Ehud Barak : Netanyahu est prêt à risquer la vie de prisonniers pour paraître plus fort
- L'ancien Premier ministre israélien a appelé ses compatriotes à organiser des manifestations contre le gouvernement de Benyamin Netanyahu

Ankara
AA / Ankara/ Zein Khalil
L'ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak, a accusé l'actuel Premier ministre Benyamin Netanyahu d'être disposé à mettre en danger les prisonniers israéliens détenus à Gaza "pour se montrer plus fort", appelant ses concitoyens à assiéger la Knesset (Parlement).
"Pour Netanyahu, paraître plus fort est bien plus important que de parvenir à un accord, il est prêt à risquer la vie des prisonniers israéliens", a déclaré Barak à la radio de l'armée israélienne.
Ancien Premier ministre de 1999 à 2001, Barak a appelé ses concitoyens à organiser des manifestations contre le gouvernement de Netanyahu, déclarant : "30 000 personnes devraient planter des tentes devant la Knesset et y rester jour et nuit pendant trois semaines".
"Lorsque le pays sera paralysé, Netanyahu se rendra compte que son temps est révolu et qu'on ne lui fait plus confiance - car trois personnes sur quatre appellent à sa démission - et cela nécessitera des élections dès le mois de juin", a-t-il ajouté.
Samedi, la police israélienne a arrêté 21 personnes alors qu'elle réprimait une manifestation dans la rue Kaplan, au centre-ville de Tel-Aviv, exigeant un accord avec le Hamas en échange de la libération des prisonniers détenus à Gaza et de la destitution du gouvernement de Netanyahu.
La semaine dernière, les familles des prisonniers détenus à Gaza ont annoncé une intensification de ce qu'elles décrivent comme des "mesures militantes" visant à faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il obtienne la libération des prisonniers.
Les familles ont manifesté quasi quotidiennement, exigeant du gouvernement qu'il prenne des mesures pour libérer leurs proches.
La pression exercée sur le gouvernement intervient alors que des informations font état de la reprise des négociations en vue d'une trêve dans la Bande de Gaza, par le biais de réunions spécifiques organisées à Doha, suivies de réunions au Caire, ont rapporté les médias égyptiens, citant des sources bien informées.
Une trêve entre le Hamas et Israël avait prévalu pendant une semaine, du 24 novembre au 1er décembre 2023. Trêve au cours de laquelle un cessez-le-feu, un échange de prisonniers et l'entrée d'une aide humanitaire très limitée à Gaza avaient été négociés sous l'égide du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis.
Tel-Aviv estime qu'il y a environ 134 prisonniers israéliens détenus par les factions palestiniennes dans la Bande de Gaza, alors que les autorités israéliennes détiennent au moins 8 800 Palestiniens dans leurs prisons, selon des sources officielles des deux camps.
S'agissant de la date des élections, Barak a déclaré lors de la même interview à la radio de l'armée : "Si l'on parvient d'ici à la fin du mois de mars à décider d'organiser des élections, elles pourront se tenir en juin, ce qui est très important".
"J'en appelle aux ministres du Cabinet de guerre (Benny) Gantz et (Gadi) Eisenkot pour qu'ils mènent cette démarche et qu'ils l'annoncent", a-t-il ajouté.
Barak a ensuite fait référence à Golda Meir, ancienne première ministre israélienne, qui a reconnu sa responsabilité et a démissionné de son poste après la guerre du 6 octobre 1973, tout comme Moshe Dayan, alors ministre de la défense, qui a quitté le gouvernement.
Contrairement à de nombreux responsables politiques et militaires en Israël, Netanyahu refuse d'assumer la responsabilité des échecs qui ont conduit à l'attaque menée par le Hamas, le 7 octobre, contre des bases militaires et des colonies dans le sud d'Israël.
Israël mène une guerre dévastatrice contre la Bande de Gaza, depuis le 7 octobre 2023, faisant des dizaines de milliers de victimes, pour la plupart des femmes et des enfants, selon des sources palestiniennes et onusiennes, ce qui a conduit Israël à être poursuivi devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour "crime de génocide".
*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj