Politique

Dirigeant d'Ennahdha: les décisions du président sont un "putsch apprivoisé" contre la Constitution

- Le président Kaïes Saïed a souligné que ses décisions "ne sont pas une suspension de la Constitution, ni une dérogation à la légitimité constitutionnelle"

Adel Bin Ibrahim Bin Elhady Elthabti  | 26.07.2021 - Mıse À Jour : 26.07.2021
Dirigeant d'Ennahdha: les décisions du président sont un "putsch apprivoisé" contre la Constitution

Tunisia

AA / Tunis

Le membre du bureau exécutif du mouvement "Ennahdha", Noureddine Bhiri, a qualifié, dimanche, les récentes décisions prises par le président Kaïes Saïed de "putsch apprivoisé" contre la Constitution et la légitimité.

Plus tôt dimanche, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé lors d'une rencontre avec de hauts cadres sécuritaires et militaires, qu'il a décidé de démettre le chef du gouvernement Hichem Mechichi de ses fonctions. Et qu'il assumera le pouvoir exécutif, avec l'aide d'un chef du gouvernement qu'il nommerait, et de geler, en outre, les pouvoirs du Parlement.

En réponse à cette série de décisions, Bhiri a déclaré à l'Agence Anadolu que les décisions du président sont un "putsch apprivoisé" contre la Constitution et la légitimité
''Nous prendrons les mesures face à cette décision qui viole les dispositions de la Constitution et constitue un putsch contre les institutions de l'État'', a-t-il ajouté.

Et la même source de poursuivre, sans donner de plus amples détails, "nous prendrons des mesures et agirons en interne qu'à l'externe pour empêcher l'entrée en vigueur de ces décisions".

Bhiri a également démenti que Saïed ait consulté le président du Parlement Rached Ghannouchi au sujet des nouvelles décisions.
Saïed avait souligné que ses décisions "ne sont pas une suspension de la Constitution, et non une dérogation à la légitimité constitutionnelle", ajoutant : ''si la loi se transforme en un outil de règlement de comptes et un outil pour les voleurs qui ont pillé fonds et l'argent du peuple appauvri, ce ne sont pas des lois qui expriment la volonté du peuple, mais plutôt des outils pour voler la volonté du peuple".

Les décisions de Saïed sont intervenues à la suite de manifestations dans plusieurs gouvernorats tunisiens à l'appel d'activistes exigeant le départ du gouvernement.

Par voie de communiqué publié, aujourd'hui, Ennahdha a pointé du doigt les personnes impliquées dans ces actes de violence, les qualifiant de ''de bandes de délinquants soutenues depuis l'étranger et l'intérieur du pays pour attaquer les locaux et les militants du mouvement et semer le chaos, afin de mettre un terme au processus démocratique et d'ouvrir la voie au retour de l'oppression et de la tyrannie".

La Tunisie est considérée comme le seul pays arabe qui a réussi à opérer une transition démocratique, parmi d'autres pays qui ont également connu des révolutions populaires ayant renversé les régimes en place, dont notamment l'Égypte, la Libye et le Yémen.

La Tunisie traverse, depuis janvier dernier, une crise politique entre le président du pays, Kaïs Saïed, et le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, en raison d'un remaniement ministériel effectué par ce dernier et rejeté par Saïed.

Outre sa crise politique, la Tunisie subit une grave crise économique, approfondie par les répercussions de la pandémie de coronavirus, qui frappe durement le pays, et menace d'un effondrement imminent du système de santé, ce qui a nécessité l'envoie d’aides médicales d'urgence de la part de nombreux pays, au cours des derniers jours.

* Traduit de l'arabe par Hajer Cherni.

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