À bord de la flottille pour Gaza, Prune Missoffe témoigne de son espoir et de sa détermination malgré les risques
- Alors que la Flottille pour Gaza approche de la côte palestinienne, Prune Missoffe, militante française engagée dans la défense des droits humains, raconte son engagement, ses motivations et ses attentes à bord du Spectre Tiberias

Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
La militante française Prune Missoffe, 34 ans, engagée depuis plusieurs années dans la défense des droits humains, notamment en milieu carcéral, fait partie des passagers de la fottille pour Gaza, une initiative citoyenne visant à briser le blocus israélien et acheminer une aide humanitaire vers la bande de Gaza. Depuis son départ de Barcelone le 31 août, la militante embarquée sur le Spectre Tiberias affirme que l’espoir de parvenir à destination grandit à mesure que le risque d’interception augmente. « Plus les risques d’attaque augmentent, plus l’espoir d’arriver grandit aussi, car cela signifie que nous nous rapprochons du but », confie-t-elle à Anadolu, soulignant l’importance de la mobilisation populaire internationale qui, selon elle, pourrait influencer les gouvernements.
Motivée par l’urgence humanitaire et l’ampleur de la crise à Gaza, Missoffe explique que la diffusion massive d’images de violences et de souffrances l’a poussée à agir concrètement. « Je ne pouvais plus me contenter de manifester ou de relayer des informations. Il fallait que je sois dans l’action pour tenter d’ouvrir un corridor humanitaire et montrer que le peuple palestinien n’est pas seul. »
Le voyage a toutefois été marqué par plusieurs incidents. Le navire a notamment été pris pour cible par des drones explosifs et a subi un piratage de ses systèmes de communication. « Nous avons senti une forte odeur de soufre et dû porter des masques pour éviter des risques pour la santé. Heureusement, il n’y a pas eu de dégâts matériels », rapporte-t-elle.
La flottille est actuellement escortée par des navires militaires italiens et espagnols, ce qui, selon elle, pourrait contribuer à limiter les attaques. Toutefois, la militante estime que la mobilisation citoyenne demeure essentielle pour faire évoluer la situation. « Ce ne sont pas les bateaux militaires qui ouvriront le corridor, mais la pression citoyenne sur nos dirigeants. »
À l’approche d’une possible interpellation par les forces israéliennes, elle adresse enfin un message fort aux autorités françaises : « Tant que la France continuera de participer, même indirectement, au nettoyage ethnique en autorisant l’exportation d’armes vers Israël, elle ne nous représentera pas. Il faut que cette complicité cesse immédiatement. ». Elle appelle les autorités françaises à « revoir leur position » et à « mettre fin à toute coopération pouvant contribuer à la poursuite du conflit ».
- La Global Sumud Flotilla
La Global Sumud Flotilla (ou « Flottille Sumud ») est une coalition internationale de navires civils organisés pour contourner le blocus maritime de Gaza. Elle regroupe des initiatives telles que la Maghreb Sumud Flotilla, la Freedom Flotilla Coalition, le Global Movement to Gaza et le Sumud Nusantara. L’objectif affiché de cette coordination est de « briser le siège illégal sur Gaza par la mer », d’ouvrir un corridor humanitaire et de mettre en lumière ce qu’elle qualifie de « génocide en cours du peuple palestinien ». Le site officiel indique que des délégations issues d’environ 39 pays se sont engagées à participer à cette mission maritime. Avant le départ, les participants subissent des formations à la non-violence, ainsi que des sessions logistiques et de sécurité. Selon le projet, le recours à la mer répond au fait que les voies terrestres vers Gaza sont strictement contrôlées, fréquemment bloquées, ou exploitées par les autorités israéliennes. La flottille cherche ainsi à contourner ces restrictions et à défier le blocus maritime imposé.
- La situation à Gaza
Pour rappel, selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, plus de 65 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début du conflit en octobre 2023, déclenché après une attaque meurtrière attribuée au Hamas.
La majorité des victimes sont des enfants et des femmes, tandis que des centaines de civils ont été abattus dans des zones de distribution d’aide humanitaire ces derniers mois. Ces violences interviennent dans un contexte humanitaire dramatique, alors que la communauté internationale multiplie les appels pour un cessez-le-feu et pour l’acheminement massif d’aide.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré en juillet que Gaza fait face à « une mort et une destruction sans précédent », avec une hausse alarmante de la malnutrition et un effondrement total du système d’aide humanitaire.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné dès janvier 2024 à Israël de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’accès sans entrave à l’aide humanitaire. En juillet 2025, la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, les accusant notamment de crimes de guerre, y compris l’utilisation de la famine comme méthode de guerre.