AA - Bangui - Nacer Talal
Bon nombre des quatre mille musulmans miséreux qui se sont réfugiés dans la mosquée de Bangui en RCA ont perdu leurs maisons et leurs propriétés, a constaté sur place un correspondant d'Anadolu.
Ces réfugiés aux alentours et dans cette mosquée sombrent dans la panade et offrent à l'œil nu un triste kaléidoscope d'images. Des images qui miment la condition de ces damnés de la terre.
Les conditions d'une vie décente sont complètement absentes du côté de la mosquée centrale de Bangui, récemment érigée en un refuge pour les Musulmans fuyant un centre-ville embrasé. Tout ce qu'on croise là-bas a pour dénominateurs communs précarité et misère.
Dans ce refuge loin d'être ordinaire, tout ce qui s'offre à l'œil nu est cru, brutal et macabre. Femme allongée au sol au visage amaigri, tristes regards d'enfants, d'autres scrutant l'horizon, balluchons en désordre et fourgon bien chargé, le paysage rappelle celui des villes rescapées de grandes catastrophes naturelles.
Fumées noires émanant de tous côtés, bipèdes entassés les uns à côté des autres, matelas et babioles éparpillés ici et là, la mosquée semble avoir perdu sa vocation essentielle, se transformant ainsi en un abri pour ces crève-la-faim et ces va-nu-pieds, victimes d'une guerre dont ils ne sont pas les détonateurs. La mosquée de Bangui offre aujourd'hui un kaléidoscope d'images qui mimerait le dernier de sauvagerie atteint par la civilisation humaine.
Les réfugiés en question souffrent, pour la plus part d'entre eux, d'une pénurie de nourriture et d'eau et se trouvent à présent dans l'attente d'un convoi de la force de soutien internationale à la Centrafrique sous conduite Africaine, MISCA, qui les escortera jusqu'à la frontière tchadienne.
Ces mêmes réfugiés ont perdu leurs maisons et leurs propriétés et accusent les soldats de "Sangaris" (force militaire française en opération spéciale déployée depuis le 5 décembre 2013 afin de neutraliser les groupes armés) , de laisser les Anti-Balaka (milices chrétiennes) faire ce qu'ils veulent.
Durant toute la journée de mardi, plusieurs camions ont ainsi rejoint la mosquée centrale, attendant que l'unité Misca protège leur convoi.
