A la veille de la "Marche du Grand retour", Israël ordonne l’usage "de munitions réelles"
- Contre quiconque franchit la clôture de sécurité dressée le long de la frontière de la Bande de Gaza

Quds
AA/ Jérusalem/ Abdel Ra'uof Arnaout
A la veille de la "Marche du Grand retour", Israël estime que la tâche principale que doit exercer son armée, vendredi, est d'empêcher les Palestiniens de franchir la clôture de sécurité dressée le long de la frontière de la Bande de Gaza.
Le Cabinet israélien aux Affaires sécuritaires et politiques a en effet étudié, durantces derniers jours, tous les scénarii possibles lors de cet événement.
Il à noter que la "Marche du Grand retour", qui devrait être lancée, vendredi 30 mars, vise à rompre le blocus israélien imposé à la Bande de Gaza depuis plus de 10 ans. L’événement coïncide, d’autre part, avec "la Journée de la Terre", qui commémore la confiscation, en 1976, par Israël de 25 mille dounams (un dounam = 1000 mètres carrés) de terre en Galilée.
Il ressort des déclarations de responsables et de porte-parole israéliens que le gouvernement a ordonné "l'usage de munitions réelles pour empêcher les Palestiniens d'avancer [au-delà de la clôture de sécurité]".
Le Commandement de l'intérieur relevant de l'armée de défense d'Israël a ordonné aux Israéliens des communautés jouxtant la Bande de Gaza de se munir, vendredi, de leurs propres armes.
La chaîne israélienne "Aroutz 2" a, de son côté, rapporté que "les services de sécurité avaient ordonné aux civils dans les communautés jouxtant la Bande de Gaza de se tenir prêts à toute éventualité".
"Puisqu’il serait fort probable que les Palestiniens franchissent la barrière de sécurité entourant la Bande de Gaza, tous les Israéliens sont invités à se doter de leurs propres armes", ajoute la source.
L'Armée de défense d'Israël avait, quant à elle, reçu des instructions explicites de tirer sur tout Palestinien tentant de franchir la barrière séparant la Bande de Gaza d'Israël dans le cadre de la "Marche du Grand retour".
Le quotidien israélien "Haaretz" a rapporté dans son numéro du 29 mars que "l’institution de sécurité estimait, de son côté, que l’armée israélienne serait en mesure d’empêcher les Palestiniens de franchir la barrière de sécurité, et que l'usage aux munitions réelles était envisagé".
L'armée israélienne prévoit de renforcer la présence de ses forces à la frontière de la Bande de Gaza, de déployer des dizaines de snipers dans cette région, d’utiliser des drones équipés de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants palestiniens et, si nécessaire, de tirer à balles réelles contre les manifestants, ajoute "Haaretz".
Le directeur du service de sécurité intérieure israélienne [Shabak], Nadav Argaman, et le chef d’Etat-major israélien, Gadi Eizenkot, ont présenté, mercredi, devant le Cabinet, les préparatifs des forces armées ainsi que les évaluations préparées par le service des renseignements, lit-on dans l’article du journal.
La source a, également, ajouté que Argaman et Eizenkot ont informé les participants à la session du Cabinet israélien que la tâche principale des forces israéliennes, vendredi, était d'empêcher les Palestiniens de franchir la clôture de sécurité dressée le long de la frontière de la Bande de Gaza.
Les deux hauts responsables israéliens ont, par ailleurs, fait état d’un nombre considérable de Palestiniens ayant érigé des dizaines de tentes du côté gazaoui de la clôture de sécurité, et affirmé que l’armée serait en mesure de gérer une telle situation.
Quant au journal israélien "Israël Hayom", il a mis en garde contre "un bain de sang, vendredi, à Gaza".
D’autre part, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a fait savoir, mercredi, à travers son compte officiel Twitter que "les forces de Tsahal ont été renforcées, à la frontière avec la Bande de Gaza, par le déploiement de snipers".
"L'armée affrontera toute tentative de violation de la souveraineté israélienne. Nous ne permettrons pas que le mur frontalier soit contourné", a-t-il ajouté, n’excluant pas le retour à la politique d’assassinats.
"Si nécessaire, nous riposterons au niveau du mur et dans le Bande de Gaza contre ceux qui sont derrière ces manifestations violentes - la branche militaire du Hamas", a menacé Adraee.
Des activistes palestiniens ont, de leur côté, érigé des dizaines de tentes à environ 700 mètres de la frontière Est séparant la Bande de Gaza d'Israël dans le cadre des préparatifs menés par le comité national supérieur de la "Marche du Grand retour".
Le comité avait annoncé, auparavant, l’organisation de cet événement, le 30 mars à la frontière de la Bande de Gaza. "La marche pacifique qui serait organisée près de la frontière avec l’occupation inclurait des mesures concrètes sans précédent", avait ajouté le comité.
Les manifestants seront, à cet égard, empêchés de recourir à toute forme de violence. Le caractère "pacifique" de la marche.a ainsi été réitéré par les organisateurs.
Ceux-ci ont mis en place des installations publiques mobiles afin de permettre aux manifestants de tenir des sit-in permanents. Des bus ont été, également, alloués pour transporter les Palestiniens, gratuitement, vers les zones frontalières.
De son côté, le ministère palestinien de la Santé a annoncé dans un bref communiqué dont Anadolu a eu copie, "un état d'alerte dans tous les hôpitaux, centres de santé et points médicaux à travers la Bande de Gaza, en prélude à la tenue de la "Marche du Grand retour" ".
L’Organisation des Nations unies (ONU) a, quant à elle, appelé l'armée israélienne à ne pas cibler les civils, en particulier les enfants palestiniens lors de la "Marche du Grand retour", a rapporté, mercredi, le site d’infirmation "infos-israel.news".
"J’appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à prendre les mesures nécessaires pour éviter une escalade violente. L’usage de la force par Israël doit également être calibré. Israël doit assumer ses responsabilités en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire", a déclaré le Coordinateur onusien du processus de paix au Moyen-Orient, Nikolaï Mladenov, cité par la même source.