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À Séville, Macron dénonce un "chantage" tarifaire et plaide pour un commerce mondial plus équitable

– Sans jamais nommer les États-Unis, le Président français fustige les droits de douane imposés aux pays du Sud et alerte sur une guerre commerciale « aberrante ».

Ümit Dönmez  | 30.06.2025 - Mıse À Jour : 30.06.2025
À Séville, Macron dénonce un "chantage" tarifaire et plaide pour un commerce mondial plus équitable

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez​​​​​​​

Le chef d'État français Emmanuel Macron a vertement critiqué, lundi à Séville (Espagne), les politiques commerciales protectionnistes qui freinent le développement des pays émergents, sans toutefois citer nommément les États-Unis ni Donald Trump.

Le Président français intervenait dans le cadre de la quatrième Conférence internationale des Nations unies sur le financement du développement (FFD4), coorganisée par Madrid et l’ONU.

Par voie de discours, il a dénoncé une « guerre commerciale » contre-productive, estimant que « remettre de la guerre commerciale et des tarifs à ce moment de la vie de la planète est une aberration, surtout quand je vois les tarifs qu'on est en train de mettre sur des pays qui sont en train de commencer leur décollage économique ». Il a accusé les puissances commerciales dominantes d’utiliser ces outils comme des « instruments de chantage », au lieu d’en faire des leviers de justice.

Sans le nommer, la référence à Donald Trump et à la relance de mesures protectionnistes américaines semblait évidente, quelques jours après l’annonce par Washington de hausses de droits de douane sur plusieurs produits industriels en provenance de pays du Sud, notamment dans les secteurs de l’énergie verte et des métaux critiques.

Dans ce même discours, Macron a détaillé les grands axes de sa vision pour réformer en profondeur le financement du développement.

Il a d’abord plaidé pour une mobilisation accrue des ressources internationales, par la poursuite de la redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI et la mise en place de nouvelles taxes internationales, notamment sur le transport maritime ou l’aviation, secteurs jugés « bénéficiaires de la mondialisation ».

Il a ensuite insisté sur la nécessité de mieux utiliser l’argent public, en réformant les banques multilatérales de développement. Il a notamment pointé les institutions qui se « félicitent de ne jamais avoir mobilisé de garanties », dénonçant une forme de frilosité financière inadaptée aux besoins actuels.

Troisième priorité : respecter la souveraineté des pays bénéficiaires, en accompagnant des « stratégies nationales », plutôt qu’en imposant des programmes conçus dans les capitales occidentales. Il a vanté l’approche dite de « plateforme pays », déclinée dans les programmes climatiques (JETP), la biodiversité, la santé ou l’agriculture.

Enfin, il a insisté sur la nécessité de développer des chaînes de valeur industrielles dans les pays du Sud, refusant la logique extractive dominante. Il a évoqué les efforts menés en Afrique pour produire sur place des biens de santé ou pour transformer localement les ressources minières.

Macron a également alerté sur la nécessité de réduire le coût du capital dans les pays vulnérables, appelant à dérisquer les investissements et à simplifier la réglementation internationale qui, selon lui, a « créé de l’éviction » au lieu de faciliter l’investissement privé.

Le discours du Président français s’inscrit dans un moment stratégique pour la diplomatie française, à l’aube de la présidence française du G7 en 2026.


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