Politique, Archive, Afrique

Côte d’Ivoire: Fidèles à sa mémoire, les crocodiles du président Boigny veillent encore sur sa citadelle

Les caïmans qui ont dévoré le bonhomme qui s'est occupé d'eux près de trente ans, ont envahi plusieurs lacs de Yamoussoukro.

06.04.2015 - Mıse À Jour : 06.04.2015
Côte d’Ivoire: Fidèles à sa mémoire, les crocodiles du président Boigny veillent encore sur sa citadelle

AA/ Yamoussoukro/ Issiaka  N’Guessan

Plus de vingt ans après sa mort, la demeure de l’ancien président Félix d’Houphouët-Boigny est toujours gardée par ses crocodiles sacrés. Tout comme du vivant de leur propriétaire, ils n'autorisent à personne de s'approcher de la demeure présidentielle. Celui qui ose, finit en cocktail de chair et os à broyer par des dents impitoyables.

Ces crocodiles, peuple le plus fameux de Yamoussoukrou (capitale politique administrative) où est sis l’ancien palais présidentiel, élisent domicile dans les trois lacs artificiels crées en 1950 pour entourer et protéger le complexe bâti par Félix Houphouët-Boigny (au pouvoir de 1960 à sa mort en 1993)

Entouré d’une clôture de vingt-deux kilomètres,  le complexe résidentiel abritait, outre le président, ses proches et à son personnel et avait comme gardiens-protecteurs lesdits crocodiles.

 Ces caïmans qui continuent à drainer des milliers de visiteurs. D’ailleurs, Les week-ends les hôtels de la ville affichent complet. Les curieux affluent de tous bords, attirés par le mystère entretenu autour des caïmans de l’ancien chef de l’Etat, surtout depuis qu’ils ont dévoré l’homme qui s‘est occupé d’eux pendant près de trente ans.

Diko, l’ancien maître des crocodiles, a été happé par un géant de plus de trois mètres de long en août 2012. Selon des versions de certains membres de la famille Boigny, l’homme aurait commis une faute spirituelle. Dicko qui a pris l’habitude de nourrir les crocodiles et de faire son show devant des milliers de touristes issus des quatre coins de la planète en contre partie de quelques poignées de Francs CFA, a ainsi érigé l’activité en un business et aurait été maudit, car les crocodiles vivaient dans des « lacs sacrés », selon l’imaginaire collectif.

Depuis cet incident qui a tant traumatisé les Ivoiriens, des affiches interdisent de s’approcher des lacs où nagent les crocodiles, veillant toujours sur la demeure de leur ancien propriétaire.

Ces caïmans offerts à Houphouët-Boigny par l’ancien président malien, Modibo Kéita, à la fin des années 70, sont toujours à la charge de l'intendance du palais présidentiel de Yamoussoukro.

«  Autrefois, il venait (le président Boigny, ndlr) quotidiennement pour les nourrir. Quand je suis venu ici en 1977, ils étaient déjà là », confie à Anadolu un vieux travailleur du palais sous couvert de l’anonymat.

Autrefois bien gâtés, les crocodiles bénéficiaient-tel est le cas également aujourd'hui- de faveurs. Selon la même source, deux bœufs leur sont distribués toutes les deux semaines.

Mais il se trouve qu’aujourd’hui leur danger est de plus en plus croissant après qu’ils ont envahi le reste des onze lacs de la ville. D’ailleurs, plusieurs personnes, dont les témoins n’ont pas précisé le nombre, ont été dernièrement dévorées par ces crocodiles.

Approché pour une réponse à ce propos, le minisère de l'Environnement s'est refusé de tout commentaire.

Le plus dangereux parmi ces crocodiles est dit « capitaine », selon leur gardien actuel, un Malien qui a souhaité garder l’anonymat. C'est ce crocodile de 16 mètres, géant numéro 1 des lacs, qui avait happé Dicko, informe le gardien. Il y a également le saurien. Couché les yeux fermés sur une touffe d’herbes, il était accompagné de deux jeunes. Les crocodiles d’Houphouët-Boigny sont aujourd’hui très nombreux, voire, difficiles à compter. Selon  un habitué des lieux, ils seraient au nombre de 300 caïmans.

Une tournée près des lieux laisse voir une grille peinte en vert qui sert de rempart séparant le public du royaume des crocodiles. Un autre grillage, rouillé et pas très solide s’étendant à vue d’œil, sert de protection aux manœuvres qui nettoient les rebords cimentés des lacs.

Au-dessus, la grille qui porte la gerbe de fleurs en mémoire de l’ex-compagnon des caïmans de Yamoussoukro offre un paysage triste. Les dix sièges qui jadis accueillaient les touristes, semblent se plaindre de leur solitude, malmenés par les intempéries. Leur allure est noirâtre. Le deuil provoqué par la disparition du maître des lieux, Houphouët-Boigny, et de son fidèle serviteur Toké, semblent se perpétuer au fil du temps.

 
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın