Vives condamnations après la visite de pseudo-imams en Israël
- Le Conseil européen des imams dénonce une « trahison morale et religieuse » alors qu’Al Azhar affirme que ce groupe « ne représente ni l’islam, ni les musulmans ».

Palestinian Territory
AA / Tunis
Le Conseil européen des imams a fermement dénoncé la récente visite en Israël d’un groupe de personnes présentées comme des « imams », qualifiant cette démarche de trahison des principes fondamentaux de l’islam et de la solidarité envers le peuple palestinien.
Dans un communiqué publié mercredi, le Conseil affirme que cette délégation a rencontré des « figures criminelles » de l’État israélien, alors que la communauté internationale condamne massivement l’offensive militaire en cours contre Gaza.
« Nous avons été profondément choqués par les images relayées dans les médias montrant des individus se faisant passer pour des imams en visite auprès de responsables de l’État occupant israélien », indique le texte, estimant que ce geste est « en contradiction totale avec toute sensibilité humaine et morale ».
Le Conseil précise que ces individus sont « inconnus des musulmans d’Europe » et ne sont affiliés à aucune institution religieuse reconnue ni organisation islamique digne de confiance.
Selon lui, cette visite, « à la fois provocatrice et ostentatoire », sert des agendas douteux et ne reflète en rien la position des musulmans européens, qui se mobilisent en masse à travers le continent en soutien au peuple palestinien.
« Les manifestations quotidiennes dans de nombreuses villes d’Europe témoignent clairement de cet engagement indéfectible », souligne encore le Conseil.
Il appelle les imams, érudits, militants et citoyens de conscience à « redoubler d’efforts pour soutenir le peuple palestinien opprimé et faire face à la guerre de génocide et de nettoyage ethnique menée à Gaza ».
Le Conseil met également en garde contre toute tentative de « blanchir les crimes de l’occupant », qu’il considère comme « une trahison envers Dieu, Son Messager et le sang des innocents », dénonçant les manipulations visant à « pervertir les consciences à travers des individus rémunérés ou égarés ».
En conclusion, il implore : « Qu’Allah raffermisse les cœurs de nos frères en Palestine, accorde la victoire au peuple de Gaza face aux oppresseurs, et les ramène dans leurs foyers dans la paix et la dignité. »
Condamnation d’Al-Azhar et du Grand Mufti d’Égypte
La prestigieuse institution d’Al-Azhar, plus haute autorité de l’islam sunnite, a elle aussi condamné cette visite, évoquant « des individus dont les regards et les consciences sont aveuglés, et dont les sentiments sont devenus insensibles à la souffrance d’un peuple meurtri, comme s’ils n’avaient aucun lien moral, religieux ou humain avec lui ».
Dans un communiqué, Al-Azhar estime que ces « mercenaires qui renient leurs valeurs » finiront dans « les pages les plus sombres de l’histoire ».
Elle ajoute que ce groupe égaré « ne représente ni l’islam, ni les musulmans, ni la mission portée par les savants, prédicateurs et imams qui se tiennent aux côtés des opprimés ».
De son côté, le Grand Mufti d’Égypte, Nazir Ayyad, a également fustigé les participants à cette visite, les accusant de « promouvoir une fausse paix et un dialogue souillé par le sang des innocents, en parlant de coexistence avec ceux qui ne comprennent ni sa philosophie, ni le langage du dialogue ».
Il s’est interrogé avec indignation : « Quel dialogue peut-on avoir à la table de l’occupant ? Et quelle coexistence peut naître sur les cadavres des opprimés ? »
Contexte
Pour rappel, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu, Israël poursuit son offensive militaire à Gaza, qualifiée de guerre génocidaire par plusieurs ONG et observateurs, avec un bilan humain de près de 57 800 morts, majoritairement des femmes et des enfants, depuis octobre 2023.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Israël fait également l’objet d’une procédure pour génocide devant la Cour internationale de justice.