
Tunisia
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Des centaines de Tunisiens ont manifesté dimanche, dans la capitale Tunis, contre la proposition d'amendement de la loi électorale mettant à l'écart le tribunal administratif quant à l'examen des litiges électoraux, appelant à la sauvegarde des institutions du pays.
A l'appel du Réseau tunisien des droits et des libertés formé par plus d’une vingtaine de partis et d’organisations, les manifestants -essentiellement des jeunes- ont convergé vers le théâtre municipal de Tunis, à l'Avenue Habib Bourguiba (artère principale de la capitale), en début d'après-midi, pour protester contre le climat politique actuel et appeler à la défense et à la préservation des droits et des libertés dans le pays, a constaté la correspondante d'Anadolu.
Les protestataires ont ensuite avancé tout au long de l'Avenue Habib Bourguiba, brandissant des drapeaux tunisiens et scandant des slogans contre le président Kaïs Saïed, contre Farouk Bouasker président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et contre Brahim Bouderbala, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Un fort dispositif policier a été déployé à l'occasion, barricadant plusieurs rues perpendiculaires à l'artère principale de la capitale et formant un barrage sécuritaire pour empêcher les manifestants d'atteindre le bâtiment du ministère de l'Intérieur, à l'autre bout de l'avenue.
Plusieurs personnalités politiques et de la société civile ont pris part à la manifestation, à l'instar du secrétaire général du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, de l'ancien ministre de l'Education sous Béji Caïd Essebsi, Néji Jalloul, de l'universitaire Hamadi Rdissi et du journaliste et analyste politique, Zied Krichen.
A noter que la Chambre des représentants du peuple a annoncé le dépôt d'un projet de loi organique portant sur le retrait de la compétence du Tribunal administratif en matière de contentieux électoraux au profit de la Cour d'appel, et ce à quelques semaines de la présidentielle prévue le 6 octobre prochain.
Le projet de loi prévoit de confier à la Cour d'appel, et non au Tribunal administratif, l'examen des litiges électoraux lorsqu'il s'agit de contester les décisions de l'Instance supérieure indépendante pour les élections.
Le président Saïed affirme que le système judiciaire de son pays est indépendant et qu'il n'interfère pas dans son travail, tandis que l'opposition l'accuse d'instrumentaliser la justice pour poursuivre des opposants et des personnalités qui ont tenté de se présenter à la présidence.
Le 2 septembre, l'ISIE avait annoncé que la liste finale des candidats retenus pour la course à la présidence se limitait à 3 personnes seulement, sur 17 dossiers de candidature, excluant ainsi les 3 autres candidats bien que le Tribunal administratif ait accepté leurs recours.
Farouk Bouasker avait déclaré lors d'une conférence de presse que le président Kaïs Saïed, Ayachi Zammel (Mouvement Azimoun), et Zouhair Maghzaoui (Mouvement Echaab), dont les candidatures ont été approuvées le 10 août, "sont les seuls à avoir été finalement retenus pour les élections présidentielles".
L’ISIE avait également refusé de valider 3 candidatures au motif de "dossiers incomplets", malgré l'injonction du Tribunal administratif de les remettre dans la course. Il s'agit de Abdellatif Mekki, secrétaire général du Parti de l'action et du progrès (opposition), Mondher Zenaidi (opposition), ancien ministre du président Zine El Abidine Ben Ali, et Imed Daimi (opposition), ancien directeur du cabinet de l’ex-président Moncef Marzouki.
La décision de l'ISIE a suscité de vives réactions de la part de plusieurs partis et organisations de la société civile en Tunisie.
Il convient de noter que la campagne pour l'élection présidentielle tunisienne a débuté le 14 septembre et devrait se poursuivre jusqu'au 4 octobre, le scrutin devant se tenir deux jours plus tard.
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