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Trudeau : Le « golden boy » de la scène politique canadienne sur les traces du pater (Portrait)

- Au pouvoir depuis six ans, Justin Trudeau qui vient de rempiler pour quatre autres années -du moins théoriquement- semble bien lancé pour suivre les traces de son père, Pierre Elliot, et de Wilfrid Laurier, un Premier ministre du XIXe siècle.

Fatma Bendhaou  | 28.09.2021 - Mıse À Jour : 28.09.2021
Trudeau : Le « golden boy » de la scène politique canadienne sur les traces du pater (Portrait)

Canada

AA/ Montréal / Hatem Kattou

Ne dit-on pas que l’histoire est un éternel recommencement ? Justin Trudeau, Premier ministre sortant vient d’être reconduit à son poste après que le Parti Libéral du Canada (PLC), formation qu’il dirige depuis 8 ans et demi environ, vient de remporter le lundi, 20 septembre courant, les élections fédérales avec 159 sièges (sur un total de 338 de la chambre des communes), à 11 longueurs de la majorité absolue.

Justin Pierre James Trudeau, de son nom complet, doit, néanmoins, se résoudre à reproduire la même configuration qui prévaut sur l’échiquier politique depuis 2019, en formant un gouvernement minoritaire, le cinquième en 15 ans, six ans après qu’il a gagné, haut la main, le scrutin de 2015, à la majorité absolue.

Justin Trudeau, qui vient de rempiler pour au moins deux ans, sauf s’il se décide de maintenir son prochain cabinet minoritaire pendant quatre ans pour tenir des législatives fédérales en 2025, semble suivre les traces de son père, Pierre Elliot Trudeau et de Wilfrid Laurier, les deux Premiers ministres qui détiennent le record de longévité (15 ans) au 24, Promenade Sussex, siège de la Primature canadienne à Ottawa.

En effet, un peu plus de cinq décades plus tôt, son père, Pierre Elliot Trudeau (décédé en 2000) avait remporté le même scrutin en 1968 à une majorité des plus confortables avant d’être réélu, quatre ans plus tard, mais en étant contraint de former un gouvernement minoritaire.
Cette similitude de parcours est pour le moins saisissante, en dépit des différences qui séparent le père, intransigeant et inflexible à plus d’un titre, et le fils, plus porté sur la négociation et les concertations.


Ascendance singulière 

Né le jour de Noël de l’année 1971, le Premier ministre, au visage d’ange et coqueluche des médias locaux et mondiaux en 2015, date de sa première élection à la Primature, semble être promis, dès sa naissance à un avenir rayonnant, politiquement parlant, aidé ou stimulé en cela par une ascendance singulière.
Le « golden Boy » de la politique canadienne s’engage en politique, plus d’un lustre après la disparition de son illustre père et réussit à se faire élire, en 2008 à la chambre des communes, (chambre basse du parlement fédéral) dans une circonscription de Montréal, capitale économique de la province du Québec.
A la fin de son mandat, il se lance, fin 2012, à l’assaut du Parti Libéral, qui traversait à l’époque une des pires crises de son existence, éclaboussé par une série de scandales, des suites desquels il a connu une chute vertigineuse, aggravée par la démission de son chef Michael Ignatieff.
Les Libéraux ne comptaient que 34 sièges (pire score de leur histoire) contre 166 pour leurs éternels rivaux, les Conservateurs.
Le « jeune loup », Justin, âgé d’à peine 42 ans à l’époque, et saisissant l’opportunité au vol, décide de s’emparer de la direction d’un Parti Libéral en agonie, et réussit son pari, face à cinq autres concurrents après trois abandons, en remportant 80% des voix des 104 mille votants, devenant ainsi officiellement, le 14 avril 2013, chef du Parti Libéral du Canada.
Deux ans plus tard, et après la "Bérézina" lors du précédent scrutin, une vague rouge déferle sur le pays et balaie les Conservateurs, au pouvoir depuis dix ans, sous la houlette du sulfureux Stephen Joseph Harper.
Le mérite revient, selon nombre d’observateurs, au jeune Trudeau, digne fils de son père, parvenu, à la faveur de son dynamisme, de sa vitalité, de sa « spontanéité » et de son opportunisme politique de bon aloi, à renverser la vapeur avec maestria.
Le résultat est des plus éclatants. Le PLC a plus que quintuplé son score passant des 34 dérisoires sièges à…184 députés. Un succès intimement lié à la venue de ce nouveau chef, jeune, qui a insufflé du sang nouveau dans une formation moribonde, au bord de la rupture, voire de la banqueroute.
Grandi en Ontario (province anglophone), au sein de la Résidence officielle des Premiers ministres canadiens, avant de regagner Montréal, le « très souriant » Justin obtient deux licences en littérature anglaise et en éducation.


« Voyage initiatique »


Ensuite, le jeune Trudeau se débrouille « une job » (selon la terminologie québécoise) pour financier un voyage qui l’emmènera d’un bout à l’autre de la planète (France, Espagne, Bénin, Chine, Thaïlande, Russie Maroc, Vietnam).
L’ouverture d’esprit et le progressisme de l’actuel Premier ministre et son encouragement pour l’arrivée de nouveaux migrants ainsi que des réfugiés syriens, hispaniques et haïtiens, trouverait partiellement et probablement son origine dans ce « voyage initiatique ».
Trudeau fils a occupé, par la suite, le poste d’enseignant de français à Vancouver (Ouest) avant de revenir s’établir à nouveau à Montréal, centre économique et politique de premier plan du Québec et du Canada, où il a suivi un cursus à l’Ecole polytechnique de Montréal pour devenir ingénieur en 2002/2003, quelques années avant de s'impliquer en politique et de reprendre le flambeau du père décédé à l’orée du siècle.
In fine, son épouse, une ancienne chroniqueuse et animatrice de télévision et instructrice de yoga est très présente à ses côtés lors de la campagne électorale et de ses déplacements.
Sophie Grégoire, épousée en 2005, et que Justin Trudeau ne manque pratiquement jamais aucune occasion pour mettre l’emphase sur son soutien et sur son rôle à ses côtés.
Justin Trudeau qui a annoncé opter pour un gouvernement minoritaire, repoussant, à ce stade, une alliance avec un tout autre parti pour obtenir la majorité absolue à l’hémicycle, semble être, à 50 ans, au faîte de son pouvoir avec de beaux jours devant lui, quand bien même, il a été usé par six ans de gouvernance, en particulier, durant les deux dernières années marquées par un ralentissement de l’économie, l’augmentation de l’inflation et l’explosion des déficits budgétaires, en raison, principalement, de la pandémie de la Covid-19.
Bien que n’ayant pas obtenu de majorité absolue, Trudeau semble avoir les coudées franches, ou du moins en position de force face aux Premiers ministres provinciaux, empêtrés dans la gestion de la pandémie ou en période d’attentisme en prévision de prochaines élections.
De plus, les Conservateurs, éternels rivaux des Libéraux, ont perdu de leur aura et de leur influence depuis le départ de Harper en 2015 et ne parviennent pas à trouver un chef à même de tenir la dragée haute à Trudeau qui « règne » en maître quasi-absolu sur le camp libéral…et sur le pays de l’érable.

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