UNRWA : le blocus israélien risque de relancer la crise de la faim à Gaza
- « Quel que soit le but recherché, il s'agit clairement d'une militarisation de l'aide humanitaire à Gaza », déclare le Commissaire général Philippe Lazzarini, qui qualifie d’ « essentielle » la poursuite de l'acheminement de l'aide

Geneve
AA / Genève / Beyza Binnur Donmez
Le Commissaire général de l'UNRWA a averti, lundi, que le blocus de l'aide israélienne à Gaza pourrait entraîner un retour de la crise de la faim dans le territoire assiégé, qualifiant d'essentielle la poursuite de l'acheminement de l'aide.
« Je pense que plus nous allons de l'avant (avec le blocus de l'aide), plus nous verrons l'impact augmenter sur la population, et évidemment le risque est que nous retournions à la situation que nous avons connue il y a des mois, à savoir l'aggravation de la crise de la faim dans la Bande de Gaza », a déclaré Philippe Lazzarini lors d'un briefing de presse à Genève.
Il est « essentiel » que l'aide humanitaire soit à nouveau autorisée à entrer dans la Bande de Gaza afin de maintenir les progrès réalisés au cours de la première phase du cessez-le-feu et de répondre aux besoins fondamentaux de la population, a déclaré Philippe Lazzarini.
En ce qui concerne l'intention d'Israël de bloquer l'aide, il a déclaré : « Quelle que soit l'intention, il s'agit clairement d'une militarisation de l'aide humanitaire à Gaza ».
« Si vous bloquez tous les points d'entrée, vous créez une situation où vous utilisez l'aide humanitaire de base et la nourriture comme un instrument pour atteindre un objectif politique ou militaire, ce qui est contraire à toutes les normes humanitaires internationales », a-t-il ajouté.
Il a également déclaré que la récente interruption par Israël de l'approvisionnement du territoire en électricité réduira « considérablement » la disponibilité de l'eau potable, étant donné que la station de dessalement, qui bénéficie de cette électricité, produisait de l'eau potable pour 600.000 personnes.
« Il s'agit donc d'un impact direct sur la population », a-t-il expliqué.
Il a également évoqué la situation en Cisjordanie et indiqué que plusieurs camps de réfugiés avaient été presque vidés, entraînant le déplacement de quelque 40 000 réfugiés palestiniens.
« Il s'agit du plus grand déplacement de Palestiniens en Cisjordanie depuis 1967 », a-t-il souligné.
** Une solution politique plutôt qu'un démantèlement
Interrogé sur les déclarations de la mission israélienne auprès du bureau de l'ONU à Genève, selon lesquelles Israël « s'efforce de trouver un substitut à l'action de l'UNRWA à l'intérieur de la Bande de Gaza, et peut voir beaucoup d'alternatives à l'UNRWA - beaucoup d'autres agences, d'ONG », il a répondu : « Il n'existe absolument aucune agence des Nations unies capable de fournir des services publics directs à grande échelle comme nous le faisons. À Gaza, il y avait 300 000 filles et garçons dans nos écoles. Il n'existe aucune agence capable de fournir une éducation à cette échelle pour les élèves du primaire et du secondaire, si ce n'est un ministère de l'éducation fonctionnel ou une institution publique. »
Lazzarini a souligné qu'Israël a proposé que les ONG reprennent le mandat de l'UNRWA, mais il a insisté sur le fait que tout changement relèverait de la décision de l'Assemblée générale des Nations unies.
Il a fait remarquer qu'il avait constaté des pressions politiques, mais qu'il n'avait pas encore vu d'agence disposée à reprendre le mandat de l'UNRWA.
« Au lieu de chercher à faire disparaître une agence, je préférerais que nous consacrions toute notre énergie et nos efforts à la recherche d'une solution politique », a-t-il déclaré.
Il a également souligné que la situation financière de l'agence était « critique et précaire » et qu'elle avait besoin « d'urgence » d'un soutien financier supplémentaire pour survivre.
Israël a coupé l'approvisionnement en électricité de Gaza dimanche, dans le cadre de la dernière mesure visant à renforcer le blocus étouffant imposé à l'enclave en dépit de l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers.
Cette mesure fait suite à la décision israélienne de la semaine dernière d'empêcher l'aide humanitaire d'entrer dans la Bande de Gaza, ce qui a suscité des mises en garde de la part d'organisations locales et de groupes de défense des droits de l'homme, qui craignent un retour à une faim généralisée au sein de la population palestinienne.
L'accord de cessez-le-feu, en vigueur depuis janvier, a suspendu la guerre génocidaire d'Israël contre Gaza, qui a tué près de 48 500 personnes, principalement des femmes et des enfants, et réduit l'enclave à l'état de ruines.
En novembre de l'année dernière, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés dans la Bande de Gaza.
Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre subie par l'enclave palestinienne.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.