Turquie - UE : "Rompre les négociations serait une erreur fatale" (Laura Batalla)
- "Il faut analyser les déclarations de Merkel et Schulz dans le contexte des législatives en Allemagne. Il est probable que cette position dure contre la Turquie ne soit pas poursuivie après les élections", a estimé Laura Batalla

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AA - Bruxelles
Laura Batalla, Secrétaire Générale du Forum Turquie au Parlement Européen, a estimé que mettre fin au processus de négociation d’adhésion avec la Turquie serait "une erreur stratégique fatale".
Batalla a fait cette déclaration à l'Agence Anadolu en évoquant les relations Turquie-Union Européenne (UE).
Alors que la campagne pour les Législatives en Allemagne bat son plein, la Chancelière Angela Merkel et son principal adversaire, Martin Schulz, ne cessent de faire des déclarations contre le processus d’adhésion de la Turquie.
Malgré cette situation, il n’existe pas d’idée commune sur cette question au sein des pays membres, explique Laura Batalla.
"Il faut analyser les déclarations de Merkel et de Schulz dans le contexte des Législatives en Allemagne. Il est probable que cette position dure contre la Turquie ne soit pas la même après les élections", a-t-elle estimé.
Selon Batalla, l’un des principaux pays de l’Union, la France, est opposée à la fin ou au gel des négociations.
"Il y a de nombreux intérêts communs entre les deux parties (Turquie et UE). Geler les négociations serait une grande perte pour les deux parties. La Turquie et l’UE sont étroitement liées", a-t-elle rappelé.
"Il ne faut surtout pas geler ou mettre fin au processus de négociation. Dans le cas contraire, ce serait une erreur stratégique fatale pour l’UE", a-t-elle avancé.
Batalla a rappelé que malgré le début officiel du processus en 2005, les discussions entre la Turquie et l’UE sont bien plus anciennes. Elle a rappelé que la Turquie, dont l’adhésion à l’UE a toujours été un objectif majeur et élément constant de sa politique étrangère, frappe à la porte de l’Europe depuis 1959.
"La Turquie pense que le processus n’est pas juste avec elle, ça se ressent dans l’opinion publique et en conséquence, le soutien au processus est de plus en plus faible. L’UE doit définir une nouvelle feuille de route pour des négociations plus convaincantes et plus justes. Le fait de ne pas ouvrir de nouveaux chapitres et de politiser toujours le processus, rend les choses très difficiles", a-t-elle expliqué.
Batalla est aussi revenue sur le vote en juillet du Parlement Européen qui a proposé le gel des négociations avec la Turquie.
"Malgré ce vote, le PE a toujours soutenu l’adhésion de la Turquie. Ces derniers temps, il y a un sentiment selon lequel certains reculs au niveau des droits de l’Homme, de la démocratie et des libertés ont été enregistrés en Turquie. Si l’UE décide unilatéralement de geler ou de mettre fin au processus, alors le sentiment qui affirme que l’UE n’a jamais été sincère avec la Turquie sera renforcé. Une telle décision doit être prise par les deux parties. Mais je ne pense pas que nous en sommes là", a-t-elle encore dit.
Pour Batalla, la Turquie et l’UE doivent relancer un dialogue "ouvert et sincère" afin de mettre fin à cette période difficile.
"L’UE doit comprendre que la Turquie traverse depuis un certain temps une période extrêmement difficile. La tentative de coup d’Etat de juillet 2016 et la lutte contre les organisations terroristes en sont les principales raisons. Le putsch repoussé contre un gouvernement démocratiquement élu ne peut pas être toléré. Il est l’une des principales menaces rencontrées par la démocratie turque", a-t-elle souligné.
"Même si l’Europe a condamné le putsch, elle n’a pas su saisir le traumatisme qu’il a créé dans la société turque. Les Européens se sont focalisés sur les mesures prises par la suite par le gouvernement turc", a-t-elle regretté.
Pour conclure, Laura Batalla a estimé que l’ouverture de nouveaux chapitres de négociations, notamment sur le droit, les libertés fondamentales ou encore la sécurité (chapitre 23 et 24), permettra de surmonter cette période difficile entre l’UE et la Turquie.
"L’UE a trop politisé la question des chapitres. Pourtant, ce n’est qu’une question technique, ce n’est pas une récompense", a-t-elle terminé.
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