AA / Genève / Muhammet Ikbal Arslan

L'éventualité d'une véritable incursion militaire à Rafah - où quelque 1,5 million de Palestiniens sont entassés à la frontière égyptienne et n'ont nulle part où fuir - "est terrifiante", a déclaré lundi le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU.

Volker Turk a déclaré, lundi, dans un communiqué qu'il était probable qu'un nombre extrêmement élevé de civils, principalement des enfants et des femmes, soient tués ou blessés lorsqu'Israël déchaînera ses forces dans le sud de la bande de Gaza.

"Il n'y a pas si longtemps, j'avais attiré l'attention sur les souffrances inimaginables auxquelles sont confrontés les Palestiniens de Gaza. Aujourd'hui, malheureusement, étant donné le massacre qui s'est déroulé jusqu'à présent à Gaza, on peut tout à fait imaginer ce qui nous attend à Rafah", a déclaré Turk.

"Au-delà de la douleur et de la souffrance causées par les bombes et les balles, cette incursion à Rafah pourrait également signifier la fin de la maigre aide humanitaire qui est entrée et distribuée, ce qui aurait d'énormes conséquences pour l'ensemble de la bande de Gaza.

Il s'agit notamment des centaines de milliers de personnes qui risquent de mourir de faim et de famine dans le nord de la bande de Gaza", a-t-il souligné.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a déclaré plus tôt lundi que l'intensification des frappes aériennes à Rafah avait renforcé les craintes d'une escalade dans la ville la plus méridionale de Gaza, où des centaines de milliers de Palestiniens ont cherché refuge,

Turk a déclaré que son bureau avait à plusieurs reprises mis en garde contre les actions qui violent les lois de la guerre, notant que la perspective d'une telle opération à Rafah, dans l'état actuel des choses, risque d'entraîner de nouvelles atrocités et de nouveaux crimes.

"Israël doit se conformer aux ordres juridiquement contraignants émis par la Cour internationale de justice (en janvier dernier) et à l'ensemble du droit humanitaire international. Ceux qui défient le droit international ont été mis en garde. La responsabilité doit suivre", a déclaré le responsable de l'ONU.

"Le monde ne doit pas permettre que cela se produise. Ceux qui ont de l'influence doivent restreindre et non permettre", a-t-il insisté.

- Cessez-le-feu immédiat

Volker Turk a déclaré qu'il devait y avoir un cessez-le-feu immédiat et que tous les otages encore détenus par le Hamas et d'autres groupes devaient être libérés.

"Et il faut renouveler la volonté collective de parvenir à une solution politique", a-t-il ajouté.

Israël a annoncé une offensive terrestre à Rafah, où vivent plus d'un million de personnes cherchant à fuir la guerre, afin de vaincre ce qu'il appelle les derniers "bataillons du Hamas".

L'offensive a fait craindre une catastrophe humanitaire à Rafah.

Les Palestiniens ont cherché refuge à Rafah alors qu'Israël pilonnait le reste de l'enclave depuis le 7 octobre. Les bombardements israéliens qui ont suivi ont fait plus de 28 000 victimes, provoqué des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité.

La guerre israélienne contre Gaza a poussé 85 % de la population du territoire à se déplacer à l'intérieur du pays, dans un contexte de pénurie aiguë de nourriture, d'eau potable et de médicaments, tandis que 60 % des infrastructures de l'enclave ont été endommagées ou détruites, selon les Nations unies.

* Traduit par Tuncay Çakmak