
AA/Desk français/Fethi Djebali
Un mécanisme africain de coordination et de coopération des institutions policières africaines (Afripol) est en gestation. Bâti sur le modèle d’Interpol, il devrait améliorer la capacité des pays de l’Afrique à faire face aux défis sécuritaires continentaux. Mais, selon des experts, cette institution sécuritaire devrait d’abord relever plusieurs défis.
A Nouveaux défis, nouveaux mécanismes. L’Afripol, le tout nouveau réseau des institutions policières africaines qui devrait voir le jour en 2015 suscite, depuis quelques temps, l’’enthousiasme aussi bien chez les hommes politiques que les responsables africains en charge de la sécurité. L’Union africaine (UA), qui accueille le comité de suivi du projet, a appelé, jeudi, toutes les institutions policières locales à coopérer avec cette nouvelle institution.
L’idée est née en février 2014 à l’issue de la conférence régionale des chefs de police africains et matérialisée par la déclaration d’Alger. Depuis, le projet a fait son chemin. Il a notamment été adopté par l’Union africaine lors de son dernier sommet à Malabo du 20 au 27 juin dernier et une commission Ad hoc a été mise en place pour assurer la mise en œuvre des structures.
Selon la déclaration initiale qui sert de feuille de route, l’Afripol servira « aux fins d’élaborer une vision stratégique globale pour les activités de coopération policière en Afrique et de faciliter la mise en place de politiques coordonnées en matière de police par les responsables des organisations de coopération policière régionales africaines, en collaboration avec Interpol et l’Union africaine ».
Pour, Smaïl Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine « Les groupes criminels sont influencés par les événements dans les pays voisins. Ils s’activent en dehors de leurs frontières, ce qui exige une coordination entre les polices africaines », a-t-il indiqué lors de la conférence fondatrice en février dernier. Et d’ajouter « L’Afrique est devenue une région de transit des trafiquants d’armes, des narcotrafiquants, des réseaux spécialisés dans l’immigration clandestine ».
« La mise en réseau des polices africaines est un enjeu majeur. En effet, l'Afrique de par son étendue et sa démographie fait face à des défis sécuritaires que beaucoup d'autres continents ignorent, où, ne connaissent que superficiellement. De ce point de vue, le partage de l'information pour les forces de sécurité africaine est une voie de salut », a déclaré à Anadolu, Joseph Vincent Ntuda Ebodé, géostratège Chef du Centre de Recherche d'Etudes Politiques et Stratégiques (Yaoundé).
Si l’idée de l’Afripol est nouvelle, l’idée d’une mise en réseau des polices africaines ne l’est pas. Plusieurs réseaux sous régionaux existent déjà notamment l'Organisation de coopération des Chefs de police d'Afrique de l'Est (EAPCCO), le Comité des chefs de police d'Afrique centrale (CCPAC) et de l’organisation des chefs de police de l'Afrique australe (SARPCCO).
Mais malgré son rôle de parapluie sur les questions intercontinentales, l’Afripol n’aura pas carte blanche sur tous les problèmes sécuritaires. Selon la feuille de route fixée par ses fondateurs il se chargera, essentiellement du trafic de drogue, de la criminalité organisée et du terrorisme et d’autres fléaux comme le trafic de faux médicaments qui prospèrent sur le continent.
D'après Ntuda Ebodé « la lutte contre la piraterie maritime ou la criminalité transfrontalière passera par une mutualisation des intelligences à l'échelle régionale, sous régionale et internationale ».
Mais les nobles ambitions que s’est assigné l’Afripol ne lui éviteront pas de devoir se heurter à des problèmes inhérents à la nature même des pays africains membres de cette institution. «L’Afripol devra faire face d'abord à ce qu'on appelle dans le jargon policier la guerre des polices. Elle devra en outre surmonter les égoïsmes nationaux des pays et surtout, renforcer sa capacité à garder la confidentialité des renseignements dans un contexte où la corruption semble gagner en ampleur », indique Ntuda Ebodé.
Comme la déclaration initiale y fait référence cela nécessitera aussi « l’harmonisation des méthodes policières, l’adoption des meilleures pratiques en matière d’investigation et l’échange des expertises ».
« On n'a pas besoin d'une réforme du secteur de la sécurité en générale, mais d’ajustements entre pays et une harmonisation des législations ayant un rapport à la coopération policière, en s'inspirant bien évidemment des élément positifs d'Interpol », ajoute Ntuda Ebodé.
Pour aplatir ces problèmes l’Afripol devra tirer profit de plusieurs instruments qui sont également en gestation, notamment le Fond africain de contreterrorisme et la Convention africaine d’arrestation et de transfert des criminels. Des groupes armés comme Boko Haram au Nigéria, le narcotrafic au Nord-Mali, la traite humaine et le braconnage illégal devraient figurer en haut de son agenda d’action.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.