Politique

Algérie-France : Des personnalités des deux pays appellent Tebboune et Macron à résoudre la crise diplomatique

- Dans une lettre ouverte signée par une quarantaine de personnalités des deux pays

Aksil Ouali  | 18.08.2025 - Mıse À Jour : 21.08.2025
Algérie-France : Des personnalités des deux pays appellent Tebboune et Macron à résoudre la crise diplomatique

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AA / Alger / Aksil Ouali

Une quarantaine de personnalités algériennes et françaises ont appelé, ce lundi, les présidents des deux pays, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, à résoudre la crise diplomatique qui dure depuis plus d’une année. Dans une lettre ouverte publiée sur le site français Mediapart, les signataires ont exprimé leur « inquiétude et gravité » face à une « nouvelle phase de tensions, d’incompréhensions et de crispations » caractérisant la relation entre Alger et Paris.

« Nous vous écrivons aujourd’hui, en tant qu’Algériens, Français, Franco-Algériens et amis des deux rives, avec inquiétude et gravité, mais aussi portés par un espoir sincère », ont-ils écrit.

Parmi les premiers signataires figurent des universitaires reconnus tels qu’Aïssa Kadri, professeur des universités ; Ahmed Mahiou, juriste et ancien doyen de la faculté de droit d’Alger ; les historiens Alain Ruscio et Gilles Manceron ; Alice Cherki, psychiatre et psychanalyste ; Todd Shepard, professeur à Johns Hopkins University. On y trouve également des acteurs de la société civile, dont Farid Yaker (Forum France-Algérie), Louisa Ferhat (Association Femmes Berbères Européennes), Jacques Pradel (Association des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Ami·e·s), ainsi que des anciens appelés de la guerre d’Algérie comme Stanislas Hutin et Michel Berthelemy.

Les auteurs de cette lettre estiment que, même si les relations franco-algériennes traversent une crise inédite, une « approche politique courageuse et une volonté partagée peuvent ouvrir la voie à une réconciliation durable ». Ils ont également exprimé leur aspiration « à vivre en paix sans être stigmatisés, caricaturés ou transformés en boucs émissaires ; à être reconnus dans leur dignité ; à ne plus être pris en otage dans des tensions politiques dont ils ne sont ni les auteurs ni les responsables ».

Ce faisant, ils ont lancé à l’adresse des deux présidents : « Vous avez le pouvoir et le devoir d’ouvrir une voie de sortie de crise : rétablir un dialogue franc, traiter avec courage et honnêteté les questions mémorielles, renforcer les échanges humains, culturels et économiques entre nos deux pays ».

Selon les signataires, les relations franco-algériennes « ne peuvent se réduire à des calculs électoraux ou à des postures diplomatiques éphémères ». Cet avenir, soutiennent-ils, « concerne des millions de vies, engage les générations à venir et façonne l’image de nos nations à l’échelle mondiale ».

La crise entre l’Algérie et la France a éclaté fin juillet 2024 après la décision du président Macron de reconnaître la marocanité du Sahara occidental. Elle s’est aggravée avec l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal et le contentieux autour de l’expulsion des Algériens frappés d’une OQTF. Pendant cette brouille, il n’y a eu qu’une seule tentative de réconciliation.

C’était à l’occasion d’un échange téléphonique entre les présidents Tebboune et Emmanuel Macron, le 31 mars 2025, lors duquel ils ont tracé une feuille de route pour relancer les relations bilatérales. Le 6 avril dernier, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a effectué une visite officielle à Alger pour « tourner la page ».

L’apaisement n’a été que de courte durée. Le 14 avril, l’Algérie a annoncé l’expulsion de douze diplomates français. Le lendemain, en réponse directe, la France a répliqué en déclarant qu’elle allait expulser à son tour douze diplomates algériens.

Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».

« Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) mais plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré. Le 7 août courant, le président français Emmanuel Macron a demandé la « suspension officielle » de l’accord de 2013, déjà mis de facto en pause depuis un renvoi réciproque de diplomates en mai.

Le chef d'État français souhaite également que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, obtienne une coordination avec les autres pays de l’espace Schengen pour limiter l’accès au territoire européen des responsables algériens concernés. Cette crise s’ajoute à un contentieux historique très profond entre l’Algérie et la France.

En plus de la question des archives et de la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame des réparations pour les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. Elle demande également la reconnaissance des crimes coloniaux par la France.

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