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En votant jeudi contre la résolution des Nations-unies rejetant la position exprimée des Etats-unis reconnaissant Jérusalem comme la capitale de l’Israël, «le Togo a pris une position scandaleuse, s’est singularisé et a démontré qu’il est esseulé dans la crise politique qu’il traverse depuis un certain temps», selon Kpedu Yawovi, expert en relations internationales, Maître-Assistant à l'Université de Lomé interrogé par Anadolu.

Convaincu que rien ne peut justifier une telle position du Togo, si ce n’est un intérêt inavoué, il trouve que «cette singularisation est la preuve que le Togo n’est pas en harmonie avec ses pairs d’Afrique. Et ceux d’Afrique de l’ouest en particulier».

«Parce que certains pays africains ont porté plainte contre la position des Etats-unis dans cette affaire et l’introduction de la résolution que le Togo a rejetée relève aussi d’une initiative africaine. Que le Togo s’y oppose, ça n’a aucun sens si ce n’est de faire plaisir à Donald Trump. Et là aussi, on ne sait pas ce qui lui a été promis», s'est expliqué Prof Kpedu à Anadolu.

«On sait qu’a un moment donné, dans la crise politique actuelle, Trump a pris des positions qui ne sont pas confortables avec celles du régime. Est-ce que c’est pour faire un clin d’œil aux états unis ?» s’est-il interrogé par la suite.

Depuis le déclenchement de la crise interne au pays, avec des mouvements tous azimuts de la population, des informations circulent que le Togo est esseulé, abandonné par les pays maghrébins et voisins, même par le Sénégal.

«Maintenant, c’est une preuve de cet isolement qui ne dit pas son nom, ce qui vient de se passer aux Nations-unies», a affirmé l’expert qui a exprimé, d’ailleurs, un profond doute à la question de savoir «si le Togo a une politique stratégique sur la question».

Pour Prof Tontasse Marius, un autre expert contacté par Anadolu, lui aussi spécialiste des relations internationales et enseignant à l’Université de Lomé, le Togo a juste joué entre la peur de voter «Oui» et de perdre «sa complicité actuelle avec et les Etats-unis et l’Israël», ou «Non» et sauver ses acquis. Finalement, il a fait un choix sécuritaire, celui «de bénéficier de la protection des Etats-unis et de l’Israël».

«Mais le Togo doit se préparer aux conséquences. Parce que c’est une option diplomatique très risquée pour le Togo. Une singularisation dangereuse. Finalement je dirai un réflexe qu’on peut qualifier de suicidaire, même si l’attitude peut être comprise par l’atmosphère politique compliqué que connait actuellement le pays» affirme, aussi, à Anadolu Tontasse Marius renforçant l’analyse de l’autre expert Kpedu Yaovi sur le sujet.

Parmi les conséquences, il faudra s’attendre à une réaction aussi bien Européenne qu’africaine, surtout des pays arabo-musulmans. «Parce que, les Etats sont des monstres qui ne réagissent qu’en fonction de leurs intérêts».

Tontasse, affirme dans son analyse à Anadolu que «les premières conséquences seront diplomatiques». Même s’il n’y a pas de fermeture d’ambassades, il faut s’attendre à un refroidissement des relations, voire, à une entrée en veilleuse pour longtemps.

-L’autre conséquence pourrait être économique

« Le Togo, depuis les cinq dernières années, s’est tourné vers les pays arabo-musulmans pour la relance ou le renforcement de son économie. Ces pays à l’exemple de l’Egypte, peuvent reconsidérer leurs relations économiques avec le Togo», soutient Marius Tontasse.

Et enfin sur le plan géopolitique, conclu-t-il, «le Togo s’étant désormais rangé du côté des Etats-unis et d’Israël, il devra l’assumer contre vents et marées. Parce qu’on va assister, après tout, à une certaine recomposition des alliances».

De toute évidence, le Togo a pris une position difficile à cerner que seules les autorités peuvent éclairer.

Mais Robert Dussey, ministres des Affaires étrangères du Togo, contacté par Anadolu, n’a pas souhaité commenter ce choix exprimé par l'assemblée générale des Nations-Unies, jeudi dernier.

Pour rappel, le Togo est le seul pays africain à avoir voté, jeudi dernier, contre la résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël, pourtant approuvée par l'Assemblée générale des Nations Unies à une majorité de 128 voix, soit 66,3% de la communauté internationale.

Sur les 193 États membres de l'Assemblée générale, 35 se sont abstenus.

Les neuf pays qui ont voté contre cette résolution sont les Etats-Unis, l’Israël, le Togo, le Guatemala, le Honduras, les Îles Marshall, la Micronésie, le Nauru, et le Palau.