé les communautés musulmanes à travers le monde, pointant du doigt la montée de l’Islamophobie dans de nombreux pays occidentaux.

"Je lance un appel à l'ONU pour que le 15 mars, date de l'attaque de Christchurch, soit décrétée comme la Journée de solidarité internationale contre l'Islamophobie", a-t-il appelé.

Enfin, pour conclure, le Président turc a présenté la candidature de l'Ambassadeur Volkan Bozkir pour la présidence de la 75ème Assemblée Générale de l'ONU.

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