Tensions autour du port du hijab en Inde: « C'est le droit d'une femme de décider quoi porter »
- « Arrêtez de harceler les femmes », a déclaré une politicienne de l’opposition, alors que les troubles se multiplient en Inde sur fond d’interdiction du port du voile islamique dans les universités et établissements scolaires

France
AA/New Delhi
C'est le droit d'une femme de décider ce qu'elle veut porter, a déclaré mercredi une figure éminente du Congrès national indien, principal parti d’opposition, dans un contexte d'indignation croissante et d'intensification des protestations contre l'interdiction du foulard au Karnataka, un État situé dans le sud de l’Inde.
« Qu'il s'agisse d'un bikini, d'un ghoonghat (voile facial), d'un jean ou d'un hijab, c'est le droit d'une femme de décider ce qu'elle veut porter", a déclaré, Priyanka Gandhi Vadra, secrétaire générale du Congrès national indien, sur Twitter.
« Ce droit est GARANTI par la Constitution indienne. Arrêtez de harceler les femmes », a-t-elle écrit.
Whether it is a bikini, a ghoonghat, a pair of jeans or a hijab, it is a woman’s right to decide what she wants to wear.
— Priyanka Gandhi Vadra (@priyankagandhi) February 9, 2022
This right is GUARANTEED by the Indian constitution. Stop harassing women. #ladkihoonladsaktihoon
Sa déclaration est intervenue alors que des troubles incessants sur fond d’interdiction du port du hijab, menacent de dégénérer en violence au Karnataka, où le gouvernement dirigé par le parti indien de droite radicale, Bharatiya Janata (BJP) a fermé des établissements d'enseignement cette semaine.
À Bangalore, la capitale de l'État et centre névralgique technologique de l'Inde, une interdiction de deux semaines a été imposée sur tout type de rassemblement à proximité des établissements scolaires et des universités.
La crise a été déclenchée par la décision d'un lycée public le mois dernier d'interdire aux étudiantes musulmanes de porter le foulard en classe.
Alors que d’autres établissements ont imposé la même mesure, des groupes d'extrême droite hindous se sont déployés en force dans l’État du Karnataka pour empêcher les femmes musulmanes portant le hijab d'entrer dans les lycées et les universités.
Les étudiantes musulmanes ont contesté cette décision devant les tribunaux, alors que la Haute Cour du Karnataka a renvoyé mercredi l'affaire devant un tribunal compétent qui l'examinera jeudi.
Une vidéo largement diffusée mardi sur les réseaux sociaux, montrait une jeune femme portant un foulard, harcelée par une foule d'hommes portant des châles safran, une couleur considérée comme un symbole hindou, mais surtout associée au BJP.
Autour de la femme, - identifiée comme étant Muskan Khan -, la foule a crié « Jai Sri Ram » (je vous salue Seigneur Ram) à plusieurs reprises.
Khan a crié « Allahou Akbar » (Dieu est le plus grand) alors qu'elle était emmenée par des responsables de l'université, une démonstration de courage qui a suscité autant d'éloges que de mépris à l’endroit de la foule.
Les musulmans font partie des groupes minoritaires qui sont fréquemment sujets aux persécutions sous le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi et de son parti, le BJP, soulignent plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, locales et internationales.
Au moins 172 millions de citoyens indiens sont musulmans, selon le recensement fédéral de 2011.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Modi en 2014, plusieurs mesures législatives et autres décisions ont été prises, légitimant la discrimination contre les minorités religieuses qui sont de plus en plus réduites au silence par le nationalisme hindou violent, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié l'année dernière, des accusations que le Premier ministre indien et le BJP ont niées avec véhémence.
* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez
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