Erdogan appelle au boycott des produits français
-"L'hostilité à l'Islam et aux Musulmans, soutenue à des niveaux élevés, est devenue la politique de certains pays européens", a déclaré, lundin le Président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ankara
AA - Ankara (Turquie) / Doha (Qatar) / Gaza (Palestine) / Bagdad (Irak)
Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi ses concitoyens à boycotter les produits français, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre la France et la Turquie.
- Le Président Erdogan appelle au boycott des produits français
"Tout comme on dit "N'achetez pas de produits [dits communautaires] de marque turque" en France, maintenant j'appelle ma Nation d'ici : ne complimentez jamais les marques françaises, ne les achetez pas", a déclaré, lundi, Erdogan lors de la cérémonie marquant le début d'une semaine importante dans la religion musulmane, en l'honneur de la naissance du Prophète Muhammad, caricaturé de façon injurieuse par une partie de la presse française.
Décriant la montée de l'islamophobie en Europe, Erdogan a déclaré que l'hostilité à l'égard de l'islam et des musulmans est devenue une politique d'État dans certains pays européens, une politique qui bénéficie d'un soutien de haut niveau.
"Surtout dans les pays européens, nous constatons que l'hostilité envers l'islam et les musulmans se propage comme la peste, à travers les sociétés. Les lieux d'affaires, les maisons, les lieux de culte et les écoles appartenant à des musulmans sont attaqués par des racistes et des groupes fascistes presque tous les jours", a notamment déploré le président turc faisant étant d'un terrorisme raciste qui se répand dans la société par les médias et les politiciens, mais également du fait de la « tolérance » du système judiciaire et des forces de sécurité.
"Aujourd'hui, il devient de plus en plus impossible d'être musulman et de vivre en tant que musulman en Occident. Alors que des organisations comme [le groupe terroriste] FETO sont protégées au plus haut niveau, des croyants sincères qui n'ont d'autre but que de faire ce que la religion exige sont soumis à « l'aliénation et à l'exclusion » », a déclaré Erdogan.
Le groupe terroriste FETO et son leader basé aux États-Unis, Fetullah Gulen ont orchestré le coup d'État vaincu du 15 juillet 2016, au cours duquel 251 personnes sont devenues martyres et près de 2 200 personnes ont été blessées.
La Justice turque accuse FETO d'être derrière une campagne de longue haleine visant à renverser l'État turc par l'infiltration de ses institutions, en particulier l'armée, la police et la Justice.
La Turquie fustige les pays européens accueillant les membres fugitifs du groupe terroriste FETO et refusant de les extrader pour qu'ils soient traduits en justice.
- "Le Parlement européen ne peut pas garder le silence sur l’islamophobie"
S'adressant à ses homologues étrangers, le Président turc les a exhortés à protéger les musulmans persécutés à travers le monde : "S'il y a persécution en France, protégeons les musulmans ensemble", a notamment déclaré Erdogan, ajoutant que le Parlement européen qui s'exprime sur toutes les questions liées à la Turquie, ferait erreur de garder le silence face à l'islamophobie croissante en Europe.
"Les politiciens européens doivent maintenant mettre fin à la campagne de haine menée par le Président français Emmanuel Macron", a déclaré Erdogan, notant que le racisme et l'islamophobie sont des problèmes de santé mentale.
Évoquant les récentes attaques contre l'Islam et les Musulmans, Erdogan a estimé que celles-ci avaient été initiées avec l'encouragement du Président Macron, qui "devrait se soumettre un examen mental".
"Il n'y a aucun gain que vous puissiez obtenir en considérant les musulmans comme des ennemis", a averti le Président turc, prenant la parole en tant que "président d'un pays avec 6 millions de ses habitants vivant en Europe".
Rappelant les attentats commis en 2011 en Norvège par un terroriste armé islamophobe, qui ont coûté la vie à 77 innocents, Erdogan les a qualifiés de "conséquences douloureuses" des politiques actuelles de l’Europe.
"Tout le monde devrait tirer des leçons des massacres de la Seconde Guerre mondiale. Le terrorisme raciste n'a rien apporté et n'apportera rien à l'Europe que du sang, des larmes et des conflits internes", a tenu à souligner le Président turc.
Plus tôt ce mois-ci, le Président français Emmanuel Macron a qualifié l'Islam de religion "en crise" et a annoncé une série de lois strictes visant à lutter contre ce qu'il a appelé le "séparatisme islamiste" en France.
Macron a condamné le meurtre de Samuel Paty, un professeur de français qui a montré des caricatures du prophète Mahomet en classe, mais a déclaré que la France "n'abandonnerait pas nos caricatures".
Plusieurs pays arabes, ainsi que la Turquie, l’Iran et le Pakistan, ont condamné l’attitude de Macron à l’égard des Musulmans et de l’Islam, Erdogan affirmant dimanche que le Président français avait besoin de "traitement mental".
Après les propos du Président turc, la France a rappelé à Paris, son ambassadeur en Turquie, Hervé Magro.
Le Ministère des Affaires étrangères de la Turquie a déploré l'attitude française qualifiée d'"unilatérale et égocentrique", dans un communiqué publié dimanche et notant que la Turquie lutte depuis de nombreuses années contre toutes formes de terrorisme et de violence, et soulignant la douleur et la solidarité de la Turquie envers la France, à l'égard notamment du meurtre de Samuel Paty, "au même titre que toutes les victimes du terrorisme", la Diplomatie turque précisant que la Turquie n'a pas manqué d'exprimer sa solidarité avec la France suite à l'attentat terroriste ayant visé le professeur français :
"Notre regret a été exprimé par notre Ambassadeur à Paris, le représentant le plus élevé de notre État en France. La sensibilité de la Turquie dans le contexte du terrorisme ne fait aucune discrimination de langue, de religion, d'ethnicité ou de pensée", avait déclaré Hami Aksoy, Porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Turquie.
"Et pourtant, il est également significatif que la France témoigne désormais d'une telle sensibilité, alors qu'elle ne ressent pas le besoin de faire une déclaration au sujet de nos professeurs devenus martyrs, [dans des attentats perpétrés] depuis des années par l'organisation terroriste PKK", note encore le communiqué de la Diplomatie turque suite à la déclaration du Ministère français des Affaires étrangères affirmant que la Turquie n'avait pas réagi à l'attentat terroriste perpétré le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine.
- Le monde musulman dénonce les insultes contre un prophète musulman
Plusieurs pays à majorité musulmane tels que la Turquie, le Pakistan et l'Iran ainsi que de nombreux pays arabes et représentants de la société civile musulmane ont condamné lundi les récentes déclarations jugées insultantes envers l'Islam et le prophète Muhammad, de la part de politiciens français.
Le Qatar a condamné l’incitation populiste croissante visant les religions ainsi que l’insulte délibérée du dernier prophète de l’Islam.
Dans une récente déclaration, le ministère des Affaires étrangères du Qatar a réitéré son rejet total de toutes formes de discours de haine au regard de la croyance, l'ethnicité ou la religion.
"Ce discours populiste semant le trouble connaît un tournant dangereux avec les appels institutionnels et systématiques continus à réitérer la prise pour cible de près de deux milliards de musulmans dans le monde", a déclaré la Diplomatie qatarie mettant en garde contre le fait d'"offenser délibérément le noble prophète, ce qui entraîne une augmentation des vagues d'hostilité contre une composante fondamentale de la société dans différents pays du monde", en référence aux Musulmans vivant dans le monde.
L'État du Golfe a appelé la communauté internationale à assumer son devoir et sa responsabilité en rejetant la haine et l'incitation à la haine, en insistant sur le soutien aux valeurs de tolérance et de coexistence, et en œuvrant à établir les principes de paix et de sécurité internationales.
À Gaza, chef-lieu de l'enclave palestinienne soumise à un blocus israélien, des universitaires palestiniens musulmans se sont rassemblés devant le Centre culturel français à l'appel de l'Union des chercheurs palestiniens pour protester contre les pratiques anti-islamiques ainsi que les déclarations du Président français.
En réponse aux récents commentaires controversés du Président Emmanuel Macron, ainsi qu'à sa décision de continuer à autoriser et à soutenir en France la publication des caricatures du Prophète Muhammad, les universitaires ont appelé au boycott des produits français.
Dans la capitale irakienne, Bagdad, des groupes chiites ont organisé des manifestations devant l'ambassade de France, pour protester contre les provocations émanant de France à l'encontre l'Islam, les protestataires scandant des slogans contre le Président Macron.
Des caricatures jugées insultantes envers le Prophète Muhammad ont été affichées ces derniers jours sur les façades de certains monuments français, sous l'initiative de responsables politiques.
Outre les caricatures provocantes, plus tôt ce mois-ci, le Président français a qualifié l'Islam de religion "en crise" et a annoncé une série de lois strictes visant à lutter contre ce qu'il a appelé le "séparatisme islamiste" en France.
La majorité des Français musulmans ont accusé Macron de tenter de réprimer leur religion et de légitimer l'islamophobie.
*Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez
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