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Violences sexuelles en France : Les chiffres inquiétants n’étonnent pas les victimes

- Le Haut Conseil à l'égalité dévoile que 37% des Françaises ont déjà été soumises à des relations sexuelles sous la contrainte et 14% ont vécu des rapports sexuels imposés.

Ekip  | 24.01.2023 - Mıse À Jour : 24.01.2023
Violences sexuelles en France : Les chiffres inquiétants n’étonnent pas les victimes

France

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

La dernière enquête sur le sexisme réalisée par l'institut « Viavoice » pour le Haut Conseil à l'égalité (HCE) entre les femmes et les hommes fait la Une de nombreux titres de presse en France depuis lundi.

En cause, les chiffres, toujours très hauts, qui illustrent les difficultés à faire baisser les violences sexistes, et le sexisme d’un point de vue plus général.

Si le Président français, Emmanuel Macron, a fait de l’égalité femmes-hommes la grande cause de son quinquennat, les résultats des campagnes de communication et autres dispositifs mis en place, ne sont pas à la hauteur des enjeux.

« Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les plus jeunes générations sont les plus touchées », pointe le HCE dans son rapport rendu public le 23 janvier.

Quelques chiffres sont d’ailleurs éloquents en matière d’inégalité : seuls 20% des sondés estiment « que les femmes et les hommes sont égaux en pratique dans le monde professionnel » tandis que 93% jugent « que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une des sphères de la société ».

Mais au-delà des clichés, stéréotypes et inégalités de traitement, un fléau particulièrement inquiétant, perdure : celui du viol et des rapports sexuels sous la contrainte.

Le HCE dévoile que 37% des Françaises ont déjà été soumises à des relations sexuelles contraintes et 14% ont vécu des rapports sexuels imposés.

Anadolu a choisi de donner la parole à des victimes, pour mieux comprendre leur vécu et les effets provoqués par ces violences sexuelles.

Melissa* (le prénom a été modifié), étudiante dans les Bouches-du-Rhône, a été violée alors qu’elle avait à peine 12 ans.

Son bourreau, un camarade de classe, n’a jamais été inquiété dans la mesure où la jeune fille ne l’a jamais dénoncé.

« Je n’ai jamais essayé de déposer plainte car je n’ai pas de preuves des actes et je ne veux pas blesser ma famille qui se sentirait responsable », raconte la victime.

Elle assure n’être d’ailleurs « pas étonnée » des chiffres divulgués par le HCE et considère que « le gouvernement n’en fait pas assez » pointant « une sorte de culture qui favorise la place des agresseurs pour désavantager celles des victimes ».

Pour inverser la tendance, Melissa propose plusieurs pistes et pense qu’il sera souhaitable de « mettre en place des cours au lycée, au collège, en primaire sur le consentement et l’importance de respecter celui des autres étant donné que chez certain(e)s, c’est un sujet assez tabou et que leurs familles n’osent pas aborder le sujet ».

Le sentiment de Charlotte, 34 ans, elle aussi agressée sexuellement alors qu’elle avait 19 ans, est sensiblement le même.

Alors étudiante en droit à Nice, elle n’a jamais déposé plainte « par crainte du regard des autres, mais également faute de preuves ».

« Je ne voulais pas embarquer mes proches dans un combat perdu d’avance et anéantir ma famille et mes études », relate-t-elle, reconnaissant que plusieurs de ses amies « ont vécu des choses similaires à l’université, notamment lors de soirées étudiantes qui ont dégénéré ».

Elle juge les dispositifs de sensibilisation « pas à la hauteur du tout » et souhaiterait « que les pouvoirs publics mettent en place des ateliers, des espaces de sensibilisation obligatoires pour que les hommes puissent réaliser avant le passage à l’acte, que leur comportement n’est pas acceptable et que la notion de consentement n’est pas qu’un concept ».

Et la question de la réponse pénale reste naturellement très présente puisque selon la même enquête dévoilée lundi, seuls 37% des personnes interrogées expriment leur confiance en la justice concernant la lutte contre le sexisme.

Enfin, seulement 27 % des Français considèrent que les autorités font le travail nécessaire à ce propos.

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