
AA/ Bujumbura/ Renovat Ndabashinze
Les Burundais commémorent, mardi, le 21ème anniversaire de l’assassinat de Melchior Ndadaye, 1er président démocratiquement élu dans un pays ayant connu cinq coups d’Etats sur une période de trente ans.
Les conséquences de ces putsch militaires ont souvent consisté en des massacres, des guerres civiles, des crises et un embargo, décrétée par les partenaires régionaux du pays pendant trois ans.
Premier coup d'Etat: le 28 novembre 1966
Le Capitaine Michel Micombero, alors Premier ministre, dépose le jeune roi Ntare V, mettant ainsi fin à deux siècles de monarchie et inaugurant la 1ère République du Burundi. Le premier président de la République manifeste une ferme volonté d’opérer des changements institutionnels visant à stabiliser le pays, à assurer la sécurité pour tous, à asseoir une paix durable, une justice sociale et un développement intégral et harmonieux. Mais différentes exactions qui lui sont imputées, à l'instar des emprisonnements arbitraires et des exécutions sommaires, interrompent cet élan. Quand le jeune roi lui-même est exécuté, à 29 ans, dans des circonstances non encore élucidées, marque le début, en 1972, d'une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et de déplacés. La donnée ethnique fait son entrée en jeu. Le fossé entre Hutu et Tutsi, deux principales ethnies au Burundi, s’agrandit.
Deuxième coup d'Etat: le 1er novembre 1976
Le Colonel Jean Baptiste Bagaza renverse le pouvoir du Colonel Michel Micombero. Il était sous la présidence d’un organe appelé Conseil Suprême Révolutionnaire (CSR). D’après certains analystes de la politique burundaise, il venait dans le sens de mettre fin à la haine ethnique entraînée par la crise de 1972. Durant son règne, la question ethnique était taboue.
L'ère Bagaza a été marqué par de grands projets de développement économiques (constructions des routes goudronnées, des usines comme l’OTB – office du thé du Burundi- Sosumo – société sucrière du Moso- etc). La satisfaction des aspirations économiques a été ainsi mise au service du climat social.
Troisième coup d'Etat: le 3 septembre 1987
Le Major Pierre Buyoya opère un coup d’Etat dans la nuit du 3 septembre 1987 alors que le président Bagaza se trouve au Québec (Canada) pour participer au 2ème Sommet de la Francophonie. Ce coup d’État intervient après un début de mutinerie dans l'armée dont certains éléments craignaient d’être mis en retraite anticipée.
C'est l'instauration de la Troisième République qui naquit sous l'emblème de l'unité nationale (célébrée sous son ère, à partier de 1991, chaque 5 février). Son gouvernement était composé en nombre égal de Hutus et de Tutsis.
Quatrième coup d'Etat: le 21 octobre 1993
Investi le 10 juillet 1993, après sa victoire dans l’élection présidentielle du 29 juin 1993 avec 64,79 %, Melchior Ndadaye, 1er président démocratiquement élu, n’a dirigé le Burundi que pendant 102 jours seulement. Il est assassiné le 21 octobre 1993 dans un coup d’état militaire "après maintes tentatives de décapitation du pouvoir" comme l’affirme Jean-Marie Ngendahayo, alors ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement, dans une déclaration à Anadolu. Le président Ndadaye venait de participer le 15 octobre 1993 au 5ème Sommet de la Francophonie à l’Île Maurice. Ses proches collaborateurs dont Jules Bimazubute, président de l’Assemblée Nationale sont assassinés le jour même. Le pays sombre dans la guerre civile en déchaînant des violences inter-ethniques dans tout le pays qui font des dizaines de milliers de morts.
≠ Cinquième coup d'Etat: le 25 juillet 1996
Investi le 6 avril 1994, après la mort accidentelle du président Cyprien Ntaryamira, le président Sylvestre Ntibantunganya est renversé par le Major Pierre Buyoya, le 25 juillet 1996. L'élection de Ntibantunganya avait été le résultat d’un consensus entre les acteurs politiques burundais mais celui-ci est dans l'incapacité de ramener la paix.Quand la tension entre Hutus et Tutsi atteint son paroxysme, Pierre Buyoya reprend le pouvoir dans ce qu’il a appelé "une action de sauvetage". Avec ce coup d’état, le Burundi tombe sous un embargo de ses partenaires économiques de la sous-région (Tanzanie, Kenya, Ethiopie, Ouganda, Rwanda, Zambie et Congo), pour l'obliger à composer avec l'opposition. Après un processus de négociations entamé avec l'opposition pour arriver à un accord politique, l'embargo a été levé en janvier 1999.
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