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Au Cameroun, les secteurs de l’huile et du savon sont aussi des victimes de Boko Haram

Les hommes d'affaires accusent des millions de dollars de pertes, ne pouvant plus vendre leurs produits dans les pays frontaliers.

26.05.2015 - Mıse À Jour : 26.05.2015
Au Cameroun, les secteurs de l’huile et du savon sont aussi des victimes de Boko Haram

AA/ Douala/ Pado Chemie

Depuis le début des exactions du groupe nigérian Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun, en novembre dernier, les hommes d’affaires des secteurs savonnerie et huilerie ne parviennent plus à écouler leurs marchandises.

« Nous vendons la plus grande partie de nos produits au Tchad, au Nigéria et en République Centrafricaine. Les voies par lesquelles nous passons pour atteindre ces pays ne sont plus sécurisées à cause de Boko Haram et des bandes armées centrafricaines. Les chauffeurs ne peuvent pas risquer leur vie pour le Nigéria, pourtant l’un des plus gros consommateurs de nos savons », a indiqué à Anadolu Mama Tajoudimi.

Ce directeur technique de la Société camerounaise de raffinage (Scr) « Maya & cie », l’une des plus grosses sociétés de raffinage au Cameroun, explique que son entreprise, spécialisée dans la production d’huile et de savon, qui emploie plus de 600 personnes avec un chiffre d’affaires de 36 milliards de F. Cfa (61,2 millions Usd), est au bord de la faillite.

« Nous avons dans nos magasins 200 mille cartons de savon stockés et 150 mille cartons d’huile raffinée. Nous sommes submergés », s’inquiète Mama Tajoudimi.

« Que ce soit au niveau de l’huilerie ou de la savonnerie, entre les mois de janvier et mai 2015, nous accusons déjà un déficit au niveau de la production de 45-50% par rapport à l’année 2014. Ce sont des millions de pertes », ajoute-t-il.

L’entreprise Azur, autre gros producteur des savons et huiles raffinées du même nom, employant près d’un millier de personnes a réduit sa capacité de production de 50%.

« Nous avons 3500 tonnes de savons stockés dans les magasins. Ce sont des millions, des milliards même de perte. Si la situation continue, nous allons arrêter nos activités », prévient Djafarou, directeur des exploitations de l’entreprise Azur.

Face à la voie routière reliant le Cameroun au Tchad, à la Rca et au Nigéria, bloquée à cause des exactions de  Boko Haram, certaines entreprises camerounaises ont fermé leurs usines de production.

La société de raffinage d’huile de palme, Proicam, a fermé ses usines de production de Bonabéri, situé à l’entrée Ouest de la ville de Douala, capitale économique du Cameroun, et celle de la localité de Yato.

« Nous avons 2500 tonnes d’huile végétale, 1800 tonnes d’huile issus de l’huile de soja et 680 tonnes d’huile brute stockées dans nos magasins. Nous ne pouvons plus continuer à produire si nous n’écoulons pas nos marchandises. Des centaines d’employés sont au chômage technique », avoue impuissant à Anadolu, Yves Kollo, directeur général de Proicam.

Si les chiffres exactes de ces pertes engendrées par les entreprises de savonnerie et d’huilerie camerounaises ne sont pas connues, les promoteurs sont unanimes sur un point : ils sont au bord de la faillite.

« Nous sommes en train de consolider ces chiffres. Mais, soyez surs, on ne peut pas cesser de vendre et continuer à payer des employés. Si tout continue, nous serons obligés de mettre la clé sous la porte », assure Jacquis Kemleu Tchabgou.

Le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) explique que les promoteurs sont en train de réfléchir à des voies et moyens pour acheminer leurs produits vers le Tchad, la Rca et le Nigéria.

Il précise que des nouveaux « corridors de transition ont été identifiés ». « Nous étudions les possibilités avec le gouvernement », dit-il.

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