Tunisie: des centaines de personnes manifestent contre la voie politique de Saïed
-Cette action a été organisée à l'initiative du Front de salut national

Tunisia
AA/Tunis/Adel Al Thabiti
Des centaines de Tunisiens ont manifesté, dimanche, à l'ouest de la capitale Tunis, en réponse à l'appel du "Front de salut national" (opposition), pour protester contre la voie politique actuelle empruntée par le Président Kais Saïed.
Le secrétaire général du Parti du travail et de la réussite, Abdellatif Mekki (membre du Front de salut national), a fait savoir que le Front avait été informé par les autorités que les rassemblements dans la région de Mnihla (ouest) sont interdits, soulignant que malgré cette interdiction les activistes du mouvement se sont rassemblés pour organiser une marche à laquelle des centaines de personnes ont pris part.
Mekki a affirmé à l'Agence Anadolu qu'"un certain nombre de partisans du Président Saïed voulaient attaquer la réunion, mais les forces de la Garde nationale les en ont empêchés".
Le Front du Salut comprend 6 partis : le Mouvement Ennahdha (53 députés au parlement dissous), le Parti Qalb Tounes (28 députés), le Mouvement Tounes Irada, le Parti Amal, la Coalition Dignité (18 députés), le « Travail et Réussite ", le mouvement "Citoyens contre le coup d'État", des députés au parlement dissous ainsi que des indépendants.
"Les autorités prétendent que l'opposition n'a pas de place à Mnihla, alors que les citoyens de ce quartier ont boycotté les élections et le référendum tout en exprimant leur colère sociale," a pour sa part indiqué le président du Front de salut national aux médias.
Ahmed Nejib Chebbi a remercié les forces de la Garde nationale, qui, selon lui, "ont joué un rôle dans la protection du peuple et des manifestants", notant que "ce qui a empêché la réunion, c'est l'autorité administrative," affirmant qu'il la poursuivra en justice.
Jusqu'à 12h00 (GMT), il n'a pas été possible d'obtenir une réponse des autorités tunisiennes au sujet de la manifestation qui s'est déroulée dans le quartier de Mnihla, où réside le Président Saïed, tandis que des militants proches de lui ont diffusé une vidéo sur Facebook intitulée "l'expulsion de Chebbi et de Jaouhar Ben Mbarek de Mnihla".
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a entrepris d'imposer des mesures d'exception, notamment la destitution du gouvernement et la nomination d’un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets, l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet dernier et la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre.
Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, assure que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État ‘’d'un péril imminent’’, mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.
Plusieurs forces politiques et sociales tunisiennes, rejettent les mesures de Saïed, qu'elles considèrent comme étant ‘’un coup d'État contre la Constitution’’ de 2014 et une consécration d'un pouvoir absolu et individuel, tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une ‘’restauration du processus de la Révolution’’ de 2011, qui avait fait chuter le régime de l’ancien président, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi