Tunisie- Un enfant "roi", protégé par les lois, partiellement "victime" de la pauvreté

Tunisia
AA/Desk
En Tunisie, il est interdit de frapper un enfant, même par ses propres parents. Il est également interdit de le faire travailler ou de lui faire subir un traitement inhumain. Il est, par ailleurs, obligatoire pour un enfant d’aller à l’école jusqu’à l’âge de quinze ans.
Grâce à un dispositif législatif ayant évolué au fil des années, la Tunisie est parvenue à mettre en place une protection assez solide pour ses enfants, comparable à celle des pays développés, bien qu’au niveau pratique, des risques continuent à peser et des abus sont de temps à autre signalés, un peu partout à travers le territoire national.
La Tunisie a, en effet, ratifié dès 1991 la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 20 novembre 1989. Elle a également promulgué un Code de protection de l’enfance en 1995, ce qui lui a permis de se distinguer parmi les pays de la région.
Enfin, pour harmoniser son cadre législatif, plusieurs lois ont été amendées dans le but de consolider les droits de l’enfant. Il s’agit en l’occurrence du Code du statut personnel, du Code pénal, de la loi sur l’attribution d’un patronyme aux enfants abandonnés, etc.
Par ailleurs, au niveau sanitaire, la Tunisie a mis en place depuis l’indépendance en 1956 un système d’assistance sanitaire accompagnant l’enfant depuis sa naissance permettant un accès gratuit aux soins de base et à une vaccination complète contre toutes les maladies graves et contagieuses. C’est ce qui a permis à la Tunisie, d’ailleurs, d’éradiquer plusieurs maladies au fil du temps.
Ceci, outre l’assistance sociale accordée aux familles démunies et vivant surtout en milieu rural, permettant aux enfants de bénéficier d’un accès minimum aux commodités et aux activités éducatives et de loisirs.
Toutefois, malgré les acquis et une certaine volonté politique partagée par les gouvernants d’avant et d’après la révolution, le défi qui pèse sur la protection de l’enfance a encore du chemin à parcourir, de l’avis de plusieurs experts et ONG.
L’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant déplore, dans une déclaration à une radio locale donné récemment, que 21.5% des enfants vivent dans la pauvreté.
Moez Chérif, président de cette association a expliqué que ce chiffre date d’avant la révolution et qu'il «serait encore plus élevé à nos jours».
Il justifie son analyse par le fait que plusieurs familles sont tombées subitement dans la pauvreté après la révolution, à cause de l'augmentation de l'inflation et de la baisse du taux de croissance à cause du ralentissement économique constaté ces dernières années.
Même en milieu urbain, plusieurs emplois ont été détruits et des enfants ont été contraints soit de quitter l’école ou d’exercer des activités lucratives les exposant souvent au danger et à la surexploitation.
Les chiffres officiels font état de 1000 enfants qui quittent les bancs de l’école chaque année.
Chiffre alarmant qui témoigne non seulement du danger qui pèse sur l’avenir de ces enfants, mais également de celui de toute une nation.