À Gaza, la médecin d’un bébé palestinien symbole de la « faim » dément les accusations israéliennes
- « En raison du blocage par Israël de l’entrée des compléments nutritionnels vers Gaza, Mohammed Matouk souffre d’une grave malnutrition », a déclaré la Dr Suzan Marouf

Istanbul
AA / Gaza / Nour Abou Aïcha
La médecin de Mohammed Zakariya Eyoub al-Matouk, un bébé palestinien de 18 mois dont Israël conteste la dénutrition, a affirmé que les déclarations israéliennes ne reflètent pas la réalité, confirmant que l’enfant souffre d’une malnutrition sévère.
La photo de ce bébé palestinien, réduit à la peau et aux os, prise sur son lit d’hôpital par le photographe indépendant d’AA, Ahmed Jihad Ibrahim al-Arini, a suscité une large réaction dans la presse internationale.
Ce cliché met en lumière le drame humain causé par le siège et les attaques imposés par Israël contre Gaza.
En raison de sa malnutrition aiguë, le petit Matouk ne pèse plus que six kilos. Ses pleurs déchirants sont apaisés par sa mère avec la seule chose qu’elle possède encore : de l’eau.
Le bébé palestinien est ainsi devenu un symbole pour plus de deux millions d’habitants de Gaza, confrontés à la famine et aux maladies alors que le blocus et les attaques israéliennes se sont intensifiés.
Selon les derniers chiffres du ministère palestinien de la Santé à Gaza, depuis le 7 octobre 2023, 147 Palestiniens – dont 88 enfants – ont perdu la vie en raison de la famine et de la malnutrition.
- La médecin témoigne après l’examen
Après avoir ausculté le bébé, la Dr Suzan Marouf, spécialiste en nutrition clinique à l’hôpital Friends of the Patient, a déclaré à l’Agence Anadolu (AA) que Mohammed Matouk « souffre de problèmes de santé tels qu’un syndrome d’hypotonie musculaire, conséquence directe d’une grave malnutrition ».
La médecin a insisté : « En raison du blocage imposé par Israël à l’entrée des compléments nutritionnels vers Gaza, Mohammed Matouk souffre d’une sévère carence alimentaire. »
Elle a rappelé qu’en janvier, l’enfant souffrait déjà d’un déficit nutritionnel modéré, mais que son état avait pu être stabilisé grâce aux compléments alimentaires disponibles à l’époque.
« En janvier 2025, nous parvenions encore à distribuer des compléments alimentaires grâce aux ressources dont nous disposions. Mais après la fermeture des points de passage, la famine s’est installée et tout a été épuisé », a-t-elle expliqué, soulignant que la santé du bébé s’est détériorée à mesure que les réserves s’amenuisaient.
Selon elle, cette phase de malnutrition entraîne désormais des complications graves pouvant mettre en danger la vie de l’enfant.
D’après le Programme alimentaire mondial (PAM), un quart de la population de Gaza vit actuellement dans des conditions de famine, tandis que 100 000 femmes et enfants palestiniens souffrent d’une malnutrition sévère.
- Les enfants, premières victimes de la faim
La Dre Suzan Marouf a souligné que depuis le début de l’année 2024, avec la propagation de la famine dans la bande de Gaza, le terme « malnutrition » est devenu de plus en plus courant.
Elle a accusé Israël de mener une politique visant à affamer les enfants de Gaza, dont la majorité souffre aujourd’hui de graves carences alimentaires. Son hôpital tentait initialement d’aider ces enfants grâce à des compléments nutritionnels, mais l’interdiction d’entrée des médicaments et des denrées a considérablement aggravé la situation.
La médecin a également insisté sur le manque de lait maternisé, de compléments alimentaires et même de lits d’hôpital pour soigner les malades et les blessés.
Hidayet al-Matouk, la mère de Mohammed, a raconté que son fils souffre désormais d’une malnutrition sévère causée par la famine et qu’il a perdu près de trois kilos.
Elle a expliqué que son fils avait été diagnostiqué à trois mois d’un syndrome d’hypotonie musculaire, provoquant des problèmes neurologiques, mais qu’après plusieurs mois de traitement il avait retrouvé l’usage de ses jambes. Cependant, avec le blocus israélien empêchant l’entrée de l’aide, son enfant a rechuté.
« La fermeture des points de passage par Israël est le crime le plus grave de cette guerre de génocide. Par cette décision, la majorité des habitants de Gaza ont été condamnés à une faim extrême », a déclaré la mère.
Sous blocus et bombardements depuis 22 mois, elle a perdu son mari et affirme que « depuis la fermeture des frontières, aucune aide humanitaire ne nous parvient et nous n’avons plus les moyens de maintenir nos enfants en vie ».
Elle raconte avoir nourri Mohammed avec des soupes de lentilles et des pâtes provenant de cantines populaires : « Ce n’était pas adapté pour un bébé, mais c’était la seule manière de le maintenir en vie. »
Son fils fait partie du million d’enfants privés de nourriture et de lait maternisé en raison du blocus et des bombardements israéliens.
« Israël mène sa guerre contre les familles palestiniennes à travers leurs enfants. Il oblige les parents à regarder leurs enfants mourir, impuissants à les sauver », a-t-elle ajouté.
Selon le Bureau des médias du gouvernement palestinien à Gaza, après l’instauration du blocus, seuls 87 camions humanitaires ont pu entrer.
Israël a affirmé, dimanche 27 juillet, avoir autorisé l’entrée d’aide, mais le directeur général du ministère de la Santé de Gaza, Munir al-Barch, a précisé que ces livraisons étaient minimes et ne comprenaient ni médicaments ni compléments nutritionnels.
Le 21 juillet, Ross Smith, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour les situations d’urgence, a rappelé qu’un quart de la population de Gaza faisait face à la famine et que les cas de malnutrition aiguë augmentaient rapidement. Près de 100 000 femmes et enfants souffrent actuellement d’une malnutrition sévère et nécessitent une prise en charge urgente.
* Traduit du Turc par Adama Bamba
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