Les familles de deux jeunes, morts dans une sous-station d'électricité en 2005, assistent depuis lundi au procès de l'affaire "Zyad et Bouna" dans la ville de Rennes (nord-ouest de France). Accompagné du copain de leurs fils qui a survécu à l'incident, ils affrontent dix ans plus tard, deux policiers français, jugés pour être en lien avec la mort des deux jeunes. 

Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans) avaient trouvé la mort dans la réactance d'un transformateur EDF (entreprise française d'électricité), à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 alors qu'ils tentaient d'échapper aux forces de l'ordre. Muhittin Altun (17 ans), un autre jeune d'origine turque, grièvement brûlé lors de l'incident, est le seul rescapé et témoin de l'accident. Le soir même du 27 octobre, des violences avaient éclaté dans cette banlieue parisienne, point de départ de trois semaines d'émeutes partout dans le pays, d'un niveau sans équivalent en Europe. Les émeutes s'étaient répandues essentiellement dans les banlieues, mobilisant des centaines de jeunes en grande partie issus de l'immigration. 

''Pourquoi Zyed et Bouna sont morts, pourquoi dois-je survivre avec ces blessures et souvenirs obsédants, pourquoi les policiers ne nous ont pas aidé, pourquoi ils sont venus nous pourchasser d'abord...? Pourquoi la justice n'est toujours pas rendue dix ans après notre tragédie?'', s'est interrogé Altun, aujourd'hui âgé de 27 ans, en s'exprimant à Anadolu. 

''On a toujours espéré connaître la vérité et que la justice soit rendue'', a confié Adel Ben Amor El Benna, frère de Zyed, dans l'interview qu'il a accordée à Anadolu. Selon Benna, "connaître la vérité, bien que ''tardivement'', serait plus important que tout éventuel jugement à l'issue du procès". 

Siyakha Traoré, frère ainé de Bouna, a aussi fait part de son souhait de connaître la vérité et de voir la justice rendue dans cette affaire. Selon Traoré, les policiers doivent être condamnés car ils ''n'ont pas porté assistance à Bouna et à Zyed''.

Les policiers Sébastien Gaillemin, 41 ans et Stéphanie Klein, 38 ans, sont notamment accusés de ''non assistance à personne en danger'', un délit passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, d'après le code pénal français. 

Les deux policiers, toujours en exercice depuis 2005, avaient aperçu deux silhouettes dans la banlieue parisienne et l'un d'entre eux avait déclaré par radio: ''Je pense qu'ils sont en train de s'introduire sur le site EDF, en même temps, s'ils rentrent sur le site, je ne donne pas cher de leur peau''.

Selon l'avocat de la défense Jean-Pierre Mignard, ''le cœur de ce procès est de prouver que les deux policiers savaient qu'il y avait trois enfants innocents dans ce local électrique mortel''. S'exprimant à Anadolu, il a affirmé qu'ils n'ont pas pris la responsabilité et surtout, ils étaient ''froids'' et ''indifférents'' comme révèlent les enregistrements de la radio de police.