Torture à Gaza : Témoignage d'une Palestinienne délestée de ses habits par des soldats israéliens
- Après son arrestation dans la ville de Gaza, Fatema Tambora se rappelle les abus et la torture infligés aux détenues par les soldats israéliens

Gazze
AA/ Gaza/ Hosni Nadim
Fatema Tambora ne peut pas oublier le moment où elle a été fouillée à nu par les forces israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.
"Les soldats israéliens m'ont forcé à retirer complètement mes vêtements et mes sous-vêtements", a déclaré vendredi à Anadolu la mère palestinienne, qui n'a pas donné son âge. Poursuivant: "Ils m’ont forcée à retirer mon hijab et m’ont examinée de manière agressive à l'aide d'un appareil électronique placé notamment sur les parties sensibles de mon corps".
Le 24 décembre, les forces israéliennes ont attaqué une école de la ville de Gaza, où Tambora, sa famille et des centaines de Palestiniens se sont réfugiés.
"Les soldats ont séparé les hommes des femmes et des enfants et les ont forcées à se déshabiller", se souvient Tambora.
Des soldats leur ont tous ordonné de se rendre dans une mosquée voisine du quartier de Sheikh Radwan, dans la ville de Gaza, pour enquête.
"Les soldats ont d’abord ordonné à mon mari d’entrer dans la mosquée. J’ai ensuite été séparée de mes enfants pour être interrogée par des soldats israéliens", a fait savoir la mère palestinienne.
Elle a ensuite été menottée, les yeux bandés et traînée dans un véhicule Jeep militaire.
"J'ai demandé aux soldats des nouvelles de mon mari et de mes enfants, mais l'un d'eux m'a crié dessus et m'a ordonné de garder le silence et de me conformer aux ordres".
** Abus
Tambora et d'autres détenus ont été transférés dans une prison militaire israélienne.
"Les soldats israéliens ont délibérément menotté les mains et les pieds des femmes pendant très longtemps", a-t-elle déclaré, ajoutant: "Les détenues ont été battues et torturées. Leurs hijabs et leurs vêtements ont été retirés. Elles ont été forcées d'embrasser le drapeau israélien pendant leur interrogatoire".
"Elles ont été interrogées sur le Hamas, ses dirigeants et d'autres factions de la résistance palestinienne. Chaque fois que nous disions que nous ne savions rien, nous étions battues, torturées et insultées avec des propos obscènes", se souvient-elle encore.
"Nous avions froid, mais ils ont refusé de nous donner des couvertures. Ils nous ont forcées à porter des vêtements très légers, sans sous-vêtements et ils ont refusé de nous permettre de porter le hijab".
Onze jours plus tard, Tambora a été transférée à la prison de Damon, près de la ville de Haïfa, dans le nord d'Israël.
"Les femmes détenues étaient forcées de se déshabiller devant tout le monde à la demande des soldats qui nous fouillaient de manière immorale, en s'attardant sur les zones intimes de nos corps", a-t-elle fait savoir, rappelant qu'ils les menaçaient de cinq ans de prison si elles refusaient de leur donner des informations.
"Des femmes soldats nous ont délibérément réveillées au milieu de la nuit pour nous déranger et nous empêcher de dormir. On ne nous permettait de quitter la chambre qu'une petite heure pour que nous puissions aller aux toilettes", a-t-elle poursuivi.
** Battue, torturée
Après 47 jours de détention à la prison, Tambora a été libérée.
"Nous avons été transférées dans une autre prison où nous sommes restées au froid jusqu'à minuit", a-t-elle déclaré.
"Nous avons été battues et torturées par des soldats israéliens dans le bus jusqu'à ce que nous sommes arrivés au point de passage de Karam Abu Salem (Kerem Shalom) dans la matinée. C'est à ce moment-là qu'ils nous ont retiré les menottes et les bandeaux avant de nous libérer", a-t-elle souligné.
"Nous avons été reçues au passage par des délégués de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) qui nous ont transférées vers la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza", a déclaré Tambora.
Plus de 30 700 Palestiniens ont été tués et plus de 72 000 autres blessés lors de l’offensive israélienne en cours à Gaza, sur fond de destruction massive et de pénurie de produits de première nécessité.
Des groupes palestiniens estiment que des milliers de Palestiniens ont été détenus par les forces israéliennes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
Israël a également imposé un blocus paralysant sur l'enclave côtière, laissant sa population, en particulier les habitants du nord de Gaza, au bord de la famine.
La guerre israélienne a provoqué le déplacement interne de 85% de la population de Gaza en raison de graves pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments, tandis que 60% des infrastructures de l’enclave ont été endommagées ou détruites, selon l’ONU.
Israël est poursuivi devant la Cour Internationale de Justice pour crime de génocide. Un arrêt rendu en janvier a ordonné à Tel-Aviv de mettre fin aux actes à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir que l'aide humanitaire soit fournie aux civils de Gaza.
*Traduit de l'anglais par Malèk Jomni
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.