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Thaïlande: Des ONG s’élèvent contre l’emploi de prisonniers sur des bateaux de pêche

Les conditions de travail à bord des bateaux de pêche thaïlandais sont lourdement critiquées et des informations font état de trafic d’humains, d’abus physiques, de servitude pour dette, et même de meurtres.

15.01.2015 - Mıse À Jour : 15.01.2015
Thaïlande: Des ONG s’élèvent contre l’emploi de prisonniers sur des bateaux de pêche

AA/Bangkok (Thaïlande)

Des dizaines d’ONG de défense des droits de l’Homme et du travailleur ont envoyé un courrier au gouvernement thaïlandais pour l’appeler à abandonner un projet forçant les détenus de prison à travailler dans la flotte de pêche du pays.

Dans une lettre au premier ministre et chef de la junte militaire, Prayuth Chan-ocha, datée de mercredi, les 45 ONG ont demandé à ce que soit annulé un projet pilote visant à combler une pénurie de main d’œuvre dans l’industrie de la pêche.

Les organisations ont affirmé que le projet constitue une «grave menace à l’encontre des droits humains des prisonniers», ajoutant que le travail des prisonniers «violerait le Droit humanitaire international ».

Les conditions de travail à bord des bâteaux de pêche thaïlandais sont lourdement critiquées et de nombreuses informations font état de trafic d’humains, d’abus physiques, de servitude pour dette, de non-paiement de salaires, d’emprisonnement, de journée de travail de vingt heures et même de meurtres, a noté la lettre des organisations de défense des droits de l'Homme.

L’industrie de la pêche thaïlandaise, qui génère 89,6 millions de bahts [2,7 millions USD], est vitale à l’économie du pays et emploie plus de 300 000 travailleurs. Environ 90% d’entre eux sont des migrants originaires du Myanmar et du Cambodge, souvent non enregistrés légalement en Thaïlande, et ainsi vulnérables et exposés aux abus.

Le mois dernier, le ministère thaïlandais du Travail a déclaré qu’il enverra sur les bâteaux des prisonniers auxquels il reste moins d’un an à purger et qui ont accepté de participer au projet.

Le projet pilote utilise actuellement 173 ex-prisonniers sur des bateaux de pêche, avait indiqué le ministère.

Les ONG ont affirmé que la mesure pourrait avoir des conséquences économiques et politiques négatives pour la Thaïlande, avec la prise de conscience des détaillants et des consommateurs que les produits de la mer thaïlandais proviennent du travail forcé.

«Les détaillants avec lesquels nous avons travaillé, en Australie, sont très sensibles aux produits provenant du travail forcé dans leurs chaînes d'approvisionnement » a assuré le directeur de la Mission de la justice internationale d’Australie, Mark Zirnsak.

Le vice-directeur de Human Rights Watch pour l’Asie, Phil Robertson, a quant à lui, déclaré : « la Thaïlande a répété s’être engagée à mettre fin au travail forcé et au trafic d’humains, mais ce projet se dirige précisément dans la direction opposée et va faire empirer les choses ».

 
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