Brexit: La frontière franco-britannique restera à Calais
Malgré le Brexit, le gouvernement français refuse catégoriquement toute remise en cause de la gestion actuelle de la frontière et des migrants, contrariant fortement des élus du Nord

Paris
AA - Paris - Bilal Muftuoglu
La France entend maintenir la gestion de la frontière franco-britannique à Calais, malgré le référendum britannique ouvrant la voie à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), a annoncé le gouvernement français.
L'exécutif français a entériné toute remise en cause du statut actuel de la frontière entre les deux pays, géré par la France dans le cadre de l'accord de Touquet, contrairement à la demande des élus locaux de la région du Nord.
"Depuis 2014, cette application a trouvé un nouvel équilibre. Grace à l’engagement que ce gouvernement a obtenu des autorités britanniques. La réalité, c’est que le traité du Touquet, en permettant l’intervention des forces britanniques à Calais, n’est aujourd’hui en rien remis en cause. La frontière à Calais est fermée et a vocation à le demeurer", a ainsi déclaré le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à l'issue de sa rencontre avec Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts-de-France et Natacha Bouchart, maire de Calais et Vice-Présidente de la Région Hauts-de-France.
Le Royaume-Uni contribue financièrement à la gestion de la frontière à Calais dans le cadre de ce traité et a débloqué 100 millions d'euros à cet effet depuis 2014, a rappelé le ministre français de l'Intérieur.
Le Premier ministre britannique David Cameron s'était entretenu avec le président français François Hollande en mars à Amiens, pour s'engager à verser 22 millions d'euros supplémentaires.
Hollande a aussi été catégorique à ce sujet, soulignant, à l'issue du Conseil européen à Bruxelles, que la remise en cause de l'accord de Touquet, "n'a pas de sens (...) au prétexte que le Royaume-Uni a voté le Brexit".
"Ce qui doit peut-être être revu, c'est comment mieux fonctionner entre le Royaume-Uni et la France pour améliorer la situation de ces migrants, des mineurs", a-t-il ainsi noté.
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait pourtant adopté une approche différente que Cazeneuve et Hollande, avertissant, dès mars dernier, qu'en cas de Brexit, la France ne retiendrait plus les migrants à Calais. Bien qu'il ait adouci ses propos à l'issue du référendum, le ministre a toutefois rappelé, lundi à Saint-Omer, qu'il faudrait être "plus exigeant" vis-à-vis de la Grande-Bretagne.
Les élus locaux n'ont pas caché leur désillusion face au refus net du gouvernement français de la remise en cause de la gestion de la frontière.
"Les Anglais reprennent leur liberté vis-à-vis de l’Europe, alors qu'ils reprennent leur frontière", a déclaré Xavier Bertrand dans une interview au quotidien La Voix du Nord, rappelant que Cameron lui-même avait indiqué auparavant que le Brexit signifierait une gestion des migrants depuis l'Angleterre.
Interrogé sur une potentielle indulgence des forces de l'ordre à Calais, qui permettrait notamment aux migrants de traverser la Manche à bord de camions, l'élu local a martelé: "C’est le problème des Anglais".
Bouchart a plaidé de son côté pour un "partage" du fardeau à Calais, appelant le gouvernement britannique à assumer ses responsabilités.
"On en a marre ! On veut aujourd’hui un bras de fer avec le nouveau gouvernement britannique. On veut qu’il y ait au moins une équité. On veut qu’il y ait un partage. On veut qu’il y ait un camp de réfugiés qui s’ouvre en Grande-Bretagne. On veut que le gouvernement anglais assume ses responsabilités", a-t-elle déclaré à l'issue de sa rencontre avec Cazeneuve.
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