Varsovie : "L'Islamophobie galopante est une menace pour le bon vivre ensemble en Europe" (Experte)
Kevser Dilek,directrice de l’Organization Racism Islamophobia Watch (ORIW) a accordé une interview à Anadolu à l'occasion des rencontres de l'OSCE (Pologne)

Poland
AA/Varsovie/Bilal Dinç
Kevser Dilek, la directrice de l’Organization Racism Islamophobia Watch (ORIW), ONG luttant contre l’islamophobie en Europe dans les pays francophones (France, Belgique, Suisse), a présenté, jeudi, à Varsovie en Pologne, le rapport 2017 de son institution lors d’un panel en marge de la réunion annuelle dite de la Dimension Humaine.
Chaque année le Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l’Homme (BIDDH) au sein de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) organise à Varsovie en Pologne, les assises dites de la Dimension Humaine. Cette année, l'évènement se tient du 11 au 22 septembre 2017.
Les sessions de travail du jeudi traite des questions relatives aux libertés fondamentales de penser, de croyance et de religion ainsi que de la promotion de la tolérance et de la non-discriminations envers les pratiquants des différentes religions tels que les musulmans, les chrétiens et croyants de toutes autres religions.
Interrogée par Anadolu, Kevser Dilek, a indiqué que le rapport en question est le troisième rapport annuel de l’organisation produit depuis sa constitution. Il représente le bilan des activités de septembre 2016 à mai 2017.
La directrice a précisé que comme chaque année, le rapport, répertorie les actes anti-musulmans tels que les mosquées vandalisées, les cas de femmes voilées agressées et discriminées.
Avec une nouveauté cette année : les discriminations envers les participants à la vie politique, notamment les femmes candidates à diverses élections et qui portent le voile. Nombreuses sont celles qui ont été vicitimes de toutes sortes d’attaques verbales et insultes pendant les dernières élections législatives de mai-juin 2017 en France, poursuit la responsable.
Intervenant lors de la présentation du rapport d’ORIW, Yasser Louati président du Comité Justice et Liberté pour Tous, a relevé pour sa part le phénomène de recul des libertés en France, pays devenu, selon lui, le ‘’laboratoire de l’islamophobie’’ en raison de l’abandon de la laicité réelle de 1905 au bénéfice d’une laicité de combat qui favorise le discours islamophobe et l’émergence d’un racisme banalisé.
Selon Louati les victimes ne doivent pas attendre que l’Etat agisse. L’Etat n’agira que si les victimes prennent les choses en main. Il relève qu’historiquement les droits n’avancent que lorsque la societe civile agit. Il est réellement nécessaire, selon lui, que la société civile passe à l’action.
"Les politiciens qui se battent contre l’islamophobie doivent être absolument soutenus. Il est indispensable qu’il y ait un changement de mentalité et de prise de conscience", a-t-il dit.
Dans une seconde partie du panel, les participants ont évoqué les attaques racistes et islamophobes envers les musulmans ou supposés comme tel, qui se sont engagés dans la politique et ont été candidats aux élections en France.
Monsieur Saban Kiper a évoqué son parcours politique à Strasbourg et la discrimination envers les personnes issues de l’immigration ou de confession musulmane dont il a été témoin. Il a également évoqué les difficultés qu’il a rencontré pour être candidat au sein du parti socialiste pour les élections municipales à Strasbourg.
Le président du Parti Egalité Justice (PEJ), (créé en 2015 par des jeunes issus de l’immigration en France), Sakir Colak a, quant à lui, évoqué le cas des candidats de son parti lors des dernières élections législatives en France.
La participation des 52 candidats aux législatives a toutefois déchainé les passions et des attaques extrêmes ont eu lieu : les candidats ont mêmes été victimes d’attaques physiques, rappelle Colak.
Le président du parti a regretté que les médias n’aient pas chercher à comprendre leur démarche et qu’ils aient préféré colporté des rumeurs quant à la l’ingérence de la Turquie dans les élections via le PEJ.
Ainsi, le discours politique discriminant contre le PEJ a donné lieu à un racisme de l’électorat qui a été manipulé sans pour autant comprendre le message poltique du PEJ, a-t-il ajouté.
Lors du panel les différents participants ont souligné la nécessité de travailler ensemble, de créer des coalitions entre les différents acteurs de la société civile afin de mieux lutter contre les discriminations, le racisme et l’islamophobie.
Le BIDDH, crée en 1990, a son siège à Varsovie en Pologne. Il aide les Etats participants de l’OSCE “à assurer le plein respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, à observer les règles de l’Etat de droit, à promouvoir les principes de la démocratie ‘’.
Il emploie plus de 150 personnes de différentes nationalités. Il participe à l’édification au renforcement et la protection des institutions démocratiques à travers l’Europe, le Caucase, l’Asie Centrale et l’Amérique du Nord.
Il s’emploie à promouvoir des élections démocratiques, à faire respecter les droits de l’Homme, la tolérance et la non-discrimination, ainsi qu'à renforcer l’Etat de droit.
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