Côte d’Ivoire: près de 72.500 victimes de la crise postélectorale seront indemnisées
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait annoncé, lundi soir, la mise en place "dès janvier 2015", d'un fonds d'un apport initial de 20 millions USD pour indemniser les victimes de la crise ivoirienne.

AA/Abidjan/Fulbert Yao
Près de 72.500 victimes des crises ivoiriennes seront indemnisées, a annoncé mercredi, à Abidjan, le Président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny.
« Nous avons pu enregistrer les auditions et écouter plus de 72.483 victimes en cinq mois, que nous avons intégré dans le fichier. C’est ce fichier qui va être remis au chef de l’Etat (Alassane Ouattara) pour que réparation soit faite à toutes les victimes ivoiriennes ou pas, qui ont subi les effets physiques, psychologiques de la crise sous forme de violations diverses », a ainsi déclaré Charles Konan Banny, lors d’un point de presse.
Alassane Ouattara, recevant le rapport final de la CDVR, lundi soir, avait annoncé la mise en place « dès janvier 2015 », d'un fonds d'un apport initial de 10 milliards de FCFA (20 millions USD) pour indemniser les victimes de la crise ivoirienne.
Cette somme est « la phase initiale (du fonds), je ne peux pas dire que cela suffit mais le mode de réparation dépendra de la manière dont le fonds va être géré (…) pour attirer d’autres ressources et pour permettre aux uns et aux autres d’être indemnisés. Mais 10 milliards (20 millions USD) c’est déjà quelque chose », a ajouté Banny.
Mardi, le président de la Fédération nationale des victimes de la crise postélectorale (Fenavipel-CI), Mamadou Soromidjo Coulibaly, avait en revanche estimé que cette somme était « insignifiante », souhaitant qu’elle soit revue à la hausse.
Créée en septembre 2011 en s'inspirant du modèle post-Apartheid sud-africain, la CDVR a pour mission d'enquêter sur les violations des droits de l'homme, perpétrées durant les deux décennies de conflit politique (1990-2011), dans le but de panser les blessures et créer un climat de paix socio-politique en Côte d’Ivoire. Les deux plus grandes réalisations de la CDVR ont été l'identification des victimes et de mener des enquêtes relatives aux propos rapportés.
La Crise dite postélectorale s’est déclenchée après que Laurent Gbagbo eut refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle de 2010 face à Alassane Ouattara. La Commission d'enquête nationale mise en place après l'investiture de Ouattara a estimé le nombre de morts total à 3 248 (1 452 morts imputées au camp Gbagbo, 727 au camp Ouattara et 1 069 non attribuées à un camp ou l'autre en raison de problèmes d'identification des victimes).
« Le district d’Abidjan, l’ouest ivoirien et le sud-ouest ont payé le plus lourd tribut de cette crise », a mentionné Charles Konan Banny.