Thaïlande–Cambodge : les combats reprennent malgré l’accord de paix
- Des affrontements ont repris à la frontière thaïlando-cambodgienne malgré le cessez-le-feu, chaque camp se rejetant la responsabilité, tandis que des évacuations massives ont été ordonnées
Ankara
AA / Ankara / Aynur Seyma Asan
Malgré un accord de cessez-le-feu, les affrontements ont repris entre la Thaïlande et le Cambodge en raison de la persistance des tensions le long de leur frontière commune. Alors que la situation demeurait tendue depuis plusieurs semaines, les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité de la reprise des hostilités.
Selon le Bangkok Post, le porte-parole de l’armée thaïlandaise, Winthai Suvaree, a indiqué que des tirs en provenance du Cambodge avaient visé, vers 5 heures du matin (heure locale), des « cibles militaires et civiles » dans la région de Chong An Ma. L’armée thaïlandaise aurait répliqué par des frappes aériennes. Des médias thaïlandais ont affirmé que le Cambodge avait tiré des roquettes, utilisé des drones et mené des attaques armées dans la zone frontalière. D’après Suvaree, un soldat thaïlandais a été tué et huit autres ont été blessés lors des combats.
Les autorités militaires ont par ailleurs annoncé l’évacuation de plus de 385 000 habitants des zones thaïlandaises proches de la frontière cambodgienne, en raison de l’intensification des affrontements.
De son côté, le quotidien cambodgien Khmer Times rapporte que le ministère cambodgien de la Défense accuse l’armée thaïlandaise d’avoir lancé des frappes aériennes à l’aide d’avions de combat F-16.
La porte-parole du ministère, Maly Socheata, a affirmé que les forces thaïlandaises avaient initié les frappes et que le Cambodge n’y avait pas répondu. Elle a toutefois ajouté que, par la suite, la Thaïlande aurait poursuivi ses opérations dans certaines zones en utilisant des chars et des gaz toxiques, précisant que les autorités cambodgiennes suivaient la situation à la frontière en état d’alerte maximale.
Accusant Bangkok de « diffuser de fausses informations », Maly Socheata a déclaré que de nombreux civils avaient été blessés et que des opérations d’évacuation des populations locales avaient été lancées.
Elle a enfin assuré que le Cambodge n’avait pas riposté militairement et qu’il continuait de respecter l’accord de paix précédemment conclu.
Anwar Ibrahim « profondément préoccupé » par la reprise des combats
Le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, a dit être « profondément préoccupé » par la reprise des affrontements, dans un message publié sur la plateforme de réseaux sociaux américain X.
Présentant ses condoléances aux proches des victimes et souhaitant un prompt rétablissement aux blessés, il a averti que les nouveaux combats risquaient de compromettre les efforts entrepris pour réduire les tensions dans la région.
Soulignant que la Thaïlande et le Cambodge sont des membres importants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Anwar Ibrahim a appelé les deux parties à faire preuve d’une « extrême retenue » et à maintenir ouverts les canaux de communication. Il a précisé que la Malaisie était prête à soutenir toute initiative visant à rétablir le calme et à prévenir de nouveaux incidents, estimant inacceptable que les différends régionaux s’enlisent dans un cycle de violences.
« La priorité immédiate est l’arrêt des combats, la protection des civils et le retour à la voie diplomatique, conformément à l’esprit de bon voisinage et au respect du droit international défendus par l’ASEAN », a-t-il déclaré.
Un différend frontalier ancien
Séparées par une frontière de 817 kilomètres en Asie du Sud-Est, la Thaïlande et le Cambodge entretiennent de longue date des différends territoriaux.
Le 28 mai dernier, de brefs affrontements avaient éclaté après des violations de l’accord frontalier, avant que les armées des deux pays ne s’accordent sur une résolution pacifique du différend. Le 24 juillet, de nouveaux combats le long de la frontière avaient fait 32 morts des deux côtés.
Le 26 octobre, en marge du 47e sommet de l’ASEAN à Kuala Lumpur, la Thaïlande et le Cambodge avaient signé un « accord de paix » visant à mettre fin aux violences, lors d’une cérémonie à laquelle avait participé le président américain Donald Trump.
À la suite de cet accord, le Cambodge avait annoncé, de concert avec la Thaïlande, avoir commencé à retirer les armes lourdes des zones frontalières.
* Traduit du turc par Serap Dogansoy
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