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Côte d’Ivoire: l’Etat part en guerre contre la déforestation

De 1900 à 2014, le couvert forestier a régressé, passant de 16 millions d’arbres à moins de 2 millions aujourd’hui.

19.08.2014 - Mıse À Jour : 19.08.2014
Côte d’Ivoire: l’Etat part en guerre contre la déforestation

AA/ Abidjan/ Issiaka N’GUESSAN

Entre 150.000 et 200.000 hectares disparaissent annuellement en Côte d'Ivoire, occasionnant des pertes de plus de 21 milliards FCFA (42,8 millions usd), à cause des scieurs à façon et des occupants illégaux généralement issus de la sous-région ouest-africaine, selon des estimations officielles.

 « Nous sommes dans la phase de répression, car l’Etat perd plus de 21 milliards FCFA (42,8 millions usd) chaque année à cause des scieurs à façon et des occupants illégaux généralement issus de la sous-région (ouest-africaine, Burkinabè, maliens, Ndlr), a rappelé récemment le ministre ivoirien des Eaux et Forêts, Mathieu Babaud Darret, à l'occasion de la journée nationale de l'arbre.

« Chaque année, selon nos estimations qui sont aussi celles de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) ce sont entre 150.000 et 200.000 hectares (18% de taux de déforestation) qui disparaissent dans notre pays » a fait savoir Darret, révélant que « la situation est tellement grave que de nombreuses usines n’ont plus de bois pour travailler. »

L’impact social de la déforestation est  encore plus alarmant. « En moyenne entre 400.000 emplois directs et 10.000 emplois indirects » selon le ministre des Eaux et Forêts disparaissent en Côte d’Ivoire.

La  16e édition de 2014 de la Journée nationale de l’Arbre, tenue à la mi-août à Dakar, a servi de cadre au premier responsable des Eaux et Forêts pour inviter ses concitoyens a « planter des arbres pour lutter contre les changements climatiques. »

La pluviométrie qui sert à la bonne pratique agricole dans ce pays dont l’économie repose sur l’agriculture connait des variations depuis plusieurs années. De Mai à Juin dernier, les fortes précipitations tombées sur Abidjan et sa région ont provoqué une trentaine de morts, la destruction d’un quart de la production bananière du pays à Songon (District d’Abidjan, 300.000 tonnes de production annuelle, 1er producteur africain) et des inondations à Grand-Lahou (Sud, 100 Km d’Abidjan).

De 1900  à 2014, le couvert forestier a régressé, passant de 16 millions d’arbres a moins de 2 millions aujourd’hui à cause de l’exploitation industrielle illégale, le décalage entre les surfaces détruites et le reboisement, les feux de brousse mais plus, à cause de la culture itinérante des cultures pérennes, supports de l’économie ivoirienne que sont le cacao (plus de 1,5 million de tonnes/an, 1er producteur mondial), le café (110.000 tonnes en 2002-2003), l’hévéa ( 290.529 tonnes,1er producteur africain, 77 millions de dollars de chiffres d’affaires) et du palmier à huile ( 200.000 hectares/an).

Selon le ministre Babaud Darret, « les 231 forêts classées n’existent plus que de nom », infiltrées par les producteurs de café et de cacao qui ont profité des années de crise (2002-2010) pour s’y installer avec à la clé des conflits fonciers meurtriers.

« Aussi, pour  éviter les conflits fonciers qui ont fait couler beaucoup de sang, demandons-nous à nos parents de ne pas vendre les forêts. La forêt est un bien commun pour nous et pour nos enfants. Il faut plutôt immatriculer vos portions de terre », a recommandé le ministre des Eaux et Forêts.

L’on estime a un peu plus de 415 hectares la superficie reboisées depuis 1996 dans le pays. A Man, région de montagnes, le couvert forestier des flancs de montagnes a été détruit durant les années de crise. Un planting d’arbres a donc eu lieu sur 2 hectares à l’occasion  de cette fête.

Mais, face à la poursuite d’opérations d’exploitations clandestines, un dispositif légal renforcé par des peines privatives de liberté a été promulgué et un appel aux forces de l’ordre a été lancé depuis Man par le ministre des Eaux et Forêts en vue de traquer les réfractaires à la loi.

Le Directeur Général de la Forêt, le Colonel Soro Yamani, a lancé un cri de cœur pour la sauvegarde des flancs de montagnes dégradés : « La montagne est malade, il faut la soigner », a-t-il clamé.

 

 
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