Politique

Arabie Saoudite: la transition entre " le tout va bien" officiel et les différends des coulisses

Certains membres de la famille royale refusent que Moqran bin Abdelaziz devienne prince héritier considérant que le prince Ahmad bin Abdulaziz ancien ministre de l’Intérieur est mieux désigné pour occuper le poste.

23.01.2015 - Mıse À Jour : 23.01.2015
Arabie Saoudite: la transition entre " le tout va bien" officiel et les différends des coulisses

AA/Abderrahmane Taha

Les prochaines heures seront décisives pour l’histoire de l'Arabie Saoudite, affirment des observateurs pour qui «la transition réussie et pacifique  au pouvoir- après le décès du Roi Abdallah- demeure tributaire d’un ensemble de facteurs».

Sur le plan officiel les choses se passent  sans entraves  et comme prévu. La cour royale a, en effet,  annoncé vendredi que le prince héritier Salmane bin Abdel Aziz al-Saoud (79 ans) a été  désigné Roi d’Arabie Saoudite et ajouté que «le Roi Salmane Bin Abdelaziz appelle le conseil d’Allégeance à approuver Moqran Bin Abdelaziz au poste de prince héritier».

Ainsi et selon les informations officielles disponibles le prince Salmane bin Abdel Azziz a reçu l’allégeance du Conseil de tutelle, devenant Roi d’Arabie Saoudite et le prince Moqran bin Abdelaziz a recueilli l'approbation pour devenir le nouveau prince héritier du royaume. Le Conseil d’allégeance a été crée sur décision du défunt roi Abdallah Bin Abdelaziz en octobre 2006 et a été chargé de la mission de choisir le Roi let le prince héritier.

Les citoyens du Royaume prêteront allégeance au Roi Salman Bin Abdelaziz et au prince héritier Moqran Bin Abdelaziz, dans la soirée du vendredi, après la prière, au Palais royal, à Riyad. L’allégeance de la population prend toutefois office de formalité étant donné que le plus important reste l’accord du conseil d’allégeance.

  Cependant la méthode par laquelle l’accord du Conseil est obtenu et le nombre de voix obtenues sont deux facteurs déterminants  pour la qualité de la transition et sa réussite.

Il est, en effet connu que certains membres de la famille royale refusent que Moqran bin Abdelaziz devienne prince héritier considérant que le prince Ahmad bin Abdulaziz ancien ministre de l’Intérieur est mieux désigné pour occuper le poste.

Partant de ce constat il s’avère que plus il y a de voix pour le choix du prince Moqran plus les chances d’une transition pacifique et réussie sont grandes.

En relayant le communiqué de la Cour royale concernant la désignation de Salmane bin Abdelaziz et de Moqran bin Abdelaziz respectivement roi et prince héritier d’Arabie Saoudite, l’agence de presse officielle ( SPA) n’a pas spécifié le nombre de voix ayant approuvé le prince Moqran se contentant d’annoncer qu’il a reçu l’allégeance du Conseil.

Un autre facteur décidera de la qualité de la transition au pouvoir, il s'agit de la procéduire de l’allégeance, c'est-à-dire si le Conseil a tenu une réunion pour ce faire ou s'il s’est contenté d’obtenir les accords par téléphone comme ce fût le cas dans le passé.

Le poste de prince héritier est important dans la mesure où celui qui l’occupera choisira le jour ou il accèdera à la tête du royaume, le prince héritier qui, à son tour, lui succédera. Celui-ci pourrait être un des petits fils du Roi Abdelaziz , compte tenu de l’âge avancés des fils de ce même roi. Des informations circulent en effet, sur une rivalité qui opposerait le prince Mutaab bin Abdelaziz ministre de la Garde nationale et son neveau, le prince Mohamed bin Nayef ministre actuel de l’Intérieur pour ce poste de prince héritier dans l'avenir.

Le troisième point qui déterminera la réussite de la transition au pouvoir à la tête du royaume concerne le choix du successeur du prince héritier lui-même, un poste créé le 27 mars dernier par le roi Abdallah et pour lequel il a désigné son demi frère, le prince Moqran. Un poste aujourd’hui vacant et auquel beaucoup aspirent.

De part son histoire qui fait d’elle la monarchie qui a  le mieux et le plus conservé sa stabilité parmi celles des pays arabes, l’Arabie Saoudite devrait  parvenir à dépasser d’éventuels différends étant donné que toute forme de conflit ne servira aucune partie face, notamment, aux défis sécuritaires véhiculés par les Houthis au Yémen voisin du sud du Royaume d'une part et l’EIIL en Irak frontalier du nord du Royaume, de l'autre.

La décision prise en mars dernier par le Roi Abdallah concernant l’institution d’un nouveau poste de successeur de l'héritier du trône, a nommé à ce poste le prince Moqran.

Le communiqué royal publié à l’époque par l’Agence de presse saoudienne avait  rapporté que la désignation du prince Moqran a été faite conformément à l’intérêt public et après l’accord des trois quart des membres du Conseil d'allégence (au nombre de 35).  

Le communiqué royal avait spécifié qu’il était totalement prohibé de rectifier et d’apporter des modifications à la décision royale concernant le prince Moqran. Restriction qui laisse présumer que le Roi savait que son choix faisait objet de controverses et était contesté par certains parmi les membres du Conseil.

 Le prince Khaled bin Talel avait  noté à l'époque sur son compte Twitter  «que si le choix du prince Moqran a été approuvé par les trois quart des membres du Conseil c’était surtout pour se conformer au désir du Roi (décédé ce vendredi) » mettant en garde contre les conséquences de ce choix notamment le risque de scission.

L'allégeance faite, en mars dernier, au prince Moqran  par un grand nombre des membres du conseil n’a donc été inspiré que par le désir d'obéir au choix du Roi et non pas par conviction, ce qui laisse planer un risque de conflit autour du poste de prince héritier.

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