Monde

Une militante des droits de l'homme accuse la Russie de "tactiques inhumaines" contre les Tatars de Crimée

- La protection du peuple autochtone des Tatars de Crimée est "très importante" pour l'Ukraine, affirme un responsable

Islam Uddin  | 23.06.2021 - Mıse À Jour : 23.06.2021
Une militante des droits de l'homme accuse la Russie de "tactiques inhumaines" contre les Tatars de Crimée

İslamabad

AA / Islamabad / Islamuddin Sajid

Une militante des droits de l'homme de Crimée a accusé, mercredi, les autorités russes d'utiliser des "tactiques inhumaines" contre les Tatars de Crimée et de les prendre pour cible dans leurs lieux de culte.

S'exprimant lors d'une conférence internationale en ligne intitulée "La Crimée, c'est l'Ukraine", organisée par l'Islamabad Institute of Conflict Resolution (IICR), un think-tank basé à Islamabad, Lutfiye Zudiyeva, une militante des droits de l'homme originaire de Crimée, a déclaré que la minorité ethnique musulmane tatare était persécutée par les forces russes en Crimée.

"Beaucoup d'entre eux (les Tatars de Crimée) se sont ouvertement opposés à l'invasion de la Russie qui a commencé en 2014, car notre peuple est devenu une minorité dans notre patrie", a-t-elle déclaré.

Elle a accusé les forces russes d'avoir arrêté des centaines de musulmans et de les avoir fait condamner par leurs tribunaux pour des accusations de terrorisme.

"Environ 50 000 Tatars ont déjà quitté la Crimée, alors que dans le même temps, la Russie a procédé à la substitution de la population de la Crimée. Au cours des sept dernières années, environ 200 000 citoyens russes ont été déplacés de la Russie vers la Crimée", a-t-elle ajouté.

"Des dizaines de nos concitoyens ont disparu, et on ne sait rien du sort d'un membre du Conseil exécutif du Congrès mondial des Tatars de Crimée qui a été arrêté par les forces russes."


- Situation des droits en Crimée


La première vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères, Emine Dzhaparova, a déclaré lors de la conférence que la situation des droits de l'homme en Crimée est très préoccupante pour son pays.

"Si vous osez dire publiquement que la Crimée est l'Ukraine, vous pouvez être détenu, au moins pendant cinq ans. Nous appelons la Crimée une base militaire (de la Russie)", a-t-elle déclaré.

"En faisant fuir les citoyens ukrainiens, la Russie essaie de faire venir autant de nouveaux arrivants que possible, et au moins un demi-million de citoyens russes se sont déjà installés dans la péninsule de Crimée", a déclaré la ministre ukrainienne.

Elle a rejeté les accusations de terrorisme portées par la Russie contre les Tatars, en déclarant : "Nous n'avons jamais eu d'attaque terroriste avant 2014. C'est un fait, mais immédiatement après l'occupation, nous nous sommes retrouvés à vivre dans cette fausse réalité où la Russie, en utilisant des experts et des représentants des médias, a essayé de présenter les Tatars de Crimée comme des extrémistes."

La responsable ukrainienne a également expliqué la stratégie de son gouvernement concernant la Crimée et a exprimé l'espoir que le Pakistan et d'autres pays soutiennent l'Ukraine pour mettre fin à "l'occupation russe illégale" de la Crimée.

Emine Dzhaparova a également déclaré que l'Ukraine observera le 26 février comme une journée de résistance à l'occupation et le 18 mai comme une journée de commémoration des victimes du génocide des Tatars de Crimée.

L'Ukraine et la Russie sont à couteaux tirés depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014, une prise de contrôle que la Turquie et l'ONU considèrent comme illégale. L'Ukraine est également en proie aux séparatistes soutenus par la Russie dans l'est du pays.

Anton Korynevych, représentant permanent du président ukrainien en République autonome de Crimée, a déclaré que son gouvernement avait décidé de soutenir ses citoyens de Crimée et de leur fournir de bonnes opportunités d'éducation, ainsi qu'un soutien financier aux prisonniers politiques.

"Nous sommes également en contact permanent avec nos citoyens résidant en Crimée, y compris les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et la protection des populations autochtones Tatars de Crimée est très importante pour l'État ukrainien", a-t-il déclaré.

Markian Chuchuk, ambassadeur d'Ukraine au Pakistan, et Sabah Aslam, fondateur et directeur exécutif de l'IICR, ont également pris la parole à cette occasion.


- Le traitement des Tatars de Crimée par la Russie


Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Russie soviétique a dû abandonner la Crimée aux Allemands.

Les Turcs Tatars de Crimée ont combattu l'Allemagne nazie avec succès en rejoignant les rangs soviétiques. Malgré cela, les commandants russes ont accusé les Tatars de Crimée de "coopérer avec les Allemands".

Après que l'Armée rouge russe eut repris la Crimée à l'Allemagne d'Adolf Hitler, les Turcs Tatars de Crimée ont commencé à subir des pressions de la part des Russes.

Des rapports ont été préparés pour l'administration soviétique contre les Tatars de Crimée, exigeant l'expulsion complète des Tatars de Crimée de leur patrie.

Près de 250 000 Turcs Tatars de Crimée ont été exilés en Asie centrale en trois jours dans des wagons de transport d'animaux.

Près de la moitié des exilés ont perdu la vie sur les routes en raison de la maladie, de la faim et des conditions difficiles.

Après l'expulsion des Tatars de Crimée de la péninsule, des efforts systématiques ont été faits pour effacer les traces de la culture turque et des autres communautés.

Par décision de l'Union soviétique à la fin de 1944, tous les noms turcs que portaient les différents lieux de Crimée ont été changés en noms russes.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.