Tunisie: Décès de Maya Jribi, une icône de la scène politique (témoignage)
-Une militante pour la démocratie au courage légendaire

Tunisia
AA/Tunis/Bouazza Ben Bouazza
Icône de la scène politique tunisienne et première femme à diriger un parti politique, le Parti démocratique progressiste (PDP), Maya Jribi est décédée samedi à l'âge de 58 ans, après un dur combat contre la maladie.
Pendant plus de 30 ans, cette fille du sud tunisien s'est inlassablement dédiée à l’action militante, depuis le campus universitaire, en passant par la cause humanitaire avec l'UNICEF avant d'atterrir sur la scène politique qu'elle a marquée de son empreinte.
Sa vie a été une lutte incessante contre la dictature, le triomphe aux idéaux auxquels elle croyait farouchement.
Au plus fort de ce qu'on appelait "les années de braise" où l'action politique était quasiment verrouillée, et tandis que d'autres activistes étaient cloîtrés dans leurs bureaux ou avaient fui à l'étranger, ce "petit bout de femme" était de tous les combats pour la démocratie, la liberté, la dignité et la justice sociale.
Malgré un physique frêle, elle a, des années durant, sillonné le pays du Nord au Sud, d'Est en Ouest pour s'enquérir de visu de la dure réalité que vivaient ses concitoyens de la Tunisie profonde.
Face à la répression et aux exactions de l'ancien régime totalitaire, elle est allée jusqu'à observer une longue grève de la faim avec son compagnon de route Néjib Chebbi, sans jamais plier.
Alors que les locaux de son parti étaient continuellement assiégés par la police, cette femme au courage légendaire n'hésitait pas à dénoncer le despotisme du régime en place et la corruption qui le gangrênait.
Elle défiait aussi les gouvernants en plaidant pour la cause des islamistes victimes de harcèlement et d'exactions policières.
L'Histoire retiendra d'elle, l'image d'une pasionaria qui aura vécu pleinement sa vie de militante hors pair jusqu'au jour de la chute du régime qui étouffait les Tunisiens.
Elle était parmi la foule ce vendredi 14 janvier 2011 scandant le fameux slogan révolutionnaire "dégage" à l'adresse de (l'ancien président Ben Ali), "un moment magique", dira-t-elle.
« Dites au monde entier que la Tunisie se libère, que le peuple s’affranchit». Je ne cessais de le répéter à tous, partout, comme pour prendre le monde entier à témoin. J’avais la sensation de vivre un moment magique et que, définitivement, les Tunisiens brisaient leurs chaînes.
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