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Chine: Les Ouïghours du Xinjiang sous le coup de restrictions socio-économiques

03.06.2014 - Mıse À Jour : 03.06.2014
Chine: Les Ouïghours du Xinjiang sous le coup de restrictions socio-économiques

AA/Ankara (Turquie)/ Ilgin Karlidag

La chaîne de montagnes de la région du Xinjiang, dans le Nord-ouest de la Chine, est une des contrées les plus riches du pays ; pourtant, ainsi que l’explique des analystes, sa population de musulmans ouïghours vit, depuis des décennies, sous de nombreuses restrictions économiques, religieuses, culturelles et linguistiques, alimentant  les revendications pour l'établissemnt d'un Etat autonome.

Un nouveau projet chinois d’une méga-autoroute traversant cette région riche en minéraux et en pétrole provoque les craintes d’un embrasement des tensions entre les Ouïghours et des Chinois Hans, dont la proportion de la population au Xinjiang est monté de 6,7%, en 1949, à 40%, en 2008.

Un expert en économie politique chinoise au Royal Institute of International Affairs (RIIA) à Londres, le Dr. Kun-Chin Lin, a déclaré, cette semaine, à l’Agence Anadolu (AA) que l’immigration de Chinois Han dans le Xinjiang allait probablement augmenter avec les investissements de compagnies privées dans la région et du projet d’autoroute.

« Si les Ouïghours ne peuvent pas profiter des bénéfices de ce type de développement économique, il est facile de comprendre comment le ressentiment augmente» a, pour sa part, affirmé la directrice pour la Chine de Human Rights Watch, Sophie Richardson.

L’afflux rapide de Hans, accompagné des restrictions socio-économiques auxquelles les Ouïghours sont soumis quasi-quotidiennement au Xinjiang, ont fréquemment provoqué de violentes protestations.

Une attaque, perpétrée dans la capitale du Xinjiang, Ürümqi, avait fait 39 morts et 94 blessés, le 22 mai, lorsque deux véhicules piégés avaient foncé dans un marché avant d'exploser, faisant suite à un autre attentat meurtrier, dans le même mois, dans la gare ferroviaire d’Ürümqi.

Le président chinois, Xi Jinping, avait alors promis de punir sévèrement «les terroristes» impliqués, et un procès collectif, organisé la semaine suivante dans un stade de la province, avait abouti à la condamnation expresse de 55 personnes, dont trois à la peine capitale, pour « terrorisme, séparatisme et meurtre ».

Pour Reza Hasmath, maître de conférences en politique chinoise à l’université d’Oxford, une telle violence est la manifestation de pressions socio-économiques pesant sur les Ouïghours.

« Si vous parlez la langue ouïghoure, vous n’avez pas beaucoup d’opportunités économiques. Il est plus facile de trouver un emploi, un bon emploi bien rémunéré si vous parler le mandarin [langue chinoise du nord et du sud-ouest du pays] » a déclaré Hasmath à Anadolu.

« Si vous avez moins de dix-huit ans, vous n’avez pas le droit d’entrer dans une mosquée [au Xinjiang]. Si vous travaillez pour l’Etat, vous ne pouvez pas pratiquer votre religion» a ajouté l’expert d'Oxford.

James D. Frankel, spécialiste en Islam de Chine à l’université d’Hawaï, souligne que la région a été indépendante durant sa longue histoire et n’est tombée sous le contrôle de la Chine que depuis 250 à 300 ans. La province est cependant une région stratégique sur le plan économique mais aussi politique, de par ses frontières avec le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan.  

« Ainsi, si jamais la population avait la moindre velléité d’autonomie, il était hors de question de la laisser se développer. C’est pour cette raison que tout mouvement actuel en direction d’une séparation se trouve fortement freiné par la Chine » conclut Frankel.

 
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