Politique

Brésil: La crise humanitaire augmente dans le Roraïma

-Depuis janvier, le flux de Vénézuéliens fuyant leur pays ne cesse d’augmenter sur la route fédérale BR 174. Le président brésilien s’est rendu dans l’état frontalier du Roraïma.

Esma Ben Said  | 13.02.2018 - Mıse À Jour : 13.02.2018
Brésil: La crise humanitaire augmente dans le Roraïma

Rio de Janeiro


Kakie Roubaud

Le président brésilien Michel Temer s’est rendu lundi dernier dans l’Etat du Roraima où les Vénézuéliens traversent en masse la frontière. Il a promis que les réfugiés seraient distribués dans d’autres Etats brésiliens sans donner plus de détails en matière de budget et de destinations.

L’armée brésilienne annonce la construction d’un hôpital de campagne et d’un centre de triage. Les contrôles au poste frontière vont être renforcés. Jusqu’à présent, les Vénézuéliens entraient librement au Brésil car ils font partie de l’Unasul et du Mercosur, deux unions des pays de la zone.

Le gouvernement brésilien va réaliser un recensement des vénézuéliens avec des cartes d’identité provisoires afin de contrôler les flux. Selon la police fédérale, à peine 17 000 vénézuéliens ont fait l’an dernier une demande officielle de résidence alors qu’ils sont 3 à 4 fois plus.

La frontière entre le Venezuela et e Brésil, ce sont 2200 kilomètres couverts de jungle. Une seule voie terrestre, l’Estrada 10 lie, côté Venezuela, les deux pays. Elle passe par Santa Helena do Uiaren avant d’arriver au poste frontière brésilien de Pacaraima, 10 kilomètres plus loin .

Avec 60 000 habitants, Santa Helena était il y a quelques années, plus grande que Pacaraima 12 000 habitants. Mais avec l’immigration, les proportions se sont inversées. Dans cette ville far west équipée d’un simple passage à niveau à l’entrée d’un pont, commence le Brésil et la route BR 174.

Elle fait 960 kilomètres et mène jusqu’à Boa Vista, capitale de l’État du Roraima puis Manaus, capitale de l’État d’Amazonas. C’est le long de cette route que les Vénézuéliens tentent leur chance à Boa Vista d’abord, puis à Manaus. Les deux capitales sont engorgées.

La Roraima estime qu’il y a 40 000 Vénézuéliens immigrés dans sa capitale, un douzième de sa population. Beaucoup dorment dans les rues ou des immeubles abandonnés, sans portes ni fenêtres. Dans le quartier populaire de Mecejana, ils subissent la pression d’autres immigrés.

L’un d’eux, arrivé il y a 2 ans de Guayana, une ancienne colonie britannique, a jeté ce week-end des bombes incendiaires contre des familles vénézueliennes, atteignant une femme et un enfant. Désemparées, ces réfugiés sont confrontées à l’insécurité, l’insalubrité et la prostitution.

Tous fuient la crise économique dans leur pays mais surtout, l’absence de denrées alimentaires, bloquées, non pas par le gouvernement de Maduro mais par les entreprises privées vénézuéliennes chargées d’exporter. Ces réfugiés recherchent également des soins dans les hôpitaux brésiliens.

Depuis que le Venezuela est entré en crise, le flux des passages par la frontière de Pacaraima ne cesse d’augmenter. Selon Human Right Watch, 7 000 avaient franchi la frontière en 2016. En 2017, la Police Fédérale a annoncé que 70 000 avaient fui en direction du Brésil: 10 fois plus.

En janvier 2018, la pression a encore augmenté: 12 000 nouveaux vénézuéliens ont immigré. On emploie à dessein le terme d’«immigré» car au Brésil, le statut de réfugié «économique» n’existe pas. Ces Vénézuéliens par ailleurs ne disent pas souffrir de persécution politique dans leur pays.

Jusqu’en 2015, année de l’impeachment de la Présidente de gauche Dilma Rousseff par les secteurs conservateurs du Brésil, les deux pays, membres des mêmes organisations régionales, étaient en bon terme et même amis.

Ce n’est plus le cas et le Président Temer n’a pas manqué d’exploiter la situation. Il a profité de sa visite à Boa Vista pour renouveler ses critiques au gouvernement de Caracas et il confié à une radio locale: «Nous sommes dans une situation d’ affrontement diplomatique».














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