Délimitation des frontières : Israël a demandé le report et ne souhaite pas conclure d'accord (Expert libanais)

Lebanon
AA / Beyrouth
Une source proche de la Présidence libanaise a affirmé, lundi, le report sine die, de la cinquième séance des négociations de délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, prévue initialement ce mercredi 2 décembre.
Un expert libanais en question pétrolières a souligné que « le report a été décidé à la demande israélienne et prouve, si besoin est, l'absence de volonté de Tel-Aviv de parvenir à un accord, dès lors que le statu quo actuel sert ses intérêts, et que probablement l'Etat hébreu a accepté de négocier, uniquement pour s’aligner à la position de Washington, avant la tenue des élections présidentielles américaines ».
Aucune position officielle n'a été émise par les parties concernées, au sujet du sort de la 5ème séance de négociations indirectes, tandis qu'une source proche du président libanais, Michel Aoun, s'est contentée de déclarer à Anadolu sous le sceau de l'anonymat, que « la séance a été reportée à une date ultérieure » (qui n'a pas été arrêtée).
Au mois d'octobre dernier, des pourparlers indirects de délimitation des frontières maritimes entre les deux pays ont débuté, sous le parrainage des Nations unies, et à la faveur d’une médiation américaine, à la suite d'un différend enclenché au sujet d’une zone riche en pétrole et en gaz en Méditerranée orientale.
Quatre séances de négociations se sont tenues au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), dans la zone de frontalière de Naqoura, dans le sud du Liban. La quatrième séance s'étant clôturée le 11 novembre courant.
La radio publique israélienne a rapporté, lundi, que les négociations ont été reportées, précisant qu’il s'agit du premier report depuis leur lancement.
* Report sine die
Alors qu'aucune déclaration officielle n'a été publiée au sujet de ce report, l'expert libanais en questions pétrolières, Rabia’ Yaghi a indiqué à l'Agence Anadolu que « le report est intervenu sur la base d'une demande israélienne, sans pour autant préciser de date ultérieure ».
Il a estimé que le report « prouve l'absence de volonté chez Israël de parvenir à un accord, dès lors que la situation actuelle sert ses intérêts, dans la mesure où l’Etat hébreu exerce une activité pétrolière et commencera à produire du gaz, au début de l'année 2021, après avoir parachevé l'ensemble des préparatifs requis ».
Et l'expert de poursuivre : « En contrepartie, le Liban demeure dépourvu de toute activité pétrolière, et compte tenu de la non-délimitation des frontières, les compagnies étrangères (pétrolières) n’afflueront pas pour investir et explorer dans une zone, objet de litige ».
Ainsi, a-t-il dit, « le Liban ne s'engagera pas dans l'exploration du pétrole dans les blocs 8, 9 et 10, jouxtant la frontière, dans le sud du pays ».
L’expert a attiré l’attention sur le fait que « le début des recherches sera à même de changera probablement la côte de crédit, ce qui affectera plusieurs niveaux ».
Le Liban forme l'espoir d'attirer des investissements étrangers, d'autant plus que le pays du cèdre souffre, depuis plusieurs mois, de la pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), au milieu de tiraillements politiques aigus, dans un paysage marqué par la présence et l’influence de forces régionales et occidentales, aux intérêts antinomiques.
* Une position forte
Le 20 novembre dernier, le Liban a réfuté les allégations israéliennes, au sujet du changement par Beyrouth, plus d’une fois, de ses positions concernant les frontières maritimes.
Cela est intervenu en réaction à une déclaration faite par le ministre israélien de l'Energie, Yuval Steinitz, dans laquelle il a lancé que « le Liban a changé de position, au sujet des frontières maritimes, sept fois ».
L’expert Yaghi a considéré la position du Liban dans les négociations « beaucoup plus forte que celle d'Israël, aux plans technique et juridique ».
« Le Liban se base sur des cartes de délimitation des frontières terrestres et maritimes avec la Palestine, qui remontent à 1923, conclues à l'époque entre la France et le Royaume-Uni (Les Accords Paulet-Newcombe). Ces frontières ont été confirmées dans l'accord d’armistice datant de 1949 », a-t-il dit.
Le Liban et Israël avaient signé, un accord d’armistice, en date du 23 mars 1949 à Naqoura.
Yaghi a ajouté que « ces cartes montrent clairement qu’Israël s'emploie à pirater une partie des eaux territoriales libanaises, indépendamment de sa superficie, qu'il s'agisse de 860 kilomètres carrés ou de 2300 kilomètres carrés ».
Il a expliqué que « les négociations vont déterminer la superficie depuis laquelle Israël doit se retirer ».
Il a, également, considéré que « le facteur temps ne joue pas en faveur du Liban, mais sert plutôt les intérêts d'Israël, ce qui constitue, probablement, la raison pour laquelle la partie israélienne a tourné casaque et réclamé le report de la cinquième séance ».
Le président Michel Aoun avait mis l'accent, en juin dernier, sur le fait que « le Liban ne tolérera aucune agression contre ses eaux territoriales, internationalement reconnues », en particulier la Zone économique exclusive (ZEE), située dans le sud du pays, où se trouvent les blocs de gaz et de pétrole, et ce après l'approbation par le gouvernement israélien d'une décision portant exploration du gaz dans une zone maritime proche du Liban ».
* Les élections américaines
Yaghi a estimé, aussi, qu’Israël avait accepté, auparavant, de négocier et a tenu quatre séances, probablement pour s'aligner sur la position américaine, peu avant la tenue de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le 3 novembre courant.
Les élections ont abouti à la victoire du candidat du Parti démocrate, Joe Biden, qui remplacera le président Donald Trump, qui avait affiché un soutien illimité et sans faille à Tel-Aviv, durant son mandat.
Et l'expert de poursuivre : « Si les intentions des Américains sont bonnes, au sujet de la délimitation des frontières, nous espérons qu’ils exerceront une pression sur Israël pour le contraindre à retourner à la table des négociations, afin d’arrêter une date de la 5éme séance, sans proférer de menaces et sans conditions préalables ».
Le président américain élu sera investi, officiellement, le 20 janvier prochain.
La chaîne de télévision libanaise al-Jadid (privé) a rapporté, lundi, que le médiateur américain, l'ambassadeur John Desrocher, qui avait participé aux négociations de Naqoura prendra attache avec les deux parties, libanaise et israélienne.
Le média a ajouté que « le diplomate américain arrivera au Liban, mercredi, soit à la date de la séance reportée et il sera reçu par le président Aoun et le commandant de l'armée Joseph Aoun, avant de se déplacer pour rencontrer une délégation israélienne ».
*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou
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