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À Gaza, « le tissu même de l’existence humaine disloqué », alerte le recteur de la Grande Mosquée de Paris

– Chems-eddine Hafiz appelle à ne pas détourner le regard de la souffrance des civils palestiniens malgré l’émotion mondiale autour des prisonniers israéliens libérés après le cessez-le-feu.

Ümit Dönmez  | 15.10.2025 - Mıse À Jour : 15.10.2025
À Gaza, « le tissu même de l’existence humaine disloqué », alerte le recteur de la Grande Mosquée de Paris

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

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Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, alerte sur le drame humanitaire à Gaza dans un contexte marqué par un regain d’émotion mondiale autour de la libération de prisonniers israéliens, suite au cessez-le-feu récemment mis en place.

Par voie d’un communiqué publié ce mercredi, Hafiz salue les scènes de joie diffusées à travers le monde, montrant les retrouvailles de prisonniers israéliens avec leurs familles. Il estime qu’il serait « indécent de ne pas s’en réjouir », y voyant l’émergence possible d’« une humanité réconciliée avec elle-même ». Mais il prévient : « toute émotion sincère porte avec elle son envers : la douleur de ceux que l’on oublie ».

Chems-eddine Hafiz appelle ainsi à ne pas détourner le regard de Gaza, où « la guerre n’a pas seulement brisé des murs, elle a disloqué le tissu même de l’existence humaine ». Il évoque un territoire palestinien exsangue, ravagé par « deux années de destruction méthodique » et transformé en « une plaie ouverte ».

Dans ce même texte, il dénonce un bilan dramatique : « plus de soixante-dix mille morts », des centaines de milliers de blessés, des générations d’enfants sans école, des femmes sans abri et « des hommes sans avenir ». Il décrit une situation où l’eau manque, où « les hôpitaux sont devenus des cimetières » et « les mosquées des ruines ».

Cette prise de parole intervient alors qu’un cessez-le-feu vient d’entrer en vigueur entre Israël et plusieurs mouvements palestiniens, après des mois d'attaques israéliennes intenses contre l'enclave palestinienne. La trêve, obtenue sous l’égide de plusieurs médiateurs internationaux, prévoit un échange de prisonniers et un allègement partiel du blocus imposé par Tel Aviv. Sur le terrain, les attaques israéliennes ont cessé mais la situation humanitaire reste critique.

Le recteur insiste sur le risque d’une émotion à géométrie variable. « Cette joie est celle de la vie qui reprend le dessus, de la peur qui s’éloigne, ne serait-ce qu’un instant », écrit-il, avant de rappeler que sous les décombres de Gaza, « il reste encore des voix qui gémissent, des regards qui espèrent ».

En appelant à « ne pas différer la justice », Chems-eddine Hafiz s’adresse aux consciences : sans reconnaissance pleine des souffrances civiles de part et d’autre, aucune paix ne sera durable.

Au-delà de la compassion immédiate, son message invite à une exigence : ne pas hiérarchiser les vies, même quand l’émotion médiatique se fait sélective.


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