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Tariq Ramadan : "Le nationalisme n'existe pas en Islam"

"Si vous pensez que le monde musulman n'est pas au niveau que vous auriez souhaité, ce n'est pas que la faute de l'occident. Ce n'est pas seulement à cause de l'occident que des gens meurent en Palestine

Andaç Hongur, İsmail Özdemir, Ayvaz Çolakoğlu  | 16.10.2017 - Mıse À Jour : 16.10.2017
Tariq Ramadan : "Le nationalisme n'existe pas en Islam"

Istanbul

AA - Istanbul - Ayvaz Colakoglu

Le professeur d'Islamologie d'Oxford, Tariq Ramadan a déclaré, "Le nationalisme n'existe pas en Islam. Bien sûr que vous devez aimer votre pays mais la "oumma" doit aussi être critique. Si des personnes sont emprisonnées mais ne devraient pas l'être et s'ils subissent la torture alors on doit le dénoncer.

Dans son discours de clôture, prononcé mardi dernier, dans le cadre d'un symposium international du monde musulman organisé à Istanbul en Turquie, Ramadan a indiqué que la notion de "oumma" pouvait avoir de nombreux sens.

En acquérant la notion de "oumma" il ne faut pas oublier que vous faites partie d'une société, d'une nation a dit Ramadan avant de poursuivre :

"Sentimentalement, votre appartenance à une société ou à une nation ne doit pas rentrer en confrontation avec vos valeurs et le fait que vous appartenez à l'humanité tout entière. Le nationalisme n'est pas une chose qui nous permettra d'avancer. Être un bon patriote, bien sûr que vous pouvez aimer votre pays mais cela ne doit pas vous faire oublier l'unité dans l'Islam".

Selon Ramadan, pour bien comprendre la notion profonde de "oumma" il faut avoir le sens de la responsabilité.

"Si vous pensez que le monde musulman n'est pas au niveau que vous auriez souhaité, ce n'est pas que la faute de l'occident. Ce n'est pas seulement à cause de l'occident que des gens meurent en Palestine. C'est aussi à cause des musulmans et des arabes, car nous ne faisons pas les choses comme il le faudrait. Avant de faire des discours, nous devons d'abord faire une autocritique". a t-il lancé.

Et le professeur Ramadan de poursuivre :

"Ici, vous devez remplir les conditions dans votre pays et y être actif. Le nationalisme n'existe pas en Islam. Bien sûr que vous devez aimer votre pays mais la "oumma" doit aussi être critique. Si des personnes sont emprisonnées mais ne devraient pas l'être et s'ils subissent la torture alors on doit le dénoncer.

Nous devons nous redresser et être libre. Être libre, ce n'est pas faire du commérage. Nous devons être libre contre nous même, contre notre gouvernement, contre les autres personnes. Nous devons, dans toutes les conditions, être courageux. Si nous ne parvenons pas à être des musulmans courageux alors nous ne parviendrons pas à redonner vie à la "oumma".

Maître de conférence à l'université de Georgetown aux Etats-Unis, le professeur John Esposito a entamé son discours en rappelant la situation des musulmans Rohingyas au Myanmar.

Puis faisant référence à un rapport sur les droits de l'Homme, Esposito a expliqué :

"Selon le rapport, en 9 ans, une importante baisse des droits universels et des droits de l'Homme a été observée. Actuellement, la démocratie et les systèmes mis en place par l'homme sont en danger. Depuis le début des années 2000, les musulmans réclament la paix et la liberté, mais quel est le résultat, dans combien de pays c'est le cas ? Lorsque vous regardez l'Amérique et l'Europe, vous constatez la présence de groupes anti-migrants. Vous avez un président (Trump) qui déclare des choses négatives sur les musulmans et sur les mosquées. Les partis xénophobes se renforcent et progressent. Et cette situation pousse les partis ordinaires à copier les rhétoriques racistes" a t-il relevé.

Avec le printemps arabe, un vent d'espoir a soufflé et des régimes autoritaires ont été renversés a rappelé Esposito avant d'ajouter :

"Les gens étaient inquiets de l'existence d'un Etat profond. Lorsque vous regarder le gouvernement de Morsi, qu'on ne peut même pas qualifié ainsi, il était certain que celui qui serait élu n'aurait aucun pouvoir sur la justice, la police et l'armée et un coup d'état a été mené. La deuxième inquiétude était contre l'occident. Ils se sont dit, "est-ce que l'occident va nous laisser choisir librement notre gouvernement et nous approprier notre démocratie?". (...) Et lorsque Morsi a été renversé par un coup d'état, le président américain n'a pas pu dire qu'il s'agissait d'un coup d'état, alors que c'en était un. Cette attitude a légitimé le gouvernement d'al-Sissi" a t-il insisté.

D'après Esposito, le printemps arabe rencontrera le succès sur le long terme.

"Même si Daech est complètement supprimé, cela ne va rien y changer. Il faut viser le problème principal. Il faut endiguer l'instabilité galopante. Une fois Daech éliminé, une autre organisation terroriste émergera. Un an avant le coup d'état (en Egypte), l'Union Européenne et l'Arabie Saoudite se sont rencontrés pour préparer le terrain du coup d'état. (...) L'occident aurait du soutenir les libertés" a t-il conclu.

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