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Burundi: une légitimité renouvelée de Pierre Nkurunziza aura-t-elle raison d'une contestation radicalisée?

Nkurunziza aura réussi son pari de communication politique en troquant l'image de citoyens contestataires contre celle de rebelles déstabilisateurs.

13.07.2015 - Mıse À Jour : 13.07.2015
Burundi: une légitimité renouvelée de Pierre Nkurunziza aura-t-elle raison d'une contestation radicalisée?

AA/ Tunis/ Safwene Grira

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, probablement reconduit dans ses fonctions prochainement, bénéficiera d'autant de légitimité internationale, qu'en aura perdu la contestation contre son régime, qui prend les aires de guérilla menée par des anciens putschistes.

La protestation contre le régime de Pierre Nkurunziza avait officiellement cessé d'être un mouvement "pacifique", à partir du 13 mai dernier, date d'un coup d'Etat (raté) perpétré par des frondeurs de l'armée burundaise, applaudi alors par la plupart des contestataires de Nkurunziza.

Depuis, l'exil des principaux putschistes ainsi que leur engagement à poursuivre "la démocratisation du régime" depuis l'extérieur pour "faire plier Nkurunziza par la force", a définitivement fait basculer la situation au Burundi d'un scénario proche du burkinabè, [renversement du Président Blaise Compaoré après un mouvement de rue pacifique, en octobre 2014] pour ne pas évoquer les Printemps Arabes, à celui d'un schéma "classique" de la sous-région, à savoir d'une guérilla installée à l'étranger, appuyée (ou pas) par une force extérieure, tentant de déstabiliser le régime en place.

Les mutins ont ainsi revendiqué, récemment, des attaques à la grenade dans quelques communes de Bujumbura, autrefois le théâtre privilégié de manifestations de centaines de membres de l'opposition, de la société civile ou de simples citoyens burundais, aujourd'hui pratiquement désertes.

Vendredi, un assaut armé dans la Province septentrionale de Kayanza a également été imputé aux putschistes burundais réfugiés au Rwanda, selon les autorités burundaises cette fois.

Ces récents événements rappellent ainsi que le Mouvement "pacifique" anti-Nkurunziza a cédé, essoufflé. Les véritables hérauts de la lutte contre le régime demeurent, aujourd'hui, les mutins.

En arrivant, ainsi, à troquer l'image de citoyens contestataires contre celle de rebelles déstabilisateurs, Pierre Nkurunziza aura réussi son pari de communication politique, à l'orée de sa prochaine (et très probable) réélection.

Cette rébellion qui a revêtu le brassard anti-troisième mandat, sera loin de pouvoir bénéficier, dans la lutte qu'elle mènera contre un Gouvernement légitime, d'autant de sympathie internationale et même, à terme, de suffisamment de crédit national dans un pays qui sort, il y a une dizaine d'années à peine, d'une guerre civile qui a fait près de 300 000 morts.

Pis, cette lutte que la rébellion mènera, probablement pendant cinq autres années contre un régime légitime, pourrait avoir raison de son ardeur et risque peu de bénéficier d'un quelconque appui régional escompté.

Quoique coutumiers de soutien aux groupes rebelles, les Rwandais pourraient difficilement accepter, pour l'enjeu mineur que constitue, aux yeux de Kigali, le Burundi, d'être à nouveau épinglés par l'ONU, comme ce fut le cas pour leur soutien avéré au groupe rebelle M23 actif en RD Congo entraînant la suspension de l'aide internationale.

C'est que, quand bien même la Communauté Internationale aurait critiqué Nkurunziza pour son "entêtement", vocable emprunté à la terminologie de l'opposition, à briguer un troisième mandat "anticonstitutionnel", voire anti la supra-constitutionnalité des Accords d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, il n'en demeure pas moins, qu'aux yeux de cette même communauté internationale, le régime de Pierre Nkurunziza demeure le seul légitime, en attendant les élections, à tout le moins.

Quand Pierre Nkurunziza a ainsi, été annoncé renversé, le 13 mai dernier, alors qu'il se trouvait en Tanzanie pour un Sommet des Chefs d'Etat de l'Afrique de l'Est se penchant sur la crise dans son pays, la Communauté internationale, en première ligne Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'Organisation des Nations-Unies, s'est empressée de condamner "toute tentative d'évincer par la force un gouvernement élu".

Elu, le Gouvernement (pouvoir) l'a été, en 2010, et élu il le sera en 2015, à l'issue d'un scrutin, moult fois reporté, mais qui se tiendra vraisemblablement le 21 juillet, selon une confirmation du Gouvernement burundais, essayant en cela de prendre en considération les recommandations du dernier sommet régional sur la situation au Burundi.

A l'occasion de cette présidentielle, le président sortant Nkurunziza n'aura à affronter que quelques candidats faisant office de "figuration", selon l'opposition qui boycottera ce scrutin.

Un boycott qui désigne, d'ores et déjà, Pierre Nkurunziza comme président pour le prochain quinquennat. Une légitimité renouvelée qu'il emploiera à combattre les mutins se trouvant aux portes de ses frontières.

 
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