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Tunisie : Le taux de remplissage des barrages au plus bas, depuis plus de 3 décennies (Expert)

- Selon Houcine Rhili, expert tunisien en développement et ressources en eau

Majdi Ismail  | 03.10.2024 - Mıse À Jour : 05.10.2024
Tunisie : Le taux de remplissage des barrages au plus bas, depuis plus de 3 décennies (Expert)

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AA / Tunis / Majdi Ismail

Le taux de remplissage des barrages en Tunisie est au plus bas depuis plus de 3 décennies, selon un expert local en développement et ressources en eau cité par l’agence de presse publique tunisienne Tunis Afrique Presse (TAP).

‘’La Tunisie n'a pas connu une pareille situation de baisse du taux de remplissage des barrages, surtout durant cette période automnale, depuis plus de 3 décennies’’, a souligné Houcine Rhili, spécialiste en développement et ressources en eau, dans un entretien accordé à l’agence TAP.

Selon cet expert, leur taux de remplissage des barrages à la date du 3 octobre courant, n’a pas dépassé les 21,6%.

‘’Ceci est dû au changement de la carte des intempéries en Tunisie, puisque 80% des pluies ont chuté dans les zones du centre, du Sahel, du Cap Bon et du sud-ouest… et notamment les régions où il n’existe pas de barrages, alors que les précipitations enregistrées dans les zones du nord et du nord-ouest étaient très faibles, d’où un apport en eau dans les barrages très limité’’, a-t-il expliqué.

‘’Même si ces averses n’étaient pas bénéfiques pour améliorer les réserves en eau dans les différents barrages tunisiens, elles auront un effet positif sur l’alimentation des nappes phréatiques superficielles et semi-profondes, ce qui améliorera la qualité de plusieurs cultures, surtout les oliveraies dans la région de Sfax, Sidi Bouzid, Gafsa, Kairouan’’, a souligné Houcine Rhili.

L’expert explique aussi ‘’la baisse des réserves en eau dans les barrages par les utilisations accrues des ressources hydrauliques, que ce soit à des fins d’irrigation, ou d’approvisionnement de la population en eau potable’’.

Les populations de 13 gouvernorats sont alimentées en eau potable grâce aux barrages, a-t-il rappelé.

‘’Pour ce qui est de l'irrigation, surtout dans les zones consacrées à la culture des légumes et fruits indispensables à la consommation nationale, elle accapare 80% de nos réserves en ressources hydrauliques, contre 12% uniquement, d'eau potable orientée vers à la consommation des habitants’’, a-t-il précisé.

Pour faire face à la pénurie d’eau, Houcine Rhili recommande d’élaborer une stratégie nationale, qui peut s’étaler sur une période de 5 à 7 ans, en mobilisant des fonds estimés à 20 milliards de dinars (6,6 milliards de dollars) pour mettre en œuvre plusieurs mesures.

La première mesure, consiste à limiter le gaspillage des eaux, causé surtout par la vétusté des conduites et des canaux de raccordement de la Sonede (Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux). Ces pertes sont estimées en moyenne, à l’échelle nationale, à environ 25% des eaux destinées à la consommation résidentielle, et elles dépassent les 50% dans les gouvernorats à l’instar de Gabès et Gafsa.

Il a, en outre, recommandé de réaménager les périmètres irrigués, affichant un taux gaspillage de plus de 30%. ‘’Les eaux gaspillées au niveau de l’irrigation, sont en mesure de répondre aux besoins résidentiels en ressources hydrauliques pour une période d’une année et demie’’, a-t-il fait observer.

Houcine Rhili explique que la récupération de ces eaux gaspillées, permettra de collecter ‘’le quadruple des quantités d’eau provenant de l’ensemble des stations de dessalement dans les différentes régions du pays, à un coût quatre fois moins élevé par rapport à celui du dessalement de l’eau’'. Il a indiqué que le recours au dessalement de l’eau de mer a un coût énergétique élevé.

Il a préconisé, en outre, de revoir les politiques de mobilisation des ressources en eau de surface à travers l’élaboration ‘’d’une nouvelle carte des barrages, et de définir les moyens adéquats pour orienter l’eau vers les nappes phréatiques.

L'expert a appelé à ‘’doter l’ONAS, (Office national de l’assainissement) des moyens nécessaires et à revoir les politiques de traitement des eaux usées, à travers l’adoption de la méthode de traitement tertiaire des eaux usées (une méthode de dépollution des eaux usées, pour une réutilisation de ces ressources), ce qui est en mesure de drainer une quantité de plus de 200 millions m3 d’eau traitée supplémentaire, chaque année, qui servira essentiellement pour l’irrigation’’, selon la TAP.

La Tunisie, qui enregistre 400 m3 d'eau environ par habitant et par an en moyenne, se trouve sous le seuil du stress hydrique, fixé à 500 m3 par habitant et par an, selon l'Institut des ressources mondiales. En 2023, le pays s'est classé parmi les 25 pays les plus touchés par le stress hydrique dans le monde.

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